Ils sont désormais 38 ministres à porter sur leurs frêles épaules la destinée d’une Nation martyrisée, fracturée et sur le point de s’effondrer. Ces hommes et ces femmes, d’horizons divers, et qui n’auront pas de période de grâce doivent s’atteler urgemment à relever sept défis majeurs.
Le premier défi serait le rétablissement de la confiance entre gouvernants et gouvernés
Sans une large adhésion du peuple aux actions entreprises par le gouvernement, rien de potable, ne pourrait être réalisé. Aujourd’hui, la fracture est tellement profonde entre gouvernants et gouvernés que le gouvernement Boubou Cissé doit d’abord donner quelques gages de confiance en imposant aux ministres plus de rigueur et de transparence dans la gestion des affaires.
Le second défi serait la lutte contre l’insécurité
Aucun développement n’est envisageable dans l’insécurité. Le Mali passe aujourd’hui aux yeux des partenaires techniques pour une zone à risque, une mauvaise destination pour les entreprises. La preuve de cette affirmation est que les investisseurs étrangers ont presque tourné le dos au Mali et pourtant ce n’est nullement par manque d’opportunités. Boubou Cissé et son équipe doivent s’atteler très rapidement à redonner confiance aux forces de Défense et de sécurité pour qu’elles mènent à bien leurs missions régaliennes de sécurisation des personnes et de leurs biens sur toute l’étendue du territoire national.
Le troisième défi serait la satisfaction de la demande sociale
Jamais un régime, depuis l’avènement de la démocratie au Mali, n’a été autant secoué par la crise sociale que celui d’IBK. Toutes les couches socioprofessionnelles ont débraillé, réclamant une amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Boubou Cissé et son équipe doivent faire de la demande sociale une des priorités. Ils doivent faire en sorte que la paupérisation puisse reculer que les revendications corporatistes puissent être satisfaites. Ils doivent comprendre que leur longévité au sein du gouvernement dépendra en grande partie de la satisfaction de la demande sociale.
Le quatrième défi serait la lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière
L’un des obstacles pour un développement harmonieux du Mali est sans nul doute la corruption et la délinquance financière. Tous les secteurs sont gangrénés par ce fléau au point que les investisseurs fuient le Mali en dépit des énormes potentialités que le pays regorge. A force de la pratiquer, la corruption est désormais ancrée dans nos mœurs. Et pourtant, sans lutter contre ce fléau, il n y a point de développement. Donc, la nouvelle équipe est attendue pour donner de la voix, surtout un des farouches opposants du régime avait fait de ce combat son cheval de bataille.
Le cinquième défi serait la réduction des charges de l’Etat et la moralisation des dépenses publiques
C’est au Mali et dans une moindre mesure en Afrique que les hommes politiques sont riches. Donc la politique, au lieu de devenir un moyen permettant de bien gérer les affaires de la cité est plutôt devenue le chemin le plus court pour s’enrichir. Pour renverser cette tendance, le gouvernement Boubou Cissé a la lourde responsabilité de réduire les charges de l’Etat à commencer par les institutions de la République. Ensuite, moraliser les dépenses publiques en veillant sur les ressources pour qu’il y ait moins de surfacturation et plus de rationalisation de dépenses pour que les ressources puissent être bien distribuées.
Le sixième défi serait la relance de l’économie et la création des richesses
Le Président de la République lui-même a l’habitude de dire, quand il animait l’opposition face à ATT, que le Mali n’est pas pauvre et qu’il est seulement pauvrement géré. Boubou Cissé et son équipe ont les coudées franches, surtout qu’il aurait la confiance des bailleurs de fonds ; pour booster notre économie afin de permettre la création des richesses et du coup réduire le taux de pauvreté et permettre à tous les maliens d’avoir accès aux services sociaux de base que sont l’école, la santé, l’eau et l’électricité.
Le septième défi serait la lutte contre le chômage par la création d’emplois pour les jeunes
Il ne fait l’ombre d’aucun doute que c’est le manque d’opportunités et d’emplois pour les jeunes qui sont quelques-unes des causes de l’émigration clandestine, de la ruée vers les groupes armés terroristes, du banditisme et même de la délinquance juvénile. Ainsi, pour éviter que les jeunes n’aillent à de telles aventures, le gouvernement doit créer beaucoup d’emplois. Pour ce faire, il doit d’abord commencer à assainir l’économie créer un climat de confiance entre l’Etat et le secteur privé et lutter efficacement contre la corruption. Il n’y a point de stabilité et de paix si 80 % de la population active que constituent les jeunes se sentent marginaliser.
En somme, si le gouvernement Boubou Cissé parvenait à relever ces sept défis majeurs, il marquera son nom en lettres d’or dans les annales de l’histoire de notre démocratie. Et s’il échoue, il s’en ira comme les précédents gouvernements avant le sien.
Youssouf Sissoko