Le calme est revenu à Ouagadougou après un épisode houleux autour de la radio télévision nationale où deux personnes se sont proclamées chef de l’Etat en moins de trois minutes. Une foule s’était rassemblée devant le bâtiment à la mi-journée, avant d’être dispersée par les forces de sécurité qui ont procédé à des tirs de sommation.
Avec notre envoyé spécial à Ouagadougou,
Ce matin vers 10h, une foule immense s’était massée devant le siège de l’ORTB, la télévision nationale, attendant une certaine Sanan Sérémé, membre de la coalition de l’opposition et dirigeante du Parti pour le développement et le changement (PDC). On dit alors à Ouagadougou qu’elle doit faire une annonce importante à la télévision nationale, peut-être expliquer que c’est elle qui prendrait la présidence provisoire de l’État, suite à une réunion survenue le matin place de la Nation, où le peuple attend son annonce.
Un cordon de sécurité dégage la voie de l’ORTB, quand tout à coup surgit un 4×4 qui pénètre dans l’enceinte de la télévision nationale. Surprise : ce n’est pas Saran Sérémé qui en surgit, mais Kouamé Lougué, un général à la retraite que le peuple avait aussi appelé à prendre le pouvoir ces derniers jours. Dans une grande confusion, le général pénètre dans le studio de télévision pour faire, devant les caméras éteintes de l’ORTB, une proclamation selon laquelle c’est lui qui prend, au nom du peuple, les fonctions de chef de l’État.
Sans plus d’explications, il ressort du studio. Trois minutes plus tard, Saran Sérémé y pénètre à son tour. Mais elle n’arrive pas à rejoindre le plateau tant la confusion est grande entre les journalistes et les jeunes qui se bousculent. Tout le monde finit par ressortir sur l’esplanade devant le studio d’enregistrement, quand des tirs se font tout à coup entendre. Des kalachnikovs. On croit d’abord à des affrontements ; il s’agit en fait de tirs de sommation de l’armée pour disperser la foule exaltée qui empêche Mme Sérémé de ressortir de l’ORTB.
Les manifestants désertent les rues alentour pour rejoindre la place de la Nation, avant d’être de nouveau dispersés par les militaires. Pendant ce temps, d’autres membres de l’armée restent devant les locaux de la télévision publique dont les programmes n’ont toujours pas repris.
Le calme est revenu dans la capitale burkinabè, mais on ne sait toujours pas qui est le représentant légitime pouvant prétendre à diriger l’État provisoire. La confusion est totale au niveau politique puisque deux personnes en trois minutes se sont proclamées chef de l’État du Faso.