Depuis dix ans, l’humoriste Dieudonné dit ne pas pouvoir payer ses amendes et ses impôts. Il fait appel aux dons. Tracfin a détecté 415 000 euros de mouvements suspects, partant des comptes de proches pour aboutir au Cameroun. La justice veut prouver que l’humoriste a organisé son insolvabilité.
Sans aucune publicité, Dieudonné joue depuis dix ans à guichets fermés. Une table, une chaise posée sur scène, des billets à 40 euros, la plupart du temps payés en liquide.
A la sortie, les fans s’arrachent aussi de nombreux produits dérivés. Les frais engagés sont minimes, les bénéfices conséquents.
Pourtant, l’humoriste prétend ne gagner que 50 000 euros par an, et il se défile à chaque fois qu’il doit rendre des comptes au fisc ou verser des dommages et intérêts aux associations antiracistes qui l’attaquent.
Pour le ministère des Finances, Dieudonné a organisé son insolvabilité
De fait, Dieudonné n’apparaît jamais au premier plan, ni comme locataire officiel du théâtre de la Main d’Or à Paris, ni comme responsable des Productions de la plume, l’entreprise qui gère ses spectacles.
La moitié des parts sont détenues par sa mère, l’autre moitié par sa seconde épouse, Noémie Montagne, qui est en fait le « génie financier » de Dieudonné. C’est elle qui a racheté en sous-main la propriété d’Eure-et-Loir, que l’administration fiscale voulait saisir pour recouvrer quelque 800 000 euros d’impayés.
Sachant que les Productions de la plume ont réalisé, en 2012, un bénéfice net de 230 000 euros, il ne fait aucun doute pour Bercy que Dieudonné a organisé sciemment son insolvabilité. Ce qui pourrait lui valoir trois ans de prison et 45 000 euros d’amende.
rfi