Theresa May poursuit ce lundi 19 novembre ses efforts pour défendre l’accord conclu avec Bruxelles sur le Brexit. La Première ministre s’est exprimée à l’ouverture du congrès annuel de la CBI, le syndicat patronal britannique et a centré son intervention sur les changements apportés par la sortie de l’UE, notamment concernant l’immigration au Royaume-Uni, préoccupation qui était au cœur du vote en faveur du Brexit en 2016.
Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix
Devant une salle de patrons bienveillants, la Première ministre britannique a insisté sur le fait que son plan pour le Brexit permettra la mise en place d’un système d’immigration plus juste qui aidera les jeunes demandeurs d’emploi britanniques à suivre des formations et trouver du travail.
« Il ne sera plus possible pour les travailleurs européens quelles que soient leurs qualifications ou expérience, d’avoir la priorité devant des ingénieurs originaires de Sydney ou des concepteurs de logiciels de New Delhi. Plutôt qu’un système fondé sur le pays d’origine d’un candidat, nous le jugerons sur son talent et ses compétences », a-t-elle expliqué
Theresa May a également redit fermement qu’elle ne rouvrira pas les discussions avec Bruxelles sur l’accord de divorce et que la seconde phase sur la relation future entre Londres et l’UE est en cours de négociation.
Le président de la CBI John Allan a de son côté appelé les députés à soutenir lors d’un vote au parlement l’accord négocié par Theresa May. Tout en concédant que le texte n’était pas parfait, le chef du patronat a mis en garde contre les conséquences désastreuses pour les milieux d’affaires et l’économie d’une sortie sans accord.
Un accord nocif pour les deux parties selon Tony Blair
Dans une tribune publiée ce lundi dans le journal Le Monde, l’ancien Premier ministre Tony Blair, européen convaincu, se montre très pessimiste sur ce projet d’accord sur le Brexit, il adresse un message aux dirigeants européens et prévoit un second referendum.
Cet accord est « nocif pour les deux parties », écrit Tony Blair. Il faut donc se préparer à toutes les éventualités, « même à un second referendum », prévient-il d’emblée. L’ancien Premier ministre travailliste de 1997 à 2007 qualifiait déjà en juillet dernier les négociations de « bazar total », un accord ni dans l’Union européenne, ni en-dehors, qui ne satisfera personne, assurait-t-il.
Deux grosses failles minent cet accord explique Tony Blair dans cette tribune : une faille technique, qui consiste à faire croire que le Royaume-Uni pourrait continuer à commercer avec l’UE sans contrainte juridique concernant la frontière irlandaise et les droits de douane ; et une faille politique car Theresa May tente de trouver une solution en respectant les règles européennes alors que la majorité des Britanniques ont voté contre ces règles.
Pour Tony Blair, cet accord est la pire des solutions. Il propose alors une autre voie : « le Parlement britannique rejette l’accord. Nous proposons un vote pour le nouveau referendum et l’Europe fait un pas en avançant une proposition au sujet de l’immigration » écrit-il. « Il n’est pas trop tard pour faire demi-tour devant l’impasse » conclut-il. « Le Brexit est une mauvaise chose pour le Royaume-Uni. C’est également une mauvaise chose pour l’Europe. Nous le savons tous ».
RFI