Depuis le 1er juillet, l’Assemblée nationale est en vacances parlementaires. Une pause avant la rentrée en octobre ou durant un an, le boss du perchoir devra retenir les leçons de son bilan durant les 5 années écoulées.
Avec la prorogation à mai 2020 de la 5e législature, l’heure est au bilan. Une rallonge pour l’actuel détenteur du perchoir désormais en mesure de soigner son image dans une période qui s’annonce délicate après 5 ans de règne. Il aura quand même été celui qui aura connu une longévité à la tête de l’Hémicycle à l’image de son prédécesseur Younoussi Touré.
Pour son 2e mandat, l’honorable Issiaka Sidibé est entré dans l’histoire. D’une part parce qu’il dirige la famille parlementaire du Mali, de l’autre il est le beau-père du député le plus influent du pays Karim Kéita. L’avantage pour l’ancien douanier qui coûte 30 millions le mois est que sa circonscription a fait peau neuve.
Récemment, il prenait part à inauguration d’une salle de sports moderne dans son fief. Au-delà, il faut avouer qu’avec l’autoroute de Koulikoro et le pont de Kayo permettant de relier Ségou, il aura droit de revendiquer la paternité au plan politique.
Aussi, l’Adéma ira en alliance avec lui à travers une amazone du parti comme colistière. Cette dernière serait dans un département où siège une figure influente du parti en Commune IV. Un mariage politique qui pourrait bien lui ouvrir les portes du palais de Bagadadji pour la troisième fois à la prochaine législature. Sauf qu’il devra faire attention avec l’URD du maire Eli Diarra qui a été élu à un moment où le PAN était désavoué par les populations du Méguétan. L’honorable Issiaka Sidibé devra se battre ardemment afin de continuer à porter l’écusson.
Reste que tout n’est pas rose pour le président de l’Assemblée nationale (PAN) qui a eu un bilan mitigé après 5 ans et demi à la tête du Parlement. En début d’année 2019, il s’était mis à dos les députés inscrits dans les parlements internationaux. On peut citer la Cédéao et l’Uémoa dont il prévoyait une coupe budgétaire concernant les déplacements et frais missions.
Aussi les divergences de vue entre Issiaka Sidibé et les députés de sa famille politique du RPM furent fréquentes, voire bruyantes. Plusieurs élus de sa tendance sont allés à le défier et des départs ont suivi à l’image d’un certain Bafotigui Diallo qui aurait rejoint le parti d’un ancien chef du gouvernement.
Cependant, on ne peut occulter le train de vie du PAN, maintes fois objets de polémiques. Pendant le trimestre allant du 1er octobre 2017 au 31 décembre 2017, la facture fut salée pour l’Assemblée nationale. Environ 1 186 000 000 ont été engloutis dans les dépenses de matériels et fonctionnement de service. On n’oubliera pas ce triste épisode avec Le Figaro du Mali où tout a fini par s’arranger depuis les hauteurs de Koulouba avec le journaliste à l’origine de ce buzz qui aura animé les passions.
Malgré son ancienneté au perchoir, une tendance d’élus continue de lui faire front. Certains membres du groupe Renouveau estiment que son bureau a été sélectif lors de la constitution du dit groupe à travers un premier rejet. Du côté de l’Asma, l’incompréhension est totale quant à l’affectation des bureaux dédiés aux 17 députés où les occupants actuels ont refusé de quitter.
Enfin, on n’oubliera pas le bras de fer avec le personnel de l’Assemblée nationale. La Maison des députés n’a pas échappé à une grève précisément le jour de son ouverture de session en avril dernier. L’Hémicycle était vidé de son personnel durant la session d’ouverture d’avril, fait rare dans l’histoire parlementaire du Mali. A noter que cette situation perdure car les lignes n’ont pas bougé.
L’honorable Issiaka Sidibé fera polémique avec sa partialité lors de l’interpellation sur l’axe Kati-Didiéni. Une séance où la ministre des Infrastructures et de l’Equipement faisait face au député Ousmane Kouyaté de Kolokani. Les débats furent biaisés par le parti pris du PAN qui a dû se faire rappeler à la police des débats par l’élu Alkaïdi Touré.
On comprend pourquoi beaucoup n’entendent pas le reconduire au perchoir et ne s’en cachent pas dans les couloirs de l’Hémicycle. Allusion faite à l’heure de l’installation du bureau au lendemain des prochaines législatives. Comme quoi l’honorable Issiaka Sidibé a plus de détracteurs que d’amis. Au moins, il pourra se prévaloir d’une chose auprès des populations de Koulikoro : sa forte diplomatie parlementaire qui aura permis même à Bagadadji de faire peau neuve avec de nouvelles installations d’envergure par le biais de la Turquie.
Un exemple parmi tant d’autres mais une image personnelle et politique à revoir pour finir en beauté la 5e législature.
Idrissa Keïta
LE POINT DU MALI