Est-ce l’effet de la politique nationale de santé du Mali ? Les Maliens, soulagés et dubitatifs, ont vu se multiplier, ces dernières années, les structures sanitaires publiques et privées, à Bamako, notamment.
Soulagés d’assister à l’implantation notable de cliniques privées, nos compatriotes ont, au fil du temps, commencé à faire la moue, face aux tarifs pratiqués par ces dernières. Alors que leur floraison était censée inverser la courbe du nombre de malades choisissant d’aller se faire soigner à l’étranger, dans les pays du Maghreb, surtout, il semble que ces structures privées tardent à emporter la préférence des patients de notre pays.
Dans certains cas, c’est plutôt leur manque de professionnalisme qui serait la cause de la désaffection des malades à leur égard.
La clinique ‘’ BADIAL’’, située Rue 333, Porte 157, dans le voisinage de la CENI, à l’ACI 2000, avec une légèreté incroyable, a mis en danger la vie de ses patients astreints à la dialyse.
Dans la dernière semaine de janvier passé, le mercredi 22 précisément, les habitués de ‘’BADIAL’’, des Maliens de France, pour la plupart, souffrant d’insuffisance rénale, constatèrent avec une certaine inquiétude que le centre n’avait pas ouvert ses portes. Renseignement pris, il s’avéra que l’appareil de dialyse était en panne.
En pareil cas, le malade a besoin d’être rassuré, avant tout, par une prise en charge psychologique, en manifestant à son égard une certaine prévenance et, surtout, en le faisant prendre en charge par un autre centre.
Rien de tout cela. De ce mercredi 22 au dimanche 26 janvier, ce fut une succession de journées d’attente et d’angoisse pour des malades qui ont besoin d’être dialysés tous les deux jours.
Après avoir manqué deux séances de dialyse, capitales pour sa santé, je vis l’état physique de l’ami-que j’accompagnais depuis trois mois à cette clinique-se dégrader, se manifestant, notamment, par des boursouflements des deux pieds, de la fièvre et une certaine anxiété.
Il faut savoir que la clinique ‘’BADIAL’’ prend en charge des malades bénéficiant de l’Assurance Maladie française, qui reverse ainsi à la structure sanitaire des honoraires quasi prohibitifs (300.000 F CFA par séance), en comparaison avec les tarifs pratiqués (125.000 F CFA par séance, réduits à 2500 FCFA, grâce aux subventions de l’Etat) au Point G et dans les centres de l’intérieur, à Sikasso et Mopti, entre autres.
Les malades atteints d’insuffisance rénale (400 déclarés au Mali) mesurent toute la gravité du danger qu’a fait planer la désinvolture de cette clinique sur des patients dont la vie est chaque jour un peu plus prolongée par la dialyse.
L’Etat malien, pour rendre sa politique de santé publique plus crédible, doit mettre en place et en œuvre des mécanismes de suivi-évaluation sur le fonctionnement d’un secteur aussi sensible que celui de la santé.
Il doit surtout se donner les moyens de sanctionner de tels manquements à la déontologie, au Serment d’Hippocrate. Afin que les soins de santé ne deviennent essentiellement une activité lucrative.
Mamadou Kouyaté
L’Indépendant