Le Premier ministre belge, Elio Di Rupo, a opposé mardi une fin de non recevoir à Ségolène Royal, qui lui avait enjoint d’interdire le bizutage, estimant que le “baptême étudiant” est un “choix personnel” et que la Belgique dispose de lois pour “sanctionner les débordements”.
“Le baptême d’étudiant est un choix personnel. On ne peut en aucun cas porter atteinte à l’intégrité physique des étudiants. Nous avons des lois pour sanctionner les débordements”, a déclaré Elio Di Rupo sur Twitter, en réponse à un internaute lui demandant ce qu’il “avait à répondre à Ségolène Royal”, présidente du conseil régional de Poitou-Charentes (ouest de la France) et socialiste comme lui.
Plusieurs incidents ces dernières semaines
Ces baptêmes, ancrés dans la tradition des universités belges, sont à l’origine de plusieurs accidents ces dernières semaines qui ont relancé le débat sur ces pratiques, autorisées en Belgique et interdites en France.
Fanny, une étudiante de Saint-Étienne (centre de la France) inscrite à la faculté vétérinaire de l’Université de Liège, a été victime le 22 septembre d’un oedème cérébral causé par l’absorption rapide de plusieurs litres d’eau à l’occasion d’une activité préparant le baptême. La jeune fille était sortie du coma après deux jours.
Se disant “bouleversée” par cette affaire, et “forte” de son expérience de ministre de l’Enseignement scolaire (1997-2000), Ségolène Royal a écrit au Premier ministre belge. “Il ne suffit pas d’appeler les choses par leur nom, de mener d’actives campagnes de prévention et de dire le droit avec fermeté pour que disparaissent du jour au lendemain ces pratiques délictueuses”, estimait-elle. “Légiférez pour mettre le bizutage hors la loi”, avait lancé l’élue à Elio Di Rupo.
Les autorités belges compétentes en la matière, c’est-à-dire les autorités communautaires francophones de la Fédération Wallonie-Bruxelles, avaient déjà exclu début octobre de légiférer sur ces “baptêmes”.
“Vision simpliste”
Le recteur de l’Université de Liège, Bernard Rentier, a épinglé mardi la “vision simpliste” de l’ancienne candidate à la présidentielle, qui fit voter l’interdiction du bizutage en France il y a 15 ans. “Je suppose qu’en (voulant faire) interdire les baptêmes, qu’on tend à confondre avec des ‘bizutages’, elle n’a pas réalisé qu’elle créait une prohibition, meilleur moyen de rendre clandestine une activité qui peut, normalement, être adéquatement encadrée”, a-t-il écrit sur son blog.
“Une intervention du Premier ministre n’est pas nécessaire, et il n’est nullement souhaitable de légiférer. Il y a suffisamment de lois en Belgique pour réprimer de tels comportements erratiques. D’autres mesures, moins répressives et plus éducatives, sont susceptibles de réduire ces débordements incontrôlés”, a-t-il estimé.
De son côté, Christian De Valkeneer, le procureur général de Liège, a indiqué mardi qu’il y aurait “vraisemblablement des inculpations” dans l’affaire de l’étudiante française. Dans le quotidien liégeoisLa Meuse, il a évoqué les chefs d’inculpation potentiels tels que “traitement dégradant et inhumain” et “coups et blessures, volontaires ou non”.