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Cameroun : quels enjeux pour les législatives du 9 février ?

Alors que s’ouvre la campagne pour les législatives, le pays est confronté à plusieurs défis sécuritaires.

Le Cameroun va connaître le 9 février prochain ses premières élections législatives et municipales en sept ans. Mais le plus inquiétant encore est le contexte dans lequel vont se tenir ces différents scrutins. D’un côté, le Cameroun doit faire avec les attaques djihadistes dans le nord et, de l’autre, le conflit indépendantiste meurtrier dans les zones dites anglophones paralyse toujours un quart du pays. Ces deux provinces abritent environ 16 % de la population camerounaise. Alors que le parti du premier opposant, Maurice Kamto, compte boycotter des élections qu’il estime impossibles à tenir dans ce contexte, et que le parti du président Paul Biya part grand favori, quels sont les enjeux des législatives, dont la campagne a officiellement démarré le 25 janvier ?

 

Qui participera aux législatives ?

Une trentaine de partis politiques, la plupart se réclamant de l’opposition, seront en lice pour 180 sièges de député. Il faut savoir qu’ayant été élus en 2013 les députés et les conseillers municipaux devaient achever leur mandat en 2018, mais celui-ci a été prorogé à deux reprises.

Le parti de la majorité présidentielle, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), qui jouit actuellement d’une majorité écrasante avec 148 députés, est le grand favori. Présents dans toutes les circonscriptions électorales, les candidats du RDPC n’auront pas de concurrents dans de nombreuses localités du pays.

Principal parti d’opposition au Parlement avec 18 députés, le Social Democratic Front (SDF) avait menacé de boycotter les prochaines législatives, mais la direction s’est finalement résolue à y participer, même si des divergences persistent. « Aux dernières élections, le SDF avait reculé, il s’agit de reconquérir les positions perdues », explique Stéphane Akoa, chercheur à la fondation Paul Ango Ela.

Parmi les autres partis en lice, on retrouve le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) du jeune opposant Cabral Libii, troisième à la présidentielle d’octobre 2018. Ce parti rêve de damer le pion au SDF et de lui prendre la place de premier parti d’opposition au Parlement. « Cela ne fera pas de mal à la majorité présidentielle », estime le chercheur Stéphane Akoa.

Comment les conflits affecteront-ils les élections ?

Longtemps perçu comme un îlot de stabilité par rapport à certains de ses voisins d’Afrique centrale, le Cameroun fait depuis plusieurs années face à deux crises meurtrières. Dans l’ouest du pays, les indépendantistes anglophones s’opposent à l’armée dans un conflit qui a fait plus de 3 000 morts en deux ans, selon des ONG. Lors de l’élection présidentielle de 2018, la participation avait à peine atteint 5 % dans ces deux régions.

Et, alors que la campagne présidentielle s’était déroulée sans violence, des candidats aux municipales et aux législatives ont déjà subi des violences (kidnappings, incendies). Et, dans la région de l’Extrême-Nord, frontalière du Nigeria, ont lieu des attaques régulières des djihadistes de Boko Haram et de l’ISWAP, faction affiliée au groupe État islamique.

Le vote des déplacés internes et des réfugiés de ces régions (plus de 700 000 pour la crise anglophone et 250 000 dans l’Extrême-Nord, selon différentes ONG) sera également difficile.

Pourquoi le principal opposant appelle au boycottage ?

Le grand absent des législatives sera le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) du principal opposant, Maurice Kamto, deuxième à la dernière présidentielle. Ce parti a décidé de boycotter les élections de février et a demandé aux Camerounais de faire de même.

En novembre, Maurice Kamto a appelé au boycottage, invitant « les Camerounais à ne pas aller voter et à rester chez eux le 9 février 2020 afin de ne pas cautionner les élections qui ne ramèneront pas la paix dans [leur] pays ». « Organiser des élections au Cameroun aujourd’hui, qui plus est des élections locales, sans avoir rétabli la paix dans les régions (anglophones) du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, c’est donner le message que (les) populations (de ces régions) ne sont pas des Camerounais et, ce faisant, consacrer la partition de fait du pays », estime l’opposant Kamto.

Après la présidentielle de 2018, des manifestations avaient été organisées pour contester leur résultat, et Maurice Kamto avait été emprisonné pendant neuf mois avant d’être libéré en octobre. « Entre sa libération et le moment de se mettre en ordre de bataille pour les législatives, le délai était trop court », estime Stéphane Akoa.

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