Le Mali, à l’instar de la communauté internationale, a célébré, hier dimanche 1er mai, la journée internationale du travail. Les 13 syndicats affiliés à l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) ont respecté la tradition en marquant la journée par une cérémonie grandiose dont les temps forts ont été les défilés des différents syndicats membres.
Ces défilés, qui se sont déroulés sur le Boulevard de l’indépendance, étaient placés sous l’égide du ministre du Travail, de la fonction publique, chargé des relations avec les Institutions, DIARRA Raky TALLA. C’était en présence du secrétaire général de l’UNTM, Yacouba KATILE, et de certains membres du gouvernement.
À l’entame de son discours, le secrétaire général de l’UNTM, Yacouba KATILE, a souligné que la célébration du 1er mai est l’occasion, à travers le monde, pour les organisations syndicales et les associations professionnelles de faire entendre la voix des travailleuses et des travailleurs.
Des points de satisfaction, mais le combat continue :
M. KATILE a déclaré que sa centrale syndicale n’entend pas s’arc-bouter derrière les acquis découlant de ses dernières négociations. Selon lui, après les allocations familiales, le SMIG et l’augmentation du point indiciaire, l’ITS légiféré en retard (toujours non appliqué), le maintien des tarifs d’eau et d’électricité à leur niveau de juillet 1994, la conclusion de la convention collective des banques, le bureau exécutif de l’UNTM constate l’extrême lenteur imprimée à l’extension définitive des revendications du préavis de grève de 2011 et de celui de 2014. Pour lui, aucune raison digne de foi n’est posée pour justifier cette lenteur, malgré la flexibilité que l’équipe de négociation syndicale a mise dans les reculs successifs de délais d’exécution.
Le secrétaire général de la plus grande centrale syndicale de notre pays a déploré les dépôts incessants de préavis de grève ces derniers temps, à savoir celui du Comité syndical de l’ORTM, des Services du travail, des catégories de l’enseignement, des Comités de la santé. Pour lui, ces préavis de grève attestent d’une dégradation progressive dans les relations entre syndicats et autorités publiques.
Aussi, face aux nombreux problèmes qui éclaboussent les travailleurs, l’UNTM réclame la ‘’dépolitisation’’ de l’Administration, de la Diplomatie, de la Justice et même de l’Armée afin que la compétence et le mérite soient de rigueur dans les nominations. Pour ce faire, M.KATILE a proposé que les plans de carrière des différents corps de la Fonction publique soient institués dans les meilleurs délais.
« Dans notre Fonction publique, à diplôme de valeur égale, ne correspond pas le même statut, la même grille indiciaire, le même âge de départ à la retraite. Nous sommes dans une République Une et Indivisible. Donc, il faut plus d’égalité entre les fonctionnaires. Seules les primes et indemnités conçues à partir des caractéristiques des emplois peuvent varier », a dénoncé Yacouba KATILE.
Par ailleurs, l’UNTM, fidèle à sa ligne syndicale d’être l’instrument des travailleurs du peuple malien, après une analyse attentive du Code des investissements du Mali, s’est dit ulcérée devant les dispositions qui lessivent le peuple des ressources indispensables à son décollage.
« Les intérêts du Mali et du Peuple occultés dans le Code des investissements signés le 27 février 2012, n’offre aucun motif de fierté patriotique tant qu’il porte plutôt une politique de lessivage des ressources nationales, des soumissions du peuple à la seule volonté ou caprice d’investisseurs étrangers. Il est impérieux que s’instaure entre les partenaires nationaux le dialogue. Il s’agit pour l’UNTM d’un dialogue débarrassé d’apriori, un dialogue sans calcul politicien, un dialogue constructif, dont les résultats feront émerger le Mali des nombreuses impasses qui l’entourent. L’UNTM espère qu’au travers de ce dialogue, le Code des investissements du Mali du 27 février 2012 recevra des touches rectificatrices », a souhaité la centrale syndicale.
La main tendue de L’UNTM Le secrétaire général de l’UNTM a saisi l’occasion pour demander aux camarades de la CSTM de dépasser les susceptibilités, les rancunes d’hier pour qu’ensemble ils colmatent les fissures créées à la suite des malentendus afin qu’aujourd’hui le monde du travail ait un syndicalisme fort et puissant, que la démocratie nationale ait un rempart en cas de crise, que le Mali puissent entamer son développement avec la contribution large et effective des travailleurs. Il s’est dit prêt à rencontrer les responsables de la CSTM n’importe où et à n’importe quel moment pour lancer les fondements d’une organisation nationale, patriotique.
Enfin, M. KATILE a informé que le bureau exécutif de l’UNTM déposera très bientôt son nouveau cahier de doléances sur la table de négociation du gouvernement.
L’esprit d’ouverture de l’UNTM salué
Le ministre du Travail, DIARRA Raky TALLA, est revenue sur certains acquis que l’UNTM a obtenus au cours des deux dernières années au profit des travailleurs.
Elle a cité l’amélioration des conditions de vie et de travail de l’ensemble des travailleurs du Mali ; l’augmentation de la valeur indiciaire de 20% successivement 10% en 2015, 3% en 2016 et 7% en 2017 ; l’obtention du relèvement des allocations familiale jusqu’à 3 500 pour les enfants normaux et 4 000 pour les enfants souffrants d’un handicap…
Elle a salué l’esprit de responsabilité de l’UNTM qui, pendant cette crise, a travaillé avec son département dans un esprit d’ouverture, de compréhension, d’échanges et de communication qui a permis d’évoluer sur certains points jusqu’à obtenir satisfaction. Le ministre a remercié l’UNTM pour avoir aidé le gouvernement à transcender les difficultés rencontrées dans l’application de certains accords.
La ministre du Travail, de la fonction publique et des relations avec les institutions, tout en rassurant de la disponibilité du gouvernement dans le cadre d’un dialogue constructif, a affirmé que ce dernier est conscient des difficultés que traverse le monde du travail et des populations maliennes en général.
PAR MODIBO KONE
Source: info-matin