C’est une toute autre image d’elles que les forces armées ont tenu à renvoyer au défilé d’hier
Le boulevard de l’Indépendance respirait tout à la fois la solennité et la fête hier à l’occasion du défilé militaire organisé pour célébrer le 53èmeanniversaire de la création de l’Armée malienne. Les préparatifs sont allés de bon train toute la fin de semaine dernière pour conférer à la commémoration de cette date historique tout son lustre. Très tôt hier matin, le Boulevard était devenu le théâtre d’un incessant ballet de voitures officielles et diplomatiques. Des mesures strictes de sécurité avaient été prises et pour accéder aux différentes tribunes dressées, il fallait montrer patte blanche. C’est dans un décor rendu impeccable par le soin mis dans l’organisation que le véhicule transportant le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta s’est immobilisé devant la tribune officielle. Le chef de l’Etat a été accueilli par le Premier ministre Oumar Tatam Ly, le ministre de la Défense et des Anciens combattants Soumeylou Boubèye Maïga et le chef d’Etat-major général des armées, le général Mahamane Touré.
Après la revue des troupes et l’exécution de l’hymne national, place a été faite au défilé militaire ouvert par le tout nouveau commandant de troupe général le colonel Harouna Samaké. Le commandant de la 3ème région militaire et de la zone de défense n°3 a été vivement salué par ses pairs qui voient en lui un officier emblématique de l’armée nouvelle. Le colonel Samaké a occupé divers postes sensibles de Kidal à Kayes en passant par l’Etat major de l’armée de terre avant d’arriver à ses responsabilités actuelles. Le nouveau titulaire de la zone de défense n°3 est diplômé de l’Académie militaire de l’Etat-major des forces armées russes d’où il sortira comme major de sa promotion. Il a été décoré de la médaille d’or de la défense russe.
L’effectif du défilé était estimé à 4700 hommes. Conformément aux traditions maliennes d’hospitalité et de reconnaissance, l’honneur est revenu aux hôtes qui nous ont assistés en des heures difficiles d’ouvrir le défilé. Les forces de l’Opération Serval, de la Minusma et de EUTM (European training mission in Mali) sont donc passées les premières, ovationnées pour la qualité de l’immense travail qu’elles ont abattu et continuent d’abattre pour la libération totale de notre pays.
Ce fut ensuite au tour des anciens combattants, du Prytanée militaire de Kati, de
l’école des sous-officiers de Banankoro, de l’école militaire inter-armes de Koulikoro, du SNJ, des Eaux et forêts, de l’Administration pénitentiaire et des Douanes d’être applaudis dans leur parade par le public nombreux qui avait fait le déplacement. Se sont ensuite succédés sur le Boulevard de l’indépendance, les soldats du feu, la police nationale, la gendarmerie, les directions des sports militaires et des services de santé des armées, les transmissions et télécommunications des armées, le génie militaire dont la devise est « construire, parfois détruire, toujours servir », la garde nationale et l’armée de l’air. La boucle a été bouclée par l’armée de terre (la mère de toutes les armées) et les commandos parachutistes de Djicoroni para. Il faut rappeler que les militaires ont défilé dans leurs nouvelles tenues qui auraient coûté à l’Etat la bagatelle de 2 milliards Fcfa. Une armée forte ne néglige aucun détail susceptible de renforcer le moral de ses éléments et d’améliorer l’image rassurante qu’elle doit renvoyer au grand public. Cette nécessité a donc été bien prise en charge par les autorités.
Dans l’interview qu’il a accordée à la presse à la fin de la cérémonie, le chef de l’Etat a rappelé que la réforme de l’armée est engagée et que tous ceux qui pouvaient en douter ont été édifiés. Le processus qui est en cours a été lancé en décembre dernier. Il permettra aux forces armées maliennes d’honorer sans restriction le contrat opérationnel fixé. Il s’agit de bâtir un nouveau type de militaires avec de nouveaux types de moyens matériels. La réforme n’est pas simplement le remplacement d’un modèle ancien par un nouveau. Elle exige la création des conditions nécessaires à la réussite de cette démarche. L’Etat compte particulièrement sur ceux de nos soldats qui sont au front et fera tout pour les accompagner.
S. DOUMBIA