A l’issue de la dernière journée des éliminatoires de la CAN 2015, devant se jouer en Guinée Equatoriale, les Aigles se sont brillamment qualifiés face à l’Algérie. C’était le mercredi dernier au stade du 26 mars. Mais au-delà de cet exploit des nôtres, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Quelque part le constat est amer. L’encadrement technique aura donc intérêt à revoir sa copie avant la phase finale.
A la veille de ce match qualificatif des Aigles, l’entraîneur national Henry Kasperczak a dit qu’on allait découvrir un autre visage des Aigles. En faisant de telle déclaration le Franco Polonais a sûrement mesuré l’ampleur de la tâche qui les attendait. Parce qu’après deux défaites successives, dont l’une à Bamako, les Aigles ont fait souffler un vent de panique. Autrement dit, ils ont compromis leurs chances de qualification. Quand on sait aussi qu’ils ont été méconnaissables, sana repère ces derniers temps. Bref c’était l’heure de grands calculs, avec une équation à résoudre : gagner ou périr. Et ce scénario, les Aigles l’ont compris et ils étaient convaincus qu’aucune circonstance atténuante ne leur serait accordée, en cas d’échec. C’est pourquoi dès leur retour à Kabala le seul mot d’ordre a été la victoire. Après que le département des Sports et la presse aient joué leurs partitions, ce public infatigable, toujours au rendez –vous était encore là ce mercredi 19 novembre pour soutenir les Aigles. Et Seydou Keïta et ses partenaires ont compris que la balle se trouve dans leur camp.
Dès le coup d’envoi donné par l‘arbitre Ghanéen, les Aigles étalèrent leurs ambitions, en cherchant à assommer l’adversaire le plutôt que possible et se mettre à l’abri de toute surprise désagréable. Pour la simple raison que les Algériens pratiquent un football technique, ponctué par des contres attaques sporadiques, pour poignarder l’adversaire au dos et casser par la suite le rythme du match. Le mercredi dernier les Algériens n’ont pas eu ce temps. Les assauts répétés des Aigles finiront par payer, sous la forme d’un penalty transformé par l’emblématique capitaine Seydou Keïta dit Seydoublen. Ce but libera tout un peuple tout en ouvrant les portes de la qualification. La mi-temps intervint sur ce score avec la mention « l’espoir est permis ».
Les Aigles entamèrent la deuxième période avec la même ferveur des minutes initiales du match. Ce qui leur permit de briser les espoirs Algériens en inscrivant le deuxième but. Sur le coup Moustapha Yattabaré au terme d’une chevauchée envoie un missile qui sera dévié par un défenseur Algérien pour ensuite terminer sa course dans les filets.
Au même moment l’Ethiopie et le Malawi étaient à égalité de 0 à 0. Ce score n’évoluera d’ailleurs pas. Mais peu importait ce résultat dès l’instant que les Aigles tenaient le bon bout.
Pour stabiliser son équipe et contrer les Algériens qui tentaient de se réveiller, l’entraîneur Henry Kasperczak effectua des changements.
A 17H 58 mn l’arbitre Ghanéen siffla la fin du match en indiquant aux Aigles la route de la Guinée Equatoriale, où se déroulera la CAN en janvier prochain. En un mot les Aigles du Mali se sont qualifiés pour la CAN, mais . . .
Le constat est amer
En matière de sport, et surtout en football, mieux vaut mal jouer et gagner, que de bien jouer et perdre. Aujourd’hui les Aigles se sont qualifiés pour leur neuvième CAN, Henry Kasperczak a gagné son pari. Parce qu’en football seul le résultat compte. Pourtant le constat est amer. Le match qui nous a opposés à l’Algérie ne peut être un repère pour juger les Aigles. A moins qu’on se voile la face, ou refuser de comprendre tous les facteurs qui sont rentrés en jeu pour donner un bon résultat aux Aigles. Et à juste raison. Parce qu’en analysant les différentes prestations des Aigles, on a tendance à conclure que le Mali n’a pas une équipe sur laquelle on peut compter dans les moments difficiles. Seulement quelques bons joueurs comme les frères Yattabaré, Yacouba Sylla, et pourquoi pas Seydou Keïta qui pour l’une des rares fois a pris ses responsabilités lors du dernier match qualificatif. Le joueur de l’as Roma a été au centre de pilotage de toutes les actions offensives des Aigles. Comme pour dire je suis votre doyen, vous pouvez compter sur moi.
Cependant pour avoir entraîné l’équipe nationale du Mali, on ne saurait dire que le coach Henry Kasperczak n’est pas à la hauteur. Parce qu’en son temps avant il a fait sa preuve, avant de jeter le bébé avec l’eau du bain pour indiscipline caractérisée au sein de la troupe. Seulement aujourd’hui l’utilisation de la matière dont il dispose lui fait défaut. C’est ce qui explique d’ailleurs les différents changements dans ses classements durant les éliminatoires.
Les Aigles ont l’obligation de respecter leur rang en leur qualité de troisième d’Afrique de fois de suite (2012 et 2013). Cela passe par une bonne préparation après une sélection judicieuse. Le département des Sports, la Femafoot et l’encadrement technique ne sont –ils pas interpellés pour un bon résultat à la prochaine CAN.
- Roger Sissoko