Un groupe armé, déjà accusé d’exactions contre des civils, a attaqué jeudi une ville en Centrafrique, ont indiqué à l’AFP les Nations unies et un député, signe de tensions persistantes dans l’intérieur du pays.
Des éléments présumés du groupe « 3R » (réconciliation-réintégration-réparation) du chef rebelle Sidicki ont attaqué et pillé jeudi matin la ville de Bocaranga (nord) près du Cameroun et du Tchad, a annoncé à l’AFP Bernard Dilla, député de Bocaranga.
« On ne connaît pas le bilan de cette attaque. Mais ces hommes sans foi ni loi ont indubitablement fait des victimes parmi les civils », a affirmé le député, qui évoque la fuite d’une cinquantaine de personnes vers la base de la Mission des Nations unies pour la Centrafrique (Minusca).
« Les hommes de Sidicki ont pillé des maisons de commerce, notamment des magasins et kiosques. Ils ont également emporté une importante somme (prise) à l’Eglise catholique de Bocaranga, promettant de revenir », a poursuivi le député.
Comme lors d’autres attaques dans le passé, il a déploré la passivité de la Minusca (12.000 hommes au total). « Pour le moment, la situation est sous contrôle de la force », a répondu un porte-parole de la Minusca, Vladimir Monteiro, qui a confirmé l’attaque.
Selon un autre député, Eusèbe Ngaïssé, « des éléments 3R se livrent aussi à des exécutions sommaires. Ce nouveau groupe armé prétendant défendre les Peuls a tué « au moins » 50 civils depuis sa création fin 2015, a accusé en décembre Human Rights Watch (HRW).
L’attaque de Bocaranga survient au lendemain d’un échange de tirs entre groupes armés anti-Balaka et ex-Séléka, dans la région de Ngakobo (centre est).
L’incident, qui a fait un mort et au moins trois blessés, a été déclenché par le meurtre d’un Peul par des hommes armés qui seraient des anti-Balaka. L’activité était paralysée jeudi dans la localité.
La Centrafrique peine à se relever du conflit provoqué en 2013 par le renversement de l’ex-président François Bozizé par des groupes armés Séléka prétendant défendre la minorité des 20% de musulmans parmi 4,5 millions de Centrafricains.
La contre-offensive des anti-Balakas majoritairement chrétiens a provoqué des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.
L’intervention de la France et des Nations unies a permis la fin des massacres de masse, l’élection d’un nouveau président et le retour d’un calme relatif dans la capitale Bangui.