Du 9 au 13 septembre, le président de la république était l’invité spécial du Forum Economique Mondial (WEF) qui s’est tenu à Tianjin, en Chine. De retour, le samedi soir, IBK a reçu un accueil populaire pour, dit-on, célébrer les retombés financiers de son voyage pour notre pays.
Concrètement, les maliens, ou du moins, les maliens militants de la majorité présidentielle saluent notamment le président de la république pour avoir pu obtenir, en marge de ce forum, « 18 milliards de FCFA de don sans conditions, et le prêt de 8 milliards de FCFA sans intérêt soit vingt-six (26) milliards de FCFA ». A croire que la Chine travaille pour le Mali.
Ces dons (ou promesses de dons) que l’on célèbre ne doivent-ils pas nous inquiéter quand on sait que notre pays a forcément fait des concessions d’autres natures pour s’épargner de les rembourser en espèce ?
Dans les relations internationales, il n’existe qu’un seul principe réel, immuable et jamais mis en doute : les Etats n’ont que des intérêts. A cet égard, l’amitié qui sert de prétexte pour faire gober la bienveillance de la République Populaire de Chine envers le Mali est une grosse chimère. Nous rembourserons le « don sans conditions » au même titre que tous les autres financements promis et convenus dans différents accords et convention signés en Chine.
Ceci étant, devons-nous encore nous réjouir des dettes ?
Assurément non. N’oublions pas que nous sommes encore dans un combat contre l’impérialisme occidental qui s’est revêtu de ce nouveau déguisement. D’ailleurs, pendant qu’IBK se trouvait en Chine pour endetter davantage le Mali, une mission du Fonds Monétaire International séjournait à Bamako pour inspecter les finances publiques maliennes.
Les dernières pressions de cette institution, à obédience occidentale, sur notre pays constituent d’autant de raisons pour certains que le Mali doit renforcer ses liens avec d’autres acteurs internationaux comme la Chine. Mais en procédant à la même politique de l’assistanat, ne sommes-nous pas en train de fuir le néo-colonialiste occidental pour tomber dans les bras du néo-colonialiste chinois ?
Les dons aux clauses douteuses et les dettes ne contribuent qu’à appauvrir davantage notre pays. La Chine, le Japon, bref, les pays asiatiques, doivent nous inspirer. Cette simple inspiration nous serait bien plus profitable que toute sorte d’aide ou d’assistanat venant de leur part.
En effet, ces pays ont compris qu’un Etat n’est riche que de ses ressources humaines. Aucune infrastructure « gracieusement » offerte ne saurait profiter si pour avoir une autre l’on doit encore « pleurnicher » pour l’obtenir. Cette mentalité d’éternels assistés ne saurait donner à notre pays l’essor des pays émergents que nous envions tant. Eux, ils ont compris que seuls leurs propres efforts sont pérennes.
La Chine est un parasite pour d’autres Etats comme tout autre Etat ambitieux
La compétition et la domination sont des caractères humains qui se traduisent au niveau des rapports interétatiques. D’autant qu’il est improbable, voire impossible qu’un homme riche enrichit d’autres, un pays développé ne développe pas un autre. C’est un jeu d’influence et de domination auquel le Mali comme tout Etat sérieux et ambitieux doit se conformer.
Il n’est nullement question de rejeter la coopération économique et financière avec d’autres Etats mais de relativiser les enjeux. Comprendre que ces pseudo-aides ne peuvent et ne doivent constituer que des apports. Ce qui signifie que les efforts doivent être recentrés sur le potentiel national.
Aujourd’hui, les dons, prêts et autres formes d’appuis financiers internationaux constituent le socle économique du Mali. Ces dernières années nous ont permis de nous en rendre compte. Depuis, le malien a mis de l’eau dans son bissap. En effet, depuis 2012, nous sommes désormais devant un fait accompli qui prouve que nous ne valons guère mieux en matière de souveraineté que nos voisins sénégalais ou ivoiriens que l’on traitait d’être sous joug français.
Pour conclure, l’aide de la Chine comme celle de tout autre Etat est la bienvenue à condition qu’on communique clairement les conditions du « sans condition ». Quand bien même, les conditions sont explicitées, nous ne devons oublier que l’aide obtenue doit constituer un détail, qui devra consolider l’existant, c’est-à-dire l’essentiel que seuls nous, maliens, avons contribué à la mise en œuvre.
C’est cet essentiel qui se doit d’être célébré. Mais franchement, existe-t-il ?