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Ces migrants qui souhaitent franchir la frontière de Melilla à tout prix

TÉMOIGNAGES – Tous deux ont voyagé plus de 2.000 kilomètres pour se retrouver aux portes de l’Europe, à Melilla: Abou Diarrisso a fui la pauvreté en Côte d’Ivoire et Mahmoud Sheikho, les combattants islamistes visant la ville kurde syrienne de Kobané.

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Les deux jeunes hommes d’une vingtaine d’années sont parvenus à entrer en Europe par la seule voie qui leur paraissait possible, celle de cette enclave espagnole au Maroc donnant sur la Méditerranée, qui est aussi la seule frontière terrestre de l’Europe avec l’Afrique, avec Sebta à 400 km à l’ouest.

Abou Diarrisso, 22 ans, n’en revient toujours pas. Il a réussi a franchir une triple-barrière grillagée d’une hauteur de six mètres. Et après plusieurs tentatives et deux ans de voyage, il a déjoué la surveillance des forces de sécurité marocaine et espagnole.

Destins croisés

A l’extérieur du Centre d’accueil des migrants (CETI) de Melilla, leurs destins se sont croisés, mais leurs vies n’ont rien de semblable.

“Je me sens bien pour la première fois de ma vie. Nous mangeons bien ici. Ils nous donnent tout ce dont nous avons besoin”, témoigne plein d’espoir Abou Diarrisso, portant un bonnet beige et un survêtement bleu

Son bonheur tranche avec les larmes de Mahmoud Sheikho, un instituteur syrien traumatisé, qui a pu passer la frontière non pas en franchissant la barrière mais en déjouant les contrôles avec un faux passeport marocain.

Lui dit dans un anglais hésitant que “la vie ici n’est pas bonne”: la salle de bains est en mauvais état, les lits mauvais, les couvertures insuffisantes.

Comme des milliers d’autres Africains, Abou Diarrisso a campé dans les bois du Mont Gurugu, montagne marocaine surplombant la frontière de Melilla.

“Au début, nous étions  200 personnes, pour finir j’étais le seul à remporter la victoire, à traverser les (…) barrières plus le trou (fosse), en 2 minutes 30 secondes”, dit-il fièrement.

Un soir, après deux semaines de préparation durant lesquelles ils se sont même cachés dans un cimetière, leur chef a donné le signal.

“J’ai attaché mes griffes (sortes de crochets utilisés pour escalader les grilles). Et là tout le monde a dit Yalla ! Yalla!, ça veut dire: on y va”. Pour grimper, “il faut être fort, très sportif. Un lion!”, clame-t-il: “J’avais des vertiges mais je voyais Melilla en face de moi: ma réussite, l’Europe, mon objectif”.

Une fois passé, il a encore fallu échapper aux forces de l’ordre pour ne pas être renvoyé au Maroc, des renvois “à chaud” en principe interdits par le droit international et dénoncés par les organisations de défense des droits de l’Homme.

“Les gardes civils étaient après moi (…) Je me suis évanoui, j’ai vomi et je me suis pissé dessus”, raconte-t-il.

De l’euphorie au traumatisme

Presque 20.000 migrants ont tenté de franchir la haute barrière grillagée de Melilla. Deux mille ont réussi.

“Quand ils arrivent, ils sont euphoriques (…) mais au fur et à mesure, l’euphorie s’éteint”, dit Enrique Roldan, porte-parole de la Croix Rouge à Melilla.

“Il y a de nombreux cas de stress post-traumatique causé par la pauvreté ou ce qu’ils ont vécu pendant leur voyage”, explique-t-il.

Mahmoud Sheikho, Kurde de Kobané, ville syrienne frontalière de la Turquie, grimace. “Nous sommes nombreux à être restés à la frontière turque, sans manger, sans dormir, dans la rue pendant dix jours ou plus”, témoigne-t-il.

Avec d’autres, il a pu embarquer à bord d’un avion pour l’Algérie d’où il a rejoint le Maroc et Melilla, en partie à pied.

Après plusieurs tentatives vaines, ils ont fini par acheter un faux passeport marocain pour 1.000 euros chacun, dit-il. Il explique vouloir s’installer en Allemagne, confiant avec pudeur: “J’ai souffert pour en arriver là”.

 

Source: huffpostmaghreb.com

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