Le 20 février 2018, un groupe armé terroriste attaquait la ville de Tessit dans la région d’Ansongo. Au cours de leur attaque, les terroristes avaient fait plusieurs morts mais aussi des blessés maliens civils et militaires, dont une fillette sur un camp des forces armées maliennes (FAMa).
A la demande des autorités maliennes, ces blessés avaient été évacués et pris en charge par la force Barkhane. Blessée par balle, la jeune Adiara âgée de 12 ans, a été opérée le 6 mars 2018 par les chirurgiens de Barkhane à Gao.
Plus d’un an après l’opération, le médecin principal Kévin, chirurgien orthopédiste chargé de l’opération, est de nouveau engagé sur l’opération Barkhane. L’occasion pour lui de revenir sur cette opération marquante et de pouvoir rencontrer de nouveau la jeune fille, aujourd’hui en pleine santé.
Quelle était la particularité de cette opération ?
« Tout de suite après sa blessure, la jeune Adiara est prise en charge par les FAMa puis évacuée vers l’antenne chirurgicale de Barkhane à Gao. On constate une fracture ouverte extrêmement complexe de son fémur, avec un manque d’os de 3 cm. Adiara bénéficie alors d’une prise en charge chirurgicale d’urgence afin de sauver son membre, de diminuer au maximum les risques d’infection et de limiter les séquelles.
Après son arrivée, une première opération s’impose très rapidement. Puis d’un commun accord avec le traumatologue malien nous décidons de programmer une seconde intervention afin de réaliser un traitement chirurgical définitif, avec pose d’une plaque d’ostéosynthèse associée à une greffe osseuse. J’ai donc réalisé cette opération conjointement avec mon homologue malien. »
Quel est le bilan aujourd’hui pour cette jeune fille plus d’un an après l’opération ?
« La prise en charge de cet enfant est un des moments forts de ma précédente mission sur Barkhane. Quelle émotion et quel bonheur aujourd’hui de voir cette adolescente de 13 ans qui a retrouvé le sourire. Un an après cet évènement traumatisant, grâce aux efforts fournis par l’ensemble de l’équipe chirurgicale française, la petite Adiara a retrouvé une vie normale!
Grâce au capitaine Keita, médecin chef de l’infirmerie de Gao, j’ai pu la rencontrer de nouveau plus d’un an après sa blessure et je suis ravi de voir qu’elle est en pleine forme. Elle peut se déplacer sans douleur, sans boiterie, sans béquille. Sans cette chaîne de prise en charge complète, le résultat aujourd’hui ne serait probablement pas le même et les conséquences auraient pu être bien plus graves. Ces rencontres marquantes nous rappellent les raisons de notre engagement comme médecin militaire. »
Quel enseignement tirez-vous de cette expérience ?
« Tout d’abord cette expérience met en avant l’efficacité de la collaboration entre médecins FAMa et français. Le succès dans ce cas repose sur une prise en charge au plus proche du combat par les militaires maliens présents sur place, avec une prise en charge de type blessé de guerre ; arrêt immédiat du saignement par pose d’un garrot et évacuation rapide vers une structure chirurgicale.
Cela nous incite à continuer les échanges entre nos deux équipes notamment la pratique d’opération à 4 mains. Les FAMa bénéficieront prochainement de la mise en fonction d’une structure chirurgicale similaire à la nôtre, d’où l’intérêt de partager nos savoir-faire afin d’optimiser les procédures.
Cela démontre que les structures chirurgicales déployées sur les théâtres de mission extérieures, permettent une prise en charge optimale de nos blessés de guerre. Il s’agit là de notre mission première. Elle permet aux militaires français de partir en mission en toute confiance, avec le sentiment qu’en cas de coups durs ils seront pris en charge par des équipes entraînées avec des moyens adaptés aux blessures de guerre. »
Conduite par les armées françaises, en partenariat avec les pays du G5 Sahel, l’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle repose sur une approche stratégique fondée sur une logique de partenariat avec les principaux pays de la bande sahélo-saharienne (BSS) : Burkina-Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad. Elle regroupe environ 4500 militaires dont la mission consiste à lutter contre les groupes armés terroristes et à soutenir les forces armées des pays partenaires afin qu’elles puissent prendre en compte cette menace.
Source : Le Hoggar