Pour connaitre les raisons de cette hausse, notre équipe de reportage a sillonné certains quartiers de la capitale malienne. Pour certains de nos différents interlocuteurs, cette hausse est due certainement à l’avènement de la crise sanitaire qui a chamboulé l’économie mondiale dans son ensemble, et d’autres avancent l’hypothèse des fêtes de fin d’année. « L’huile que nous vendons nous vient de la Côte d’Ivoire. Comme vous le savez, pendant les fêtes de fin d’année, beaucoup de nos fournisseurs partent fêter en famille, donc les usines restent fermées », nous explique, M. Amadou Ascofaré, commerçant à Missira.
« Nous ignorons complètement les raisons qui ont poussé nos fournisseurs à grimper le prix de l’huile. Avant, on achetait le 20 litres entre 13 000 à 13 500 F CFA, mais maintenant, on nous vend le bidon entre 17 000 et 17 500 F CFA, sans nous expliquer la cause », nous révèlent Ibrahim Haidara et Hamidou Traoré, tous deux, commerçants à Baco Djicoroni Golf et Hippodrome. Ils affirment ainsi qu’en raison de cette hausse, le prix du litre a aussi augmenté à leur niveau. Il varie entre 900 et 1000 voire plus.
Un coup dur pour les habitants de la capitale malienne. La population reste perplexe par rapport à cette hausse. Mme Soumaré Sanata Yaro, une ménagère d’une quarantaine d’années, résidente à Kalaban-coura nous donne son avis par rapport à cette hausse soudaine du prix d’huile. « C’est vraiment triste de constater que le prix du litre d’huile a augmenté. C’était vendu à 800 FCFA chez les commerçants du quartier, mais maintenant, on le vend 1000 FCFA », dit-elle avec regret. Il y a l’huile locale et celle importée.
Selon cette dernière, c’est bien l’huile importée qu’elle utilise pour sa cuisine. « La qualité importée est celle que j’utilise depuis très longtemps parce qu’elle est meilleure que l’autre. Mais on constate depuis quelques jours que les commerçants vendent le litre qu’on achetait à 800 à 1000 FCFA », explique-t-elle. Par ailleurs, Mme Soumaré déplore que cette hausse ait vraiment déséquilibré sa gestion, car elle dit ne pas être à mesure d’acheter un litre d’huile à 1000F CFA alors qu’elle n’a que 2000 FCFA pour le prix de condiments.
Depuis une vingtaine d’années, Ibrahim Sanogo est vendeur d’huile en gros au marché de Garantiguibougou. Il déplore la hausse du prix de l’huile même s’il dit ignorer les causes. Selon lui, c’est sur eux que les clients jettent la responsabilité de la hausse du prix qui, pourtant, ne dépend pas d’eux, les grossistes.
Mariam Diarra est vendeuse de beignets au marché de Garantiguibougou. Cette hausse du prix de l’huile joué dangereusement sur elle. « Je suis vraiment navrée de constater que le prix de l’huile a augmenté. Notre travail est essentiellement centré sur l’huile, et depuis le début de cette hausse, je dépense plus mais je gagne moins », déplore-t-elle.
Mme Soumahoro Mariam Keïta est une vendeuse d’huile au marché de Kalaban- Coura. Elle dit vendre le litre d’huile importé à 1000 FCFA au lieu de 700 à 800 F CFA comme avant. Pour elle, la cause de cette hausse est connue : la crise sanitaire qui rend les voyages difficiles. « Je pense que le prix du litre d’huile a connu cette hausse à cause de la situation sanitaire due à la pandémie du coronavirus. Depuis son apparition, on constate le ralentissement des produits importés », a-t-elle laissé entendre. La grève des transporteurs pourrait, selon cette détaillante, être la cause de cette hausse du prix d’huile importée.
Une autre commerçante, Oumarou Diakité trouve d’autres causes à cette cherté de l’huile. « Le prix d’huile a augmenté ces deux derniers mois parce qu’il n’y a pas eu de récolte de Coton cette année. Il y a quelques mois de cela, je vendais le litre à 800fcfa et maintenant c’est à 1000fcfa. À vrai dire, j’ai même décidé de ne plus le vendre ces derniers mois, parce que cette hausse du prix pourrait engendrer beaucoup de problèmes », dit-elle.
Dado Traoré est restauratrice à Daoudabougou. Elle trouve insupportable cette flambée du prix de l’huile dans les marchés. « Je suis restauratrice et l’huile est un élément essentiel de mon entreprise. Depuis des semaines, l’huile est devenue intouchable à Bamako. Cela est une grosse perte pour moi, car les clients se plaignent tout le temps du fait qu’il n’y a pas assez d’huile dans le repas », a-t-elle déclaré.
Il faut rappeler que cette hausse du prix d’huile est dénoncée partout dans les familles par les cuisinières. Les grossistes et les détaillants ont-ils le choix ? Non, selon ceux-ci. L’État est-il en train de prendre des dispositions pour ce problème ? Il le faut en tout cas.
À cause de cette cherté de l’huile sur le marché, le savon de 200 FCFA est en phase de disparaitre sur les marchés.
Ibrahim Djitteye ; Aida Soumaré et Aminata Maiga, stagiaires
Source: Journal le Pays- Mali