Les manifestations citoyennes de ces dernières semaines à Bamako ont presque toutes connu le même sort : la brutalité grossière et révoltante des agents de la police nationale où, lors d’une des marches violemment réprimées, des éléments hétérodoxes d’un des arrondissements de la capitale, ont poussé loin leur barbarie jusqu’à se permettre de déchirer un des drapeaux maliens fièrement exhibés par des manifestants.
Si, en effet, ces marches n’ont été que le seul moyen légitime, pour une frange de la population, de s’exprimer et s’assumer face à l’inconséquence politique et institutionnelle d’un régime défaitiste, ces espaces d’expression citoyenne seront, en revanche, une occasion, pour la police malienne, de montrer “fièrement” ses muscles à travers une barbarie systématiquement programmée au point où les citoyens en sont venus à se demander si, en vérité, leurs propres impôts ne sont pas finalement utilisés contre leur liberté si chèrement acquise au mépris de la démocratie et de la souveraineté populaire.
Cela, en lieu et place de fournir une réplique adéquate à l’intenable psychose d’insécurité qui règne à Bamako depuis le début du quinquennat présidentiel à nos jours. Un régime incapable, désespérément voué à une quête d’existence et dont les responsables de la police nationale semblent ne travailler dorénavant qu’à sauver ce qui peut encore l’être.
Tous ceux qui sont aujourd’hui aux commandes de notre outil de maintien d’ordre public et qui ne l’instrumentalisent qu’au seul avantage de l’autorité existante, devraient savoir que le régime actuel, l’un des plus incompétents de notre vie de nation, sera tôt ou tard appelé à disparaître par la force des événements.
Et les Maliens sauront se souvenir conséquemment de leur part de responsabilité dans la promotion de toute cette mafia ourdie contre les Maliens dont ils ont fascistement mêlé notre appareil de sécurité, en l’occurrence, la police d’Etat. Et ce, avec comme seule et unique mission de protéger les intérêts de la minorité oligarque aux dépens des droits constitutionnels élémentaires du peuple souverain du Mali.
Comment le régime a-t-il osé utiliser nos propres impôts contre nous ? Depuis l’accession d’Ibrahim Boubacar Kéita à la magistrature suprême, qu’a-t-il véritablement mis à la disposition des forces de l’ordre pour assurer impeccablement la sécurité physique et matérielle des Maliens quand on sait que, jamais, la justice populaire n’a autant prospéré au Mali que durant ces quatre dernières années ?
Pourquoi, malgré tout ce que les tenants du pouvoir s’astreignent chaque jour à faire croire à l’opinion en termes de bilan sécuritaire, les Maliens n’arrivent toujours pas à être fiers de leurs outils de protection, notamment, la police nationale dont nombreux concitoyens ne cessent de se plaindre de l’incorrigible corruption des officiers supérieurs aussi bien que la très mauvaise qualité de la formation transmise aux agents subalternes ?
Pourquoi, lorsqu’il est question de réprimer des marches pacifiques, nos forces de sécurité sont déterminées à user de leurs moyens optimaux plutôt que quand il urge d’aller sécuriser des banlieues où des populations sont incessamment en proie à toutes sortes de criminalités ?
Pourquoi, les agents de la police ainsi que nos forces spéciales, sont toujours prêts à déployer le maximum de leurs moyens militaires lorsqu’il s’agit de sauver la vie des expatriés et autres otages occidentaux lors d’attaques terroristes dans des quartiers huppés comme ACI-2000 plus que quand il s’agit d’aller libérer de paisibles maliens des mains de petits braqueurs et autres éléments nuisibles à Banconi, Niomirambougou, Bolibana, Bagadadji, Niamakoro Chièbougouni…
Aussi, pourquoi les patrons des unités de la police malienne et autres divisions des forces de sécurité nationales, sont toujours pressés de tendre la main à des pourboires lorsqu’il s’agit de détacher des éléments dans l’optique de ne protéger que les intérêts d’individus dits puissants ou haut placés quand on sait que nombreux parmi ceux-ci, sont des hors-la-loi, notamment, d’impénitents usurpateurs fonciers agissant, le plus souvent, de mèche avec les tribunaux et autres instances judiciaires du pays ? Ces abominables mafiosos qui ne sachent que se désaltérer des larmes de pauvres populations maliennes et qui, de par leur immense fortune, arrivent toujours à manipuler des responsables des forces de l’ordre au profit de leurs intérêts illégaux.
Au regard de la pertinence de ces précédentes interrogations et autres faits dont la véracité est sans équivoque sous nos cieux, nous osons en déduire, que la police nationale, celle qui ne vit essentiellement que de nos impôts, semble avoir une mission autre que celle du peuple malien.
Notre instrument de sécurité et maintien d’ordre public en est aujourd’hui arrivée à réunir tous les ingrédients possibles pour être désormais perçue comme une institution exclusivement dédiée à la bourgeoisie monopoliste de Koulouba, une classe dirigeante ne cessant de s’affoler dans toutes les directions tant elle est désorientée et peine désespérément à réunir les Maliens autour de l’essentiel.
Et voilà, ce dont nos forces de sécurité et leur hiérarchie semblent s’être rendues désormais complices. Mais le réveil risque d’être extrêmement brutal pour ce régime et tous ses suppôts lorsque les frustrations atteindront leur summum.
Source: La Sirène