Depuis le déclenchement de l’affaire dite de déstabilisation des institutions de la transition, l’ancien Premier ministre Boubou Cissé est introuvable. Même les services secrets maliens ne parviennent pas à le localiser pour le mettre à la disposition de la justice. Pendant ce temps, un journal français est parvenu à l’interviewer. Dans cet entretien avec notre confrère français, l’ancien Premier ministre d’IBK révèle qu’il « vit caché à l’intérieur du pays ».
Face à la situation, une violente guerre médiatique oppose ses avocats au Procureur de la République de la commune III, Mamoudou Kassogué, qui signe et persiste qu’il est fuite. La réalité est que l’ancien Premier ministre d’IBK n’est pas à son domicile. Seuls ses avocats et Dieu savent à ce jour où il est caché.
Bien que nommément cité par le Procureur de la République dans son communiqué du 31 décembre 2020, lequel précise d’ailleurs qu’il est resté introuvable, Dr Boubou Cissé et ses avocats continuent de faire croire aux Maliens qu’il reste disponible à la justice malienne.
En guise de démenti des affirmations du Procureur de la République, ils avaient même affirmé que « l’ancien Premier ministre n’a reçu aucune convocation de quelque autorité judiciaire, policière et administrative a fortiori d’y répondre ou de tenter d’y échapper. Au contraire, Boubou Cissé se tient à la disposition de la justice de son pays ».
Mais depuis quelques jours, cette information donnée par ses avocats est devenue caduque par une interview donnée par Boubou Cissé depuis sa cachette, jusque-là gardée discrète à notre confrère « Le Temps ».
Dans cette interview, Boubou Cissé met fin au débat sur la question de sa fuite en prenant en contrepied ses avocats. « Je vis caché à l’intérieur du pays depuis dix jours », s’est-il confié en ces termes au téléphone à notre confrère qui poursuit : « Au téléphone, la voix de l’ancien Premier ministre est chuchotante : « Désolé, je ne peux pas parler trop fort. Je suis à l’abri, mais je ne suis pas à l’aise. » Le souffle est court, comme saccadé par cette harassante partie de cache-cache. « Ma maison a été visitée par des agents de la sécurité d’Etat le 24 décembre, alors que j’étais sorti faire une course. Ils ont violenté mes employés pour qu’ils disent où j’étais. Mais lorsque mon avocat a contacté la sécurité d’Etat pour demander si on me recherchait, on lui a dit que non. J’ai donc pensé qu’on essayait d’attenter à ma vie. C’est pourquoi je vis caché à l’intérieur du pays depuis dix jours », rapporte le journal.
En effet, à défaut de maintenir longtemps le flou sur sa fuite, l’ancien Premier ministre continue évidemment de berner les Maliens. Cette fois-ci, il change de stratégie de communication et tente de légitimer sa fuite, laquelle, dans son imaginaire, serait motivée par la crainte de la violence des agents de la sécurité d’Etat. Pour ce faire, il fait comme s’il n’a jamais eu échos du communiqué du Procureur de la République qui l’a déclaré comme étant une personne recherchée par la justice malienne.
Alors question : à défaut de se rendre chez lui pour ne pas se faire agresser par les agents de la Sécurité d’Etat comme il le prétexte, Boubou Cissé ne devrait-il pas, s’il est animé de bonne foi, se rendre disponible auprès du procureur ? C’est-à-dire, celui-là même qui a affiché clairement dans son communiqué son désir de l’entendre.
Pour rappel, pour la même affaire, cinq prévenus ont été arrêtés la veille de Noël, seul le sixième – Boubou Cissé – est jusqu’à présent resté introuvable. Il n’est à son domicile, ni dans un endroit identifié par la justice malienne qui a manifestement exprimé son souhait de l’entendre dans cette affaire.
Selon le procès-verbal d’enquête préliminaire que notre confrère « Le Temps » dit avoir consulté, les enquêteurs du Service d’investigation judiciaire de la gendarmerie auraient découvert « que l’ancien Premier ministre Boubou Cissé et certains cadres du cercle restreint de l’Etat travailleraient en bonne intelligence dans le but d’entretenir un climat de tension sociale, en vue de perturber la transition, rendant ainsi aléatoire tout projet de stabilité et de développement ».
A en croire le journal, ce document informe que « le groupe, à travers ses appuis financiers, cherchait des soutiens de l’intérieur comme de l’extérieur, en vue de mettre fin au régime de la transition, déclenchant son action à travers des mouvements syndicaux pour aboutir à des troubles perturbant ainsi les actions des gouvernants ».
Des accusations que l’ancien Premier ministre « nie formellement » depuis son trou, sans jamais se montrer pressé de venir se défendre courageusement.
En tout cas, il est grand temps pour Boubou Cissé, s’il est sûr de son innocence, de sortir du bois pour se défendre correctement devant la justice malienne. Chaque minute et seconde passées dans sa cachette renforce davantage la conviction des Maliens sur sa culpabilité.
Youssouf Z
Source: zaharainfos