Dans un pays où les gouvernements ne durent plus que quelques heures, quand un directeur reste en poste moins de deux mois, ce n’est pas un scandale. Mais, pour un pays pauvre et fortement endetté et embêté par les bailleurs de fonds et la communauté internationale, changer chaque mois ou chaque deux mois (57jours) les plus hauts responsables des finances, à savoir du trésor, du budget, du PMU… ça fait jaser et ça ne manquera pas de soulever des spéculations légitimes sur l’expertise et la prospective du niveau de conception stratégique. De quoi s’agit-il ?
Le gouvernement du Premier ministre Choguel Kokalla MAIGA a tenu son premier Conseil des ministres ordinaire ce vendredi 25 juin 2021. C’était dans sa salle de délibérations au Palais de Koulouba sous la présidence du Colonel Assimi GOITA, président de la Transition, Chef de l’État.
Pour son entrée en matière, le gouvernement Choguel Kokalla MAIGA a procédé à des nominations emblématiques à des postes hautement stratégiques qui vont sans nul doute entrer dans le Maliness record. Et pour cause ?
Outre la nomination d’un nouveau Directeur Général de la Protection Civile en la personne du Général de Brigade Boukary KODIO, le gouvernement a pourvu au remplacement une nouvelle fois de plusieurs hauts cadres du ministère des finances.
Il s’agissait notamment de certains de ceux qui avaient été accusés dans la prétendue affaire de déstabilisation des institutions de la Transition : le chroniqueur Mohamed Youssouf BATHILY, Mahamadou KONE (trésorier-payeur général), Vital Robert DIOP (directeur général du PMU-Mali, relevé le mercredi dernier) Souleymane KANSAYE, (receveur général du district de Bamako) et Sékou TRAORE (ex-secrétaire général à la présidence de la Transition).
Tous avaient finalement été blanchis par la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel et la Cour suprême après appel du Procureur général, Mahamoudou KASSAOGUE promu récemment ministre de la Justice, Garde des Sceaux.
Quelques jours après que la cabale politico-judiciaire a fait flop, les responsables qui avaient été injustement embastillés ont été remplacés dans une grande vague, dit-on de lessive des services financiers stratégiques de l’État. C’était lors du conseil des ministres du 28 avril 2021, au Palais de Koulouba, sous la présidence de Monsieur Bah N’DAW. Ce jour-là, le gouvernement a, au ministère des Finances, suivant la formule consacrée, procédé aux nominations, dont les suivantes :
– Directeur général du Pari Mutuel Urbain du Mali (PMU-Mali) :
Monsieur Alfousseyni NIONO, Gestionnaire.
– Directeur national du Trésor et de la Comptabilité publique :
Monsieur Mahamane DEDEOU, Inspecteur du Trésor.
– Directeur général du Budget :
Monsieur Hamidou TRAORE, Inspecteur du Trésor.
Cinquante-sept (57) jours après, patatra ! On rebelote ! Même opération, poste pour poste… Ce vendredi, au titre du ministère de l’Economie et des finances, le Conseil des Ministres a procédé aux nominations suivantes :
-Directeur National du Trésor et de la Comptabilité Publique remplacé désormais par Boubacar Ben BOUILLE, Inspecteur des Services Economiques.
– Directeur Général du Budget remplacé désormais par Ahmadou Tijani HAIDARA, Inspecteur des Finances.
– Directeur Général du Paris Mutuel Urbain remplacé désormais par Fasséry DOUMBIA, Gestionnaire.
Que cache ce soudain changement, à ces niveaux stratégiques ? Des postes censés être occupés pour une longue sédentarité administrative qui deviennent si précaires et instables ? Avait-on bien réfléchi avant de dégommer les premiers occupants ? Ou est-ce qu’on a fait des mauvais choix ? En tout cas, l’instabilité criante ne sera pas sans susciter beaucoup de controverse. À moins que le ministère des Finances ne prenne les devants pour expliquer que ces changements de responsables à ces niveaux stratégiques très élevés ne sont pas liés à une quelconque magouille.
Plaise à Dieu que ça ne soit pas le cas.
PAR BERTIN DAKOUO
Source: Info-Matin