La ville de Boni dans le centre du Mali est sous blocus jihadiste depuis près de neuf mois. Le trafic sur un axe routier majeur de la région est largement interrompu. La population en manque de nourriture trouve refuge à Douentza.
Boni, chef-lieu de commune de quelques 29.000 habitants selon le recensement de 2009, est sur la RN16 qui relie Mopti (au centre) à Gao (au nord). Habituellement, des dizaines de bus, camions et autres véhicules empruntent quotidiennement cette route stratégique pour l’ensemble de la région, largement rurale. Une voie prise depuis 2015 dans un tourbillonnement de violences orchestrées d’une part par des djihadistes qui y imposent leur diktat et d’autre part des groupes armés isolés qui sillonnent le tronçon.
Depuis près de neuf mois, l’axe Sévaré Gao est bloqué par la Katiba Serma au niveau de Boni. Bientôt neuf mois, rien ne rentre, rien ne sort de Boni. Cette situation a entraîné la fuite des populations à Douentza et Mopti, confrontées à une pénurie criarde de produits de première nécessité et à un abandon des autorités qui semblent impuissantes face à la catastrophe humanitaire.
Les prix des produits de première nécessité ont flambé, atteignant des niveaux jamais égalés. A Boni, des sources révèlent que les sacs de riz et de mil sont introuvables. A Gao, le sac de 50 kilogrammes de riz frôle les 35 000 F CFA. Cette situation a déjà mis en danger la survie des populations et accentue un sentiment d’abandon et d’injustice profond. Dans un passé récent, les autorités maliennes ont fait croire à l’opinion malienne que toutes les bases et sanctuaires djihadistes dans la zone de Douentza ont été anéantis. Mais malheureusement le blocus demeure.
Dans une lettre ouverte au colonel Assimi Goïta, Président de la Transition, Kanfari Sonni Anass Maïga, un citoyen malien se dit préoccupé par la situation de Boni.
”Le blocus terroriste imposé à Boni isole de manière inacceptable la région de Gao et une grande partie du Nord et du centre du pays du reste du Mali. Les conséquences de ce blocus sont dramatiques pour les populations locales, tant sur le plan humain qu’économique ”, a-t-il écrit.
”Cette situation inacceptable paralyse la circulation des personnes et des biens, asphyxie les économies locales, met à mal l’unité nationale et prive les populations de leurs droits fondamentaux”, poursuit-il dans sa lettre ouverte.
Il a fait des recommandations au locataire de Koulouba : « déployer sans délai les moyens militaires nécessaires pour neutraliser les groupes terroristes responsables du blocus ; sécuriser durablement la route Gao-Sévaré et garantir la libre circulation des personnes et des biens, mettre en œuvre des mesures de soutien concrètes aux populations affectées par le blocus et lancer sans délai les travaux de réhabilitation de la route Gao-Sévaré”.
Ousmane Mahamane