La conférence des donateurs pour le financement de la force militaire conjointe du G5 Sahel, tenue le vendredi 23 février à Bruxelles(1), a permis de récolter pas moins de 414 millions d’euros. L’argent servira à lutter contre les attaques terroristes et à divers crimes organisés. Une manne qui va bien au-delà des attentes initiales.
L’UE a répondu à l’appel avec le doublement de sa contribution financière portée de 50 à 100 millions d’euros. L’Arabie saoudite aurait promis 100 millions de dollars, les Etats-Unis 60 millions de dollars et les Emirats arabes unis quelque 30 millions de dollars. L’objectif de la conférence était de mobiliser encore des fonds.
Cette force est en cours de constitution par les gouvernements du Tchad, du Burkina Faso, du Niger, de la Mauritanie et du Mali. Elle serait opérationnelle dès le mois de mars prochain. Ces pays fourniront chacun un gros bataillon sous commandement conjoint. Ces forces agiront en collaboration avec les 4.000 militaires français déployés dans la région pour l’opération «Barkhane» et la mission de la paix de l’ONU (Minusma), composée de 12.000 personnes postées au Mali.
Tout en saluant les dirigeants européens et les pays partenaires pour leur soutien financier et politique, le président du Niger et président en exercice du G5 Sahel, Issoufou Mahamadou, a toutefois estimé qu’il «fallait trouver une solution pérenne au financement de cette force conjointe». Et les défis sont énormes.
Il a estimé que le G5 Sahel a besoin «d’au moins 423 millions d’euros juste pour la première année et de quelque 75 millions d’euros chaque année». De son côté, Federica Mogherini, la haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, a assuré «qu’une discussion a eu lieu sur les futures garanties pour la soutenabilité du financement de la force conjointe mais qu’aucune décision n’a été prise».
Le président nigérien a fait part à ses partenaires européens des efforts déjà consentis par les pays du Sahel pour rendre cette force conjointe opérationnelle. Il a cité le cas du Niger qui investit déjà 15% de son budget dans la sécurité, «un effort très important pour un pays pauvre, d’où la nécessité de renforcer la coopération avec les autres pays amis». Issoufou Mahamadou a cité aussi «la situation chaotique qui règne en Libye et ses conséquences sur la région…».
Citant l’exemple de l’Irak et de la Syrie, il a donc demandé la mise en place «d’un mécanisme de financement durable de la force conjointe». Le président en exercice du G5 Sahel a également sollicité, comme le souhaite d’ailleurs la France, que le déploiement de la force conjointe se fasse sous le chapitre VII des Nations unies.
Le Maroc s’engage aussi
Le Maroc participe à la Conférence internationale sur le Sahel pour «témoigner de sa solidarité et de son engagement avec les pays de la région», a assuré le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita. Le Royaume est d’ailleurs «disposé à développer des actions de coopération triangulaire avec les pays de l’Union européenne au bénéfice de cette région». Grâce aux visites effectuées par le Souverain dans certains pays du Sahel, le Maroc a développé la coopération dans plusieurs domaines.
Des défis majeurs
En 2014, le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie et le Niger ont mis en place le groupe des pays du «G5 Sahel» pour accroître la coopération entre ces pays en matière de sécurité notamment, et relever les défis majeurs auxquels ils sont confrontés.
Depuis, l’UE a intensifié sa coopération avec cette initiative dirigée par les 5 pays du G5 Sahel pour construire un partenariat solide sur de nombreux fronts: «du dialogue politique au développement et au soutien humanitaire, en passant par le renforcement de la sécurité et la lutte contre la migration irrégulière».
La région du Sahel est confrontée à un certain nombre de défis urgents tels que l’extrême pauvreté, les crises alimentaires et nutritionnelles fréquentes et les conflits. A cela s’ajoutent les migrations irrégulières et la criminalité telles que la traite des êtres humains et le trafic de migrants. L’extrémisme pose également de graves problèmes sécuritaires dans la région et a des répercussions potentielles en dehors de la région, y compris en Europe.
Aziz BEN MARZOUQ
L`économiste