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Centrafrique: MSF inquiète face aux violences visant les musulmans

En Centrafrique, les populations musulmanes, victimes de sanglantes représailles, fuient le pays, alerte l’ONG Médecins sans frontières qui s’avoue “particulièrement inquiète”, dans un communiqué diffusé vendredi.

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“Au cours des dernières semaines, l?extrême violence qui prévaut depuis près d’un an en République centrafricaine (RCA) a atteint des niveaux intolérables et sans précédent”, dénonce l’ONG, active depuis 1997 dans le pays, où elle compte 240 expatriés et 2. 000 personnels locaux.

La violence est polarisée autour de deux groupes armés: les membres de l’ancienne rébellion Séléka et l’opposition anti-Balaka. Mais les civils associés à l’un ou l’autre de ces camps et plus largement à leur confession -musulmane ou chrétienne- subissent aussi la haine confessionnelle.

“En ce moment, la population musulmane est particulièrement visée dans le nord-ouest du pays et à Bangui”, explique à l’AFP Marie-Elisabeth Ingres, chef de mission MSF en RCA, jointe par téléphone. “Il y a un sentiment de revanche incroyable des anti-Balaka”. Ces derniers se déchaînent contre les musulmans car ils sont assimilés aux anciens rebelles Séléka qui avaient multiplié les exactions pendant des mois contre les populations chrétiennes.

“Le sort de ces communautés, piégées dans leurs villages, et entourées par des groupes anti-Balaka nous inquiète. De même, le fait que de nombreuses familles musulmanes soient contraintes à devoir s?exiler pour survivre nous préoccupe”, commente Martine Flokstra, coordinatrice d’urgence MSF, citée dans le communiqué.

Selon l’ONG, les combats, notamment dans les zones de Bouca, Bossangoa, Carnot, Berberati et Baoro, ont poussé la population à fuir. “À Bozoum, la dernière famille issue de la communauté musulmane -qui comptait initialement 2. 500 personnes- a quitté la ville”, rapporte MSF.

Cela complique le travail de l’ONG: “Il est parfois difficile d’accéder aux populations, qui se retrouvent complètement encerclées”, témoigne Marie-Elisabeth Ingres. Pour éviter barrages ou exactions, “il a fallu affréter des avions parce que passer par la route était impossible”.

En janvier dans la capitale Bangui MSF a soigné plus de 1. 650 blessés des deux communautés.

Pour l’ONG, les efforts actuellement menés restent insuffisants face à l’ampleur de la crise.

Plusieurs organisations non gouvernementales, notamment Amnesty International et Human Rights Watch, ont dénoncé la passivité des forces internationales face aux violences.

Mercredi, devant des dizaines de témoins, des militaires ont lynché à mort un homme suspecté d’être un soldat rallié à l’ancienne rébellion Séléka, à l’issue d’une cérémonie officielle où la présidente Catherine Samba Panza avait célébré la renaissance d’une armée nationale.

L’ONU et la France ont réclamé jeudi des “sanctions exemplaires” après ce lynchage.

SOURCE / JEUNEAFRIQUE

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