Suivez-nous sur Facebook, Telegram, WhatsApp pour ne rien rater de l'actualité malienne

Boko Haram au Nigeria : Goodluck Jonathan responsable ?

A l’approche de l’élection présidentielle qui doit se tenir dans un mois au Nigeria, l’heure du bilan est arrivée pour le chef de l’Etat, Goodluck Jonathan. Si en terme économique les résultats sont bons, la situation sécuritaire est catastrophique. Boko Haram s’étend et ses attaques se multiplient. Alors que le danger de voir le groupe terroriste occuper un territoire de plus en plus vaste, s’accroit, la question de la responsabilité du chef de l’Etat est désormais posée.

boko haram president nigerian Goodluck Jonathan

Certaines mauvaises langues diront qu’il aura fallu cinq années pour que l’Etat s’intéresse à ce qu’il se passe dans le nord-est du pays, là où Boko Haram a pris ses quartiers en 2009. Si le groupe terroriste existe depuis 2002 et que ses attaques ne sont pas nouvelles, il est indéniable de noter que c’est à partir de la mort de son fondateur Mohamed Yusuf qu’il prend une nouvelle orientation avec la volonté claire d’installer un Etat islamique dans la région de Maiduguri. Après s’être montré relativement discret c’est avec un acte spectaculaire que Boko Haram se rappelle aux souvenirs du Nigeria. En 2010, le groupe islamiste radical prend d’assaut une prison à Bauchi et libère pas moins de 700 prisonniers, provoquant l’ire des autorités. C’est cette attaque qui représentera l’acte fondateur de la nouvelle stratégie de Boko Haram.

A partir de ce moment là, consigne est donnée de privilégier l’attaque de lieux chrétiens. Eglises, écoles et rassemblements religieux sont pris pour cibles. Face à l’accentuation et la multiplication des attentats, l’Etat central ordonne aux autorités de la région de prendre toutes les mesures nécessaires pour venir à bout des terroristes. Mais c’était se montrer très optimiste quant à la capacité militaire et de renseignements de la police se trouvant à Maiduguri. Outre un certain nombre de personnes qui ont fermé les yeux, parfois par sympathie pour le mouvement, d’autres pour ne pas risquer la mort, il y a également la faiblesse des moyens techniques qui n’ont pas permis d’anticiper les attaques. Boko Haram qui trouve des financements à l’étranger et par le biais de trafics divers, dispose d’outils de communication très modernes parfois plus sophistiqués que ceux du Nigeria lui même.

La montée en puissance

L’élection de Goodluck Jonathan en 2011 est marquée par des dizaines d’attentats et face à cette situation celui qui dirige l’Etat semble faire la sourde oreille. Durant deux années, des centaines de personnes vont se faire tuer lors d’attaques, d’autres seront massacrées et des exactions seront commises contre les populations. Prenant conscience que la situation dans le nord-est commence à devenir problématique, le chef de l’Etat ré-insiste pour que Boko Haram soit mis hors-service. Mais encore une fois, les faiblesses des moyens de lutte ne parviennent pas à inverser la donne. Néanmoins pour rassurer l’opinion publique, les services de communication de l’armée font régulièrement état de victoires sur les terroristes et donnent des chiffres, édictant des bilans dont jusqu’à aujourd’hui personne ne dispose de preuves tangibles. Au même titre et pour minimiser le chaos qui s’installe dans la région, les autorités diminuent systématiquement les bilans des attaques, parfois de façon complètement fantaisiste. Mais la dissimulation de la réalité commence à craqueler en 2013, quand Boko Haram intensifie à nouveau son action.

Il faut attendre la fin du premier semestre pour que Goodluck Jonathan décrète l’état d’urgence dans plusieurs régions du pays, soit plus de 4 ans après l’intensification des attaques. Depuis le début de l’année dernière, fort de ses victoires et de l’inaction des autorités, Boko Haram entend bien démontrer qu’il a tout d’un groupe terroriste puissant. Pas moins de 3 000 personnes sont tuées en seulement 10 mois alors que 6 000 ont perdu la vie au total depuis 2009. Cette augmentation exponentielle du nombre de victimes a poussé en février dernier le président à tenter une ultime manœuvre. Proposer aux leaders de Boko Haram de discuter et de s’asseoir autour d’une table pour trouver une solution et cesser les massacres et les attaques de plus en plus violentes.

Les mensonges des autorités

Cette proposition de négociation est perçu par le groupe terroriste comme une occasion en or pour asséner au président un coup qui abîmera encore un peu plus sa popularité et accentuera l’impression qu’il n’intègre pas la gravité de la situation. Boko Haram rejette en bloc l’idée de pourparlers et considère que cette approche de Goodluck Jonathan sonne comme un aveu de faiblesse des autorités et de l’Etat tout entier. Si régulièrement depuis 2009 les occidentaux et les africains parlent du terrorisme au Nigeria, deux actes majeurs ont propulsé le pays sur le devant de la scène médiatique et diplomatique internationale au plus grand dam du président. Un attentat faisant 75 morts et 141 blessés a lieu à Abuja la capitale le 14 avril 2014 provoquant des scènes de panique. C’est l’attaque la plus meurtrière que cette métropole a connu dans son histoire récente. Le même jour Boko Haram enlève plusieurs dizaines de lycéennes dans un établissement scolaire de Chibok. Néanmoins pour ne pas affoler l’opinion publique qui commence très sérieusement à s’inquiéter de la montée en puissance des terroristes, l’information n’est divulguée que deux jours plus tard, le 16. Les autorités parlent dans un premier temps de moins de 100 lycéennes enlevées puis quelques jours après, leur libération est annoncée. A peine quelques heures suivant cette annonce, volte face, on apprend qu’en réalité seules quelques unes ont pu s’échapper du camion de leurs ravisseurs. Puis peu à peu il est fait état de 120 élèves, puis 150 et enfin 230. Encore une fois, l’Etat a tenté de minimiser l’incidence du rapt, mais cette fois la colère des parents d’élèves et surtout l’internationalisation du scandale assènent un nouveau coup à Goodluck Jonathan. Boko Haram qui revendique l’enlèvement va jusqu’à affirmer que ces jeunes filles seront vendues comme esclaves dans des pays frontaliers.

Goodluck Jonathan en péril

C’est à partir de ce moment là qu’une levée de boucliers se met en place à l’échelle planétaire. Des défenseurs des droits de l’homme montent au créneau. La jeune militante Malala, les chefs d’Etat occidentaux, mais aussi africains condamnent l’action de Boko Haram. Car dans ses déclarations de vente des lycéennes en tant qu’esclaves, les terroristes humilient non seulement le chef de l’Etat mais également les pays frontaliers qui sont de facto considérés comme des endroits où la vente d’esclaves à encore lieu. Depuis des mois, face à la montée du mécontentement des parents des victimes et à la mobilisation internationale sans précédent notamment par le biais d’internet, le chef de l’Etat à du se confronter à la réalité de la situation, il n’a pas les moyens de lutter seul avec son armée et sa police contre les terroristes.

Dans une déclaration sonnant comme un véritable appel au secours, Goodluck Jonathan a du demander l’aide des Etats-Unis, de la France, du Cameroun et de la Chine. Barack Obama a fait envoyer des spécialistes du renseignement pour tenter de retrouver les lycéennes disparues qui n’ont pas été retrouvée près de 9 mois après leur enlèvement. Décrédibilisé au niveau international et durement affaibli sur le plan national, le président se retrouve désormais au pied du mur. Il n’a plus le temps d’adopter une stratégie beaucoup plus offensive contre les terroristes ni de lancer de grandes opérations de ratissage pour venir à bout de Boko Haram. Alors que dès le départ, Goodluck Jonathan aurait pu maximiser les moyens pour tenter de mettre Boko Haram hors d’état de nuire, il a fait le choix d’agir au coup par coup. Cette stratégie lui aura été fatale puisque désormais le Nigeria est face au terrorisme à grande échelle et que le pays qui a toujours tenu a mettre en avant son indépendance se retrouve contraint à demander l’aide de l’étranger. Un échec, une humiliation, doublés d’une victoire psychologique de Boko Haram que le chef de l’Etat aura très certainement du mal à digérer. Reste à savoir si la population lui fera payer lors du scrutin présidentiel. Il semble que selon les dernières prévisions la porte de sortie se rapproche pour celui qui a dirigé le pays ces quatre dernières années.

La Rédaction

Suivez-nous sur Facebook, Telegram, WhatsApp pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance Les plus bas prix du Mali Acheter à bas prix au Mali Achat terrain à Bamako Terrain à vendre Bamako Immobilier titre foncier TF à Bamako ORTM en direct, RTB en direct RTN tele sahel niger ne direct