La directive d’un gouverneur de province dans le sud du pays, celle de Bururi, vient d’interdire rien de moins que « le sport de masse de nuit avec gourdins et en faisant du tapage ».
Une pratique que les habitants de cette province et les médias indépendants attribuent aux Imbonerakure, malgré les dénégations de l’administration locale. Plusieurs habitants des communes de cette province du sud du Burundi assurent que cette décision a sans doute été prise parce que le phénomène avait pris des proportions alarmantes, notamment dans la commune de Matana. Chaque nuit, des centaines de jeunes, en rangs quasi-militaires et armés de gourdins, sillonnaient les collines de cette commune, en chantant des chansons menaçantes envers les opposants et ponctuées de nombreux coups de sifflet. Ces agissements semaient le désarroi à Matana depuis des semaines, voire depuis des mois dans d’autres communes. Le gouverneur de Bururi a donc décidé d’y remédier début avril, en envoyant une lettre des plus fermes à tous les administrateurs de sa province. L’ordre se veut très clair : « désormais, le sport de masse sur la voie publique se fait à partir de 6h du matin jusqu’à 18h du soir et sans gourdins », instruit Christian Nkurunziza. Sinon les fautifs s’exposeront à des « sanctions très sévères », dit-il, sans plus de précisions. L’affaire aurait dû en rester là, mais cette lettre a fuité sur les réseaux sociaux, où l’on a tout de suite pointé du doigt les groupes d’Imbonerakure, les jeunes du parti au pouvoir au Burundi, que l’ONU qualifie de milice. Le gouverneur a protesté vivement sur Twitter, mais sans préciser qui étaient ces fameux « sportifs » armés de gourdins et agissant en toute impunité. La société civile et les médias indépendants eux y voient la « preuve » de ce qu’ils ne cessent de reporter sur les « entraînements paramilitaires » suivis par les Imbonerakure, véritable fer de lance de la répression dans ce pays, à leurs yeux.
RFI