C’est un communiqué qui l’annonce : Blaise Compaoré a laissé le pouvoir vacant au Burkina Faso au terme d’un printemps Burkinabè chaud voire très chaud. Une véritable révolution populaire des hommes intègres qui annonce certainement le printemps de l’Afrique noire pour reprendre les propos d’un manifestant.
D’autres peuples sur le continent comme le Bénin, le Burundi, la RDC, le Congo Brazzaville, devraient s’inspirer du courage Burkinabè pour chasser du pouvoir tous les dictateurs déguisés en républicains, ces vrais faux démocrates assoiffés de pouvoir.
Maintenant que la page de monsieur Compaoré est définitivement tournée, des questions se posent au Mali, pays voisin du Faso. Est-ce que c’est un ami ou un ennemi du Mali qui s’en va ?
Faut-il rappeler que Blaise Compaoré avait été désigné en 2012 par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) comme médiateur dans la crise malienne après le coup d’Etat de mars 2012.
Pour les uns, c’est un ami. Ils expliquent que sous sa conduite, il y a eu des acquis dans la crise malienne notamment le retour à l’ordre constitutionnel après le coup d’Etat de Sanogo. Il y a eu ensuite la signature de l’Accord de Ouagadougou du 18 juin 2013 entre le gouvernement malien et les groupes armés. Un accord qui a permis la tenue de l’élection présidentielle (juillet août 2013) permettant à Ibrahim Boubacar Kéita d’accéder au pouvoir. La présidentielle a été suivie des législatives en décembre 2013 consacrant le retour définitif à l’ordre constitutionnel.
Blaise Compaoré, c’était aussi le président d’un pays qui accueille des milliers de réfugiés maliens sur son sol.
Pour autant, cela ne semble pas être suffisant pour faire de M. Compaoré un ami du peuple malien pour nombre de Maliens. Ceux-ci reprochent pas mal de choses au président démissionnaire du Burkina Faso.
Le fait par exemple qu’il hébergeait chez lui les responsables politiques du MNLA (la rébellion touarègue), le vrai ennemi du Mali, n’était pas bien apprécié par nombre de Maliens tout comme le fait d’avoir envoyé un hélicoptère à Gao pour chercher le secrétaire général du même MNLA, Bilal Ag Achérif, blessé lors des affrontements entre le MNLA et les jihadistes en 2012.
Un malheur ne vient jamais seul, dit-on. Selon des sources concordantes, ces rebelles auraient quitté le Burkina dès qu’ils ont compris que le pouvoir allait changer de main. Qui est fou ?
Blaise Compaoré, c’est aussi celui qui a osé parler de l’Azawad (un nom banni pour les Maliens) lors d’un sommet de la Cédéao à Dakar.
Il s’était même fait remonter les bretelles par le président malien, Ibrahim Boubacar Kéita qui lui avait violemment signifié qu’il n’y a pas d’Azawad, mais il n’y a que le Mali. D’ailleurs, c’est ce climat de suspicion qui a dû amener les autorités maliennes à se tourner vers d’autres médiateurs. D’où le choix de l’Algérie.
On n’oubliera pas que le 12 juin 2014, 7 militaires burkinabè de la Minusma ont été rapatriés pour avoir pris des photos avec des jeunes touaregs à Ber, agitant le drapeau du MNLA. Pour toutes ses raisons et tant d’autres, on se pose la question de savoir si Blaise Compaoré était un ami ou un ennemi du peuple malien !
Abdoulaye Diakité