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Belco Bah frustré par l’incompétence du Gouvernement dans la gestion de la crise au Centre : «Je suis tenté de croire que le gouvernement a sa part de responsabilité dedans»

Le lundi 7 janvier, lors de l’interpellation du gouvernement par les députés sur les contours de la crise qui sévit au Centre, l’honorable Belco Bah, élu à Niono, n’a vraiment pas été tendre avec le Gouvernement. Dans son intervention, le député du parti de l’Union malienne pour le rassemblement et la démocratie en Afrique (Um-Rda) laisse entendre que le pouvoir a une part de responsabilité dans la gestion cette crise.

En vue de mieux édifier l’opinion nationale sur les enjeux des tensions intercommunautaires dans la région de Mopti avec son lot de victimes civiles et militaires, les élus de la nation ont interpellé le gouvernement.

Ainsi, beaucoup de députés ont soulevé des inquiétudes et émis des propositions quant à la fin de cette tragédie qui ne cesse d’endeuiller les familles. Comme l’honorable Belco Bah, député élu à Niono, qui a dénoncé la position du gouvernement dans l’évolution de cette crise à nos jours.

Selon lui, le bilan de toutes les missions effectuées par le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga dans la région de Mopti est mitigé. Malgré des mesures sécuritaires prises par le pouvoir central, dit-il, les attaques barbares se poursuivent dans la zone.

Survolant l’évolution de cette crise, l’élu de Niono a schématisé la situation sécuritaire du Centre.

« Tout à commencer le 17 juin 2017 quand des individus non identifiés ont tué le Chef des chasseurs traditionnels (Chef dozos, ndlr), du nom de Souleymane Guindo dans le village de Tolodié. Ainsi, le lendemain, 18 juin 2017, les villages dogons ont attaqués les villages peuls de Tolodié, tuant 36 personnes. En réaction à cette attaque, les peuls ont tué 6 dogons à leur tour », se rappelle-t-il.

Les atrocités commises sont l’œuvre de qui ? S’interroge-t-il, « certains disent que ce sont des chasseurs dogons. Je ne suis pas d’accord. Les dozos ne représentent pas la communauté dogon. Mais ceux qui ont tué, ne sont qu’une bande de criminels sans foi ni loi ».

Plus loin, le député Bah a fustigé le laxisme du gouvernement quant au désarment de la milice ‘’ Dana na Amassagou’’

« Je dénonce le comportement de la milice dogon, Dan na Amassagou dans cette spirale infernale de violences. Pourquoi l’Etat a si peur de cette milice ? Lorsque j’ai demandé à ce même pupitre de retirer le récépissé à cette milice, un ministre m’a dit que seul un Conseil des ministres extraordinaire est compétent pour le faire. Le retrait d’un simple récépissé délivré par un Préfet vaut-il le coût de convoquer un Conseil des ministres extraordinaire ? L’état s’est montré laxiste …», a-t-il martelé.

« Dan na Amassagou est constitué des militaires radiés pour indiscipline, des anciens militaires, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), et des jeunes désœuvrés à l’affut du gain facile… voilà entre autres la composition de cette milice dogon. Ses motivations réelles sont simples : créer la haine entre les Peuls et les Dogons, chasser tous les Peuls de leurs terres et faire de cette zone un no man’s land pour les trafics de toutes sortes », dépeint-il.

Selon lui, les agissements miliciens dogons contre les Peuls ont été prémédités.

« Nous (ressortissants de Koro, Bankass, Bandiagara et Douentza) avons organisé une rencontre le 18 mars 2018 à la Maison des aînés. Ce jour-là, un responsable de Ginna Dogon, dont je tairai le nom, a dit en ce termes, je cite : Nous les Dogons sommes un peuple pacifique. Les Peuls, vous nous embêtés. Nous allons vous écraser comme des mouches. Quand un responsable de l’association dogon tient de tels propos devant les membres du gouvernement, c’est grave. Cela m’amène à dire qu’il y a une préméditation aux violences entre Dogons et Peuls », a avancé l’honorable Belco Bah.

Au regard de tout ce qui s’est passé, le député de l’Um-Rda charge le gouvernement. Il dira que ce dernier a sa part de responsabilité dans la crise au centre. Car, selon lui, incapable de sécuriser les localités de la région de Mopti, le gouvernement se montre complaisant face à Dan Amassagou.

« Je suis tenté de croire que le gouvernement a sa part de responsabilité dedans. La logistique dont dispose les chasseurs dogons a été donnée par qui ? Alors que tout le monde connait la base de cette milice, mais personne n’ose les toucher. Le désarmement de Dan na Amassagou a été décidé par le gouvernement jusqu’à preuve de contraire cela n’est pas effectif. Parce que l’association aurait menacé de dévoiler les noms des commanditaires », a-t-il indiqué.

Partant, l’honorable a invité le Premier ministre et son gouvernement à s’impliquer beaucoup dans la gestion de cette crise. « Si nous ne prenions garde, cette crise risque de dépasser tout ce que nous ne pouvons imaginer. Car personne n’est à l’abri… »

Moussa Mallé SISSOKO

Source: La Preuve

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