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BUREAU MALIEN DU DROIT D’AUTEUR : La loi piétinée au détriment de nos artistes

En République du Mali, dans bien de secteurs d’activité, le constat est d’une légèreté absolue. L’une des caractéristique de la loi est qu’elle est « impersonnelle donc s’applique à tous ». Ce principe est superbement ignoré par le Bureau malien du droit d’auteur (BUMDA), pourtant dirigé par une professionnelle du droit, en la personne de Mme Diallo Aïda Koné. Celle-ci a fait de son affaire personnelle des prétendues réclamations de droits d’auteur à Africable Télévision au moment où aucune autre chaine privée de notre pays n’est nullement inquiétée. Le ministre de la Culture dont le BUMDA relève, laisse faire dans un silence assourdissant.

Nous avons enquêté.

Les textes sont foulés aux pieds et les décisions sont prises avec un certain libertinage. Le monde de la culture semble avoir fait l’objet d’un intérêt particulier du chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Kéita. Mais ce ne fut qu’une illusion, portée par la Ministre de la Culture, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo et le BUMDA dont elle est la PCA. Le Figaro du Mali défonce les serrures de cette boîte pour exposer d’étonnants paramètres qui illustrent les aveux d’impuissance et la trahison flagrante des artistes dont la carrière pourrait dépendre d’une telle structure.

Il existe aujourd’hui une démarche sélective de ce service central du ministère de la Culture contre une seule chaine de télévision, en l’occurrence Africable Télévision, alors que si d’autres étaient traquées comme celle-ci, les artistes qui meurent de misère allaient dignement vivre de leur noble métier.

‘’Les premiers signes d’espoir suscités par le BUMDA’’

L’organisation de la vie des artistes maliens reste encore désastreuse et révoltante. Si le budget national a relégué la culture en queue de ses priorités nationales, des moyens existent pourtant pour qu’elle relève la tête. Les lois et les décrets pris pour une meilleure valorisation de notre culture peinent à se faire appliquer en toute responsabilité. Notre rédaction infiltre les coulisses d’une fantaisie, faite de pressions, de trafic d’influence et de complicité loin de l’application des textes qui devraient tout trancher.

Le Bureau malien du droit d’auteur, à travers sa directrice générale, Mme Diallo Aida Koné que nous avons rencontrée, s’était assignée comme mission fondamentale, une meilleure organisation de la structure afin de faire le bonheur des artistes et des créateurs. Dans nos investigations, nous avons pu détecter qu’elle s’était rendue en Algérie en octobre 2017 pour renforcer ses capacités en vue d’une saine et efficace gestion de sa structure. Elle avait déjà mis un accent particulier sur cette loi n°012 du 1er juin 2017 :  » Cette loi va sûrement changer beaucoup de choses, si nous arriverons à l’appliquer correctement « , avait-elle dit.

‘’Le BUMDA incapable de faire appliquer les textes’’

Dans nos investigations, à part Africable Télévision et l’Office de Radio Diffusion et Télévision du Mali (ORTM), le BUMDA n’a fait signer à aucune autre chaine de télévision une convention. C’est d’ailleurs ce que nous a confirmé la directrice et sans crier gare. Elle affirmait pourtant ceci : « Ce n’est pas de l’aumône que demande ce projet, juste la contrepartie financière de l’exploitation qui est faite des œuvres »

Au moment où l’ORTM et Africable subissent les contraintes de la loi, d’autres, d’après les explications d’Aïda Koné, restent réfractaires à toute légalité. Les chaines de télévisions et les

Radios conventionnées par la Haute autorité de la communication (HAC) n’auraient jusqu’à présent pas payé de redevances devant aider les artistes dans leur misérable aventure. Cela va demeurer impossible tant que les responsabilités ne sont pas prises dans un pays où les citoyens prennent trop de liberté.

L’assignation de la chaine du continent, Africable Télévision devant la justice, apparaitrait comme une affaire personnelle que la directrice Aïda Koné dit prendre en priorité : « L’affaire d’Africable date de l’époque où j’étais au niveau du contentieux de l’Etat. Depuis des années, je me bats pour ça. Je me prépare à faire une saisie », nous a expliqué la directrice du Bureau malien du droit d’auteur.

Mme Diallo Aïda Koné, dans son acharnement personnel, donne des coups bas et va jusqu’à faire aboutir son projet par presse interposée. On se rappelle que dans les colonnes d’un confrère de la place qui semble être son champ de bataille de prédilection, elle disait, »être déterminée à faire entrer le BUMDA dans tous ses droits, vis-à-vis d’Africable« . Mais pourquoi vous focaliser sur l’une des rares chaines (Africable) ayant accepté de signer pendant que vous reconnaissez que les autres chaines (radios et télévisions libres de la place) travaillent dans l’illégalité totale?

A cette question du Figaro, Mme Diallo Aida Koné est formelle qu’elle s’en chargera après avoir obtenu gain de cause contre Africable ou plutôt, régler ses comptes avec elle. Ce combat de David contre Goliath n’est-il pas suicidaire ? L’odeur nauséabonde de l’acharnement se fait sentir dans les profondeurs de nos enquêtes.

‘’Deux poids deux mesures’’

Dans un contexte de crise économique profonde, on pourrait comprendre que des situations ne soient pas soldées, mais il paraît inadmissible de laisser des entités qui exploitent quotidiennement des œuvres produites et diffusées dans leurs locaux. Le ministre de la Culture N’Diaye Ramatoulaye Diallo, Présidente du Conseil d’Administration du BUMDA, jouerait à la même indifférence et à la promotion d’une impunité et d’une largesse accordée visiblement à d’autres. Il est vrai qu’il est plus facile de s’attaquer à Africable que de s’attaquer aux chaines des leaders religieux et autres.

Nous avons rencontré de son côté le PDG d’Africable qui nous a expliqué sa version des faits. Il a bien reconnu le contentieux en cours. « Nous avons un problème avec le BUMDA c’est clair, mais nous n’avons jamais refusé de les payer« , a-t-il dit. Pour preuve, il nous a pour la circonstance montré le reçu de son dernier paiement. « Mais ce qui se passe est terrible, le BUMDA est notre partenaire, pourquoi en tant qu’administration, il s’étale dans la presse en nous attaquant personnellement. Ce n’est pas normal« , a indiqué Ismaïla Sidibé, le PDG d’Africable Télévision.

A notre question de savoir qu’est-ce que vous lui avez fait de répréhensible ? Il répond : « Je ne sais pas ce qui nous oppose fondamentalement à la DG, peut-être qu’elle veut utiliser Africable pour faire payer les intouchables. Même dans ce cas, il y a une solution. Nous sommes prêts à l’aider« , a plaidé M. Sidibé.

Nous n’avons pas besoin de citer tout ce que la chaine fait pour le Mali, les artistes maliens et la culture malienne pour dire qu’Africable est le premier opérateur culturel du Mali. De là à jeter le bébé avec l’eau du bain, il y’a un grand pas qu’il ne faut pas franchir. « Nous ne pouvons pas rompre avec le BUMDA, nous leur parlons toujours et allons continuer de leur parler. Mais admettez avec moi, que le deux poids deux mesures est inacceptable. Nous restons convaincus que quand le brouillard de la haine se dissipera, les bonnes fois s’aviseront« , a-t-il ajouté.

La HAC a été créée pour réguler le secteur des médias (radios, télévisions, diffuseurs etc.). Plusieurs organes ont fait leur conventionnement et devraient être soumis à l’application stricte sur l’exploitation des œuvres artistiques. Le département de la Culture est-il au cœur de ces intimidations voilées et ciblées ? Si oui, est-il complice de ces agissements hors la loi ?

Ce qui est évident, c’est que des télévisions brillent dans la plus grande illégalité, exploitant librement et abusivement des œuvres artistiques, soutient la directrice Aïda Koné, incapable d’imposer la rigueur des textes à ses partenaires.

Nous reviendrons sur les actes qui frustrent des artistes de notre pays.

 

Source: figaromali

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