« Le SENAT au BURKINA FASO, ou quand le juridique est décollé de la réalité et des attentes des citoyens burkinabé ». Ainsi pourrait-on résumer la situation qui prévaut autour de la question de la mise en place du SENAT. Comme le témoigne le rapport de force qui s’est exprimé dans la rue lors des différentes marches (respectivement le 29 juin pour l’opposition et le 06 juillet pour le CDP et leurs alliés), la question du SENAT divise mais à l’heure actuelle, il y a plus de septiques que d’optimistes à sa mise en place. Plusieurs questions peuvent être posées à ce stade du processus : doit-on continuer dans le sens de la légalité et ainsi combler le vide constitutionnel qui existe en ce moment ? Ou est-ce que la force des marches pacifiques du peuple pourra-t-elle conduire les dirigeants du pays à reculer sur son instauration ? Au-delà de tout, cette situation dénote une chose. L’incapacité de l’ancienne opposition à défendre la population sur les vraies questions. En effet, on peut se demander où elle était au moment où le CCRP décidait de cette réforme politique qui divise, où elle était au moment où la réforme constitutionnelle se décidait à l’Assemblée nationale, quand on a augmenté le nombre de députés à l’Assemblée nationale. Loin de vouloir mettre de l’huile sur le feu, ce n’est qu’un constat pour attirer l’attention des uns et des autres que l’opposition à l’avenir doit tenir son rôle qui est d’être un contre-pouvoir au service des populations. Elle doit examiner les différentes propositions et projets de lois en amont et essayer de proposer leurs critiques constructives en amont au lieu de réagir après que les choses soient déjà adoptées. Ces premières questions ne peuvent être traitées que d’un point de vue politique dans un but de préservation de la paix et de la concorde du Burkina Faso car très souvent, dans de pareilles situations, lorsque les politiques veulent faire prévaloir le juridique sur le politique (exemples de crises sociales dans la sous-région et dans le monde) pour se donner une certaine légitimité, cela a toujours mal fini. Il faudrait donc que ce conflit se règle de manière politique et que les différents acteurs puissent y trouver une solution. Pour ma part, j’estime que le pouvoir en place doit renoncer à la mise en place du SENAT et redéployer les sommes subséquentes dans des programmes plus stratégiques telles que l’enseignement supérieur et l’agriculture car certes la démocratie est certes au travers des institutions, mais avant tout et surtout elle s’exprime par la première des libertés : le droit de vivre décemment. Enfin, j’aimerais attirer l’attention des uns et des autres sur cette question : Ouvrons tous les yeux et réfléchissons en profondeur sur les situations de notre pays. Attention à ne pas se fier aux paroles des uns et des autres mais plutôt analysons les programmes et les chances de succès des programmes proposés par toutes les classes politiques.