Elle a péché par excès de zèle en voulant tordre la main à l’une des parties pour la confiner dans un carcan dit “constitutionnel”.
Si elle avait atteint ses objectifs, comme cela est ressorti des entretiens entre la délégation à la fin de sa mossion à Bamako et le Président en exercice de l’organisation, le Président du Niger, si donc la mission avait été un succès, quatre chefs d’Etat de la sous région ne seraient pas annoncés à Bamako pour le jeudi 23 juillet 2020.
Plusieurs faits prouvent les insuffisances de cette mission.
D’abord dans le processus lui même, la délégation a superbement “snobé” les députés élus recalés la cour constitutionnelle comme cela ressort de leur communiqué.
Ensuite la délégation dela CEDEAO a déclaré que tous les acteurs consultés, à l’exception du M5-RFP, avaient adhéré à ses propositions. Or les magistrats, dans un communiqué, ont opposé un cinglant dementi à cette affirmation.
Le chef de la délégation a émis de menaces à peine voilées en direction du M5 du genre “si le M5 ne se joint pas, le Mali va continuer d’avancer” ou ” personne n’acceptera un gouvernement intérimaire, car un il ne peut pas engager un pays”. En cela,.le Médiateur est sorti de son rôle.
Enfin, le Comité de suivi créé sous l’égide de la CEDEAO n’a pas inclus le M5-RFP. La noblesse de la démarche eût voulu que le M5 fut cité, quitte à ce qu’il se récuse lui même.
Dans le contenu du communiqué, la délégation a procédé à des contorsions juridiques pour accommoder les solutions qu’elle a proposées, comme par exemple la nomination de 6 conseillers en amont et du 3e tiers en aval.
Malheureusement, ces jonglages n’ont résorbé la situation parce que le Conseil supérieur de la magistrature a refusé de se prêter au jeu dans la désignation des 3 conseillers relevant de son ressort. Cela nous laisse avec seulement les 3 conseillers du PR.
La dissolution de l’Assemblée nationale, demandée de plus en plus, semble être devenue la ligne rouge. De quoi a t on peur? Que le PR ne puisse plus récueillir sa majorité à l’occasion de nouvelles échéances possibles? ou que les “fils” soient mis hors jeu?
Le choix d’un PM de consensus semble également dans la zone rouge. Y aurait il un secret ou de sacré dont l’actuel locataire serait l’objet?
Ls seules satisfactions que j’ai personnellement tirées de cette mission ce sont les enquêtes demandées concernant la mort par balles de nombreux manifestants et la référence aux résulats du DNI comme feuille de route.
Dès lors, que devraient les chefs d’Etat attendus le jeudi 23juillet?
Je n’ai pas la réponse à tout, mais ils doivent éviter d’essayer de livrer le M5 peids et poings liés au nom d’un conformisme juridique.
Ce serait un échec, car l’opinion dominante ici est que la CEDEAO, l’instar des autres organisations sous régionales, est un club de dirigeants qui cherchent à se couvrir les uns les autres, souvent au détriment de leurs peuples.
Cette opinion doit être dementie dans les faits.
Les chefs d’Etat doivent montrer, qu’en cherchant à résorber les crises socio politiques, ils ne sacrifient pas les intérêts de la Nation.
Ils doivent faire pression sur le PR pour qu’il prenne des mesures fortes pour le retour à l’apaisement sans lequel rien d’autre n’est possible.
Me RP doit parachever le processus de mise en place d’une cour constitutionnelle transitoire en attendant la réforme des textes y afférents.
Il doit céder sur le Premier Ministre consensuel et le gouvernement consentuel.
Il doit accepter de dissoudre l’Assemblée Nationale.
Il doit accepter un programme de gouvernement de mission articulé autour des résultats du DNI et engager les réformes urgentes y contenues.
Il doit accepter que les responsabilités concernant les tueries soient situées sans délai et que les auteurs en soient sanctionnés conformément à la loi ou déféré devant la CPI.
Il doit accepter d’éloigner sa famille aux 1er et second degrés de la gestion des affaires publiques.
C’est là un minimum à consentir par lui. Ainsi, seulement il arrivera peut être à sauver la mise.
Cet écrit est une réflexion et n’engage pas les acteurs impliqués.
J’ai écrit ceci et je l’offre comme contribution au débat
Bamako, le 20 juillet 2020
Cheick Sidi Diarra