Toute l’Afrique a les yeux rivés sur la Guinée-Equatoriale qui accueille mercredi (18h00 GMT)à Malabo le tirage au sort de la CAN-2015 (17 janvier-6 février), deux semaines à peine après avoir hérité de l’organisation du tournoi après le retrait du Maroc pour cause d’Ebola.
Cette cérémonie, censée donner symboliquement le coup d’envoi de la grand-messe du football continental, devait initialement se dérouler le 26 novembre à Rabat. Mais le virus Ebola, qui a fait près de 7000 morts en Afrique de l’ouest, a totalement changé la donne. La Confédération africaine n’a pas accepté les demandes répétées du Maroc de reporter la compétition et, au terme de plus d’un mois de bras de fer, c’est finalement la Guinée-Equatoriale, troisième producteur de pétrole de l’Afrique subsaharienne et dirigée de main de fer par Teodoro Obiang Nguema depuis 35 ans, qui a accepté in extremis de reprendre le flambeau après le désistement du royaume chérifien, volant ainsi au secours de la CAF et de son président Issa Hayatou. L’enjeu est crucial pour l’instance dont la Coupe d’Afrique assure l’essentiel des revenus. Ce petit pays de 28.000 km2 et de 720.000 habitants, situé entre le Gabon et le Cameroun, a le mérite d’avoir déjà organisé la CAN en 2012 avec son voisin gabonais. Malgré l’argent du pétrole, son challenge sera cette fois beaucoup plus relevé, puisqu’il doit se mettre en ordre de bataille en l’espace de deux mois et accueillir seul l’épreuve. La tenue du tirage au sort permettra déjà d’en savoir plus sur les préparatifs. Le format est lui déjà acté: 4 groupes de 4 pays répartis sur autant de sites, la capitale Malabo (sur une île de 2000 km2 au large de la partie continentale du pays), Bata, Mongomo et Ebebiyin.
Ironie du sort, la Guinée équatoriale a été désignée tête de série en tant que pays organisateur, en compagnie du Ghana, qualifié pour le Mondial-2014, de la Zambie, vainqueur en 2012, et de la Côte d’Ivoire. Cette ancienne colonie espagnole avait pourtant été écartée en juillet des qualifications pour avoir aligné un joueur non éligible en tour préliminaire. Le Maroc a de son côté été exclu. Les Eléphants ivoiriens, toujours placés mais jamais gagnants ces dernières années (finale en 2006 et 2012, demi-finales en 2008), seront comme d’habitude les épouvantails du tirage dont les chapeaux ont été concoctés en fonction des derniers résultats de la CAN. La génération dorée commence petit à petit certes à céder la place et la légende Didier Drogba a pris sa retraite internationale. Mais la bande désormais menée par Hervé Renard, qui avait conduit les Zambiens au sacre, sera une nouvelle fois très attendue, avec le génial Yaya Touré à la baguette et l’insaisissable Gervinho en attaque. En l’absence du tenant du titre nigérian, incapable de se qualifier, et de l’Egypte, septuple champion d’Afrique, l’Algérie sera la menace principale des Ivoiriens et l’équipe à éviter du chapeau 2 (avec le Burkina Faso, finaliste de la dernière édition, le Mali, la Tunisie). 8e de finaliste de la Coupe du monde pour la première fois de leur histoire, les Fennecs rêveraient de reconquérir le trophée africain, 15 ans après leur unique succès de 1990. Le football algérien est de retour au sommet, comme l’a démontré la récente victoire de l’ES Sétif en Ligue des champions, et la CAN pourrait bien entériner sa suprématie. Paradoxalement, le chapeau 4 (Sénégal, Cameroun, Guinée, Congo) semble plus relevé que le 3 (Cap vert, l’Afrique du Sud, le Gabon, RD Congo). Les deux grandes puissances Sénégal et Cameroun payent leurs prestations décevantes des années passées. Les Lions Indomptables, orphelins de Samuel Eto’o, n’étaient pas présents en 2012 et 2013, et les Sénégalais n’ont pas dépassé le 1er tour depuis 2006. Mais nul doute qu’Ivoiriens et Algériens espèrent ne pas les croiser dès la phase de groupes.
kn/nip/dhe(AFP/Le Matin)