Barrick Gold, une Compagnie minière canadienne opérant au Mali depuis plus de 20 ans a décidé de suspendre ses activités sur le site aurifère de Loulo-Gounkoto. Cette décision intervient après la saisie des stocks d’or par les autorités maliennes qui sont en conflit avec la société minière canadienne au sujet du partage des revenus.
Selon nos informations environ trois tonnes ont été saisies pour une valeur estimée à 245 millions de dollars. Pour rappel la société minière canadienne et l’Etat malien se livrent à un bras de fer qui dure depuis des mois. L’angle que votre journal qui est la voix des sans voix a choisi n’est ni juridique, encore moins politique, mais l’angle social en mesurant déjà les conséquences de la suspension des activités de la société minière canadienne sur les 8 000 travailleurs directs et des milliers de prestataires indirects. L’Etat malien a-t-il des solutions alternatives pour les 8 000 travailleurs qui seront en chômage pendant la période de suspension ? L’Etat malien va-t-il continuer à négocier avec la société canadienne au grand bonheur des milliers de maliens qui travaillent à la mine d’or de Loulo-Gounkoto ?
Après le départ de la MINUSMA, celui des ONG de financement français, mettant de milliers de maliens au chômage, c’est autour de la société minière canadienne, Barrick Gold, que l’étau se resserre et il y a fort à craindre que cette société ne subisse le même sort que toutes les autres éconduites par l’Etat malien. Après la suspension de ses activités, Barrick Gold n’exclut plus de fermer totalement sa porte au Mali au grand dam des maliens. Cette société minière canadienne qui vient de suspendre ses activités menace de fermer totalement sa porte si les négociations avec le gouvernement malien venaient à échouer. Mesurant les conséquences de la suspension des activités sur les milliers de travailleurs de cette grande mine il y a fort à craindre qu’une fermeture totale ne suscite pas une levée des boucliers de la part des travailleurs. Cette situation viendra rallonger la longue liste de maliens victimes des décisions prises par les autorités de la transition. C’est le cas des milliers de maliens qui travaillaient au compte de la MINUSMA, des ONG auxquels on a promis monts et merveilles, mais qui broient du noir. Ces anciens travailleurs des structures ayant été éconduites par les autorités ne savent plus à quel saint se vouer, certains, désespérés et ne supportant plus la situation, auraient même succombé. Les 8 000 travailleurs directs de la Mine de Loulo- Gounkoto vont-ils subir le même sort que les autres laisser pour comptes ? Les autorités maliennes doivent trouver des solutions alternatives pour ces milliers des maliens afin de désamorcer la bombe sociale latente.
L’Etat malien a-t-il des solutions alternatives pour les 8 000 travailleurs qui seront en chômage pendant la période de suspension ?
A défaut d’avoir la réponse à cette interrogation, nous proposerons aux autorités de ne pas, au prime à bord, fermer la porte du dialogue avec Barrick Gold, car le contentieux qui oppose les deux parties en conflit n’est nullement insurmontable. Il y a juste une différence de lecture et une différence d’interprétation de deux codes miniers le premier code date de 1991 et le tout nouveau code adopté sous la transition n’a pas plus deux ans. Les autorités maliennes, en application de la nouvelle législation minière en vigueur, semblent trouver beaucoup de failles, de dysfonctionnements et de manque à gagner, ce que la société minière canadienne ne semble pas reconnaître. Pour Barrick Gold l’Etat malien fait de l’abus en saisissant ses stocks d’or en toute illégalité. En effet, selon nos informations la société se serait même engagée à payer les taxes et impôts impayés et s’est dit prête à coopérer avec l’Etat malien pour un règlement à l’amiable du contentieux et dit accepter l’application du nouveau code minier. Ces engagements ne semblent pas convaincre les autorités maliennes qui sont passées à la vitesse supérieure en arrêtant des cadres et pas des moindres de la société et en émettant un mandat d’arrêt contre le PDG sud-africain de la société minière Barrick Gold, à savoir Mark Bristow. La société a suspendu ses activités et mettra en chômage pour des raisons économiques des milliers de maliens. La question qui est sur toutes les lèvres est celle de savoir si les autorités ont des solutions alternatives pour que ces nombreux autres maliens ne viennent pas rallonger la longue liste des maliens qui ont tout perdu et qui broient du noir aujourd’hui. Que les autorités sachent qu’elles sont en train de fabriquer une bombe sociale qui finira par exploser. La crise sociale étant la mère de toutes les crises, elle pourrait arriver à bout de tout régime si elle est mal résolue ou pas résolue du tout.
L’Etat malien va-t-il continuer à négocier avec la société canadienne au grand bonheur des milliers de maliens qui travaillent à la mine d’or de Loulo-Gounkoto ?
Les autorités maliennes ne doivent nullement rompre le fil du dialogue si tant est qu’elles défendent les intérêts du peuple. Que l’on ne se voile pas la face, l’Etat n’a ni les moyens encore moins les stratégies nécessaires pour soulager les 8 milles travailleurs de Loulo-Gounkoto qui vont être mis en chômage après l’arrêt des activités sur le site. Donc si elles n’ont pas de solutions à court et à moyen termes, qu’elles fassent la politique de leurs moyens en négociant afin d’avoir un compromis. Le dialogue est la seule vertu indispensable pour désamorcer la bombe sociale latente. Un compromis sans compromission afin de sauver ce qui pourrait l’être encore, est la seule alternative qui reste à l’Etat malien. Les autorités doivent comprendre que la crise sociale s’exacerbe, donc il serait vraiment utopique de penser qu’on peut continuer à gouverner un pays sur la base de la résilience du peuple. En effet, un contentieux avec ces multinationales peut avoir beaucoup de répercussions. Elles détiennent le cordon de la bourse et peuvent déstabiliser n’importe quel Etat, l’argent étant le nerf de la guerre. Donc l’idéal serait d’être en bons termes avec elles et surtout ne jamais rompre le fil du dialogue.
En somme, un mauvais arrangement ne vaut-il pas mieux qu’un bon procès ? Tout porte à croire que la société minière Barrick Gold portera le contentieux devant les juridictions internationales et nul ne pourrait prédire l’issue d’un tel procès. Dans tous les cas de figure le Mali aura moins de chance de triompher de ces multinationales qui contrôlent l’économie et les finances du monde
Youssouf Sissoko
Source : L’Alternance