Figure de proue du PACP, Barou M’Baye est un jeune leader qui ne fait pas de la demi-mesure concernant les 3 ans du pouvoir IBK. De la gouvernance aux défis sécuritaires, sans oublier la loi électorale faisant débat, rien n’a été omis par celui qui compte rejoindre le pays pour le Congrès de son parti prévu à la fin du mois. Vice-président de la section du parti du soleil levant en France, il fait une sortie fracassante dans l’interview qu’il a bien voulu nous accorder.
Le Point : Quel bilan faites-vous des 3 ans d’IBK ?
Barou M’Baye : Il est catastrophique, car en 2013, les Maliens pensaient avoir fait le bon choix en accordant leur confiance au candidat Ibrahim Boubacar Kéïta afin de résoudre le problème du Nord du Mali. Aujourd’hui, les Maliens se sentent aujord’hui trahis et abandonnés après un pilotage à vue évident dans la gestion des affaires depuis Koulouba. Les 3 années du régime d’IBK se résument à la promotion clanique et familiale, à la corruption, à l’omniprésence du fils Keïta, à l’insécurité, au recul de la démocratie, avec 5 gouvernements à la clé. À mi-mandat présidentiel, nous avons assisté à plusieurs remaniements ministériels, sans réels effets sur la situation du pays, comme s’ils allaient apporter des solutions aux problèmes. IBK savait que son programme relève d’une construction imaginaire séduisante, mais irréalisable. Il a finalement choisi de se doter d’un avion à plusieurs milliards de nos francs, pendant que nos forces armées sont à l’agonie et en manque de moyens nécessaires pour défendre notre Patrie. Le chef de l’Etat l’a reconnu à Ségou dans la foulée des incidents de Nampala, lors de l’hommage national.
Croyez-vous que l’accord pour la paix soit le remède indiqué ?
L’accord pour la paix est une trahison contre le peuple malien. En abandonnant le Nord du Mali aux mains des séparatistes, des milices et des groupes terroristes, le gouvernement et le président ont fait profil bas. Actuellement, c’est une vaste zone de non-droit, malgré la présence des forces de l’Onu et de Barkhane. L’absence de l’Etat dans certaines villes du septentrion est inamissible pour la population malienne. Le Mali ne se limite pas seulement à Bamako, ni à Sébénincoro. Nos compatriotes du Nord vivent dans l’insécurité totale avec attentats, exactions et violations des droits humains. IBK, en tant que garant de la sécurité des Maliens, est le premier responsable. Il a failli à sa mission régalienne : celle de protéger les Maliens et le Mali. Le limogeage du ministre de la Défense confirme mes propos. Sinon, comment comprendre qu’un Etat comme le Soudan, sous embargo depuis des années, parvienne à se doter d’équipements militaires plus que le Mali. Finalement, on doit se demander si la situation actuelle d’insécurité profitera à IBK pour la tenue des élections générales de 2018.
Le giron politique est en ébullition avec le projet de loi électorale. Quelle est votre appréciation ?
À travers l’actuel projet de loi électorale, on voit qu’IBK sera candidat à sa succession en 2018. Avec un bilan catastrophique et une impopularité de plus en plus grandissante, le locataire de Koulouba était dans l’obligation de trouver une solution pour se maintenir au pouvoir en 2018. Se sachant loin des 77% d’il y a 3 ans, l’alternative est donc toute trouvée, car IBK sait pertinemment que partir dans le contexte actuel en élection, sera catastrophique pour lui.
Les dessous du projet de loi, sont clairs : limiter le nombre de candidats à l’élection présidentiel de 2018. Ce projet de loi est un hold-up de la démocratie que nous, les jeunes Maliens, avons chèrement acquis au prix de milliers de morts. Je dirai même plus, un viol de la démocratie malienne et sûrement une source de problème dans un futur dont le pays doit s’en passer.
Avant de songer à la prochaine présidentielle, IBK devrait s’atteler à régler la question du Nord, l’insécurité, la mauvaise gouvernance, l’éducation, la corruption et la pauvreté. Je ne peux critiquer sans faire des propositions qui aideront la Patrie : introduire la limite d’âge pour se présenter aux élections avec un certificat médical pour justifier les aptitudes physiques morales et intellectuelles du candidat.
Propos recueillis par Idrissa Keita
Source: Le Point