En cette nouvelle année 2015, où l’espérance pointe à l’horizon pour tant de Maliens, pressé de voir le pays sur les rails, nous avons rencontré Cheick Boucadry Traoré, président de la Convergence africaine pour le renouveau (Care), pour se prononcer sur l’Etat de la Nation. Voici sa vision !
«Il est difficile d’être optimiste à l’aube de cette nouvelle année, non convaincu que les gouvernants aient la volonté et la capacité de changer quelque chose. Nous assistons à une dégradation de la situation dans notre pays et, plus grave, l’espoir s’envole. Parmi les grandes orientations que les gouvernants ont choisies, quelles sont celles qui connaissent un début de réalisation ?
La Réconciliation nationale était « la priorité la plus pressante ». Elle n’est en fait que celle de la communauté internationale, par l’intermédiaire de l’Algérie. Il reste néanmoins une chance minime qu’à Alger, on puisse l’approcher. L’instauration d’un dialogue nordistes-sudistes est le seul acquis positif, encore que la situation soit bloquée après des mois de discussions. Avec les pressions internationales, je suis persuadé qu’on arrivera à un accord de façade, mal ficelé, pour ne pas dire bancal, qui n’apportera pas la paix. Alors, ne parlons pas entre nous « d’accord de paix ».
L’Armée, l’autre priorité des priorités, mieux vaut ne pas en parler: mal commandée, sous-équipée, abandonnée par le haut commandement (affaire Aguelhoc) ; elle est inopérante, corrompue (contrats militaires dénoncé par le FMI et autres), incapable de remettre de l’ordre dans le pays et de mener une offensive d’envergure même limitée; l’affaire de Kidal en est encore un exemple. Dans ces conditions, les jihadistes et autres brigands sont libres de mener des actions de terrorisme et de razzia qui font dire que la situation sécuritaire s’est dégradée. La corruption au plus haut niveau de l’Etat a fait réagir les instances financières internationales et imposer à Bamako un plan de rigueur et des sanctions qui tardent à être prises. L’opposition parlementaire reste inexistante, alors qu’il y aurait matière à la critique. Pour preuve, la récente loi des finances 2015 que deux députés seulement ont osé objecter.
Qu’il est triste de faire un constat aussi négatif et de commencer une nouvelle année dans ces conditions ! Je prie Dieu pour qu’ils me montrent que je me trompe».
Propos recueillis par Soumaïla T. TRAORE
Source: L’Oeil du Mali