Après Barkhane, Takuba, le sort du G5 est définitivement scellé avec le retrait du Mali. Peu à peu, notre pays se débarrasse de la présence militaire française. Une présence décriée depuis des années par les populations maliennes. Entre Bamako et Paris, une page se tourne !
En effet, avec l’annonce, le dimanche 15 mai 2022i, des Autorités de la Transition de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel, y compris la Force conjointe, la France n’a plus d’opération militaire dans notre pays. Cette annonce intervient après celle du retrait le 17 février 2022, des forces Barkhane et Takuba du territoire malien. Retour sur ces opérations militaires qui auront duré pendant de longues années sans résultats tangibles pour la sécurité des populations maliennes.
2014, Serval devient Barkhane
Le 1er août, Serval est remplacé par Barkhane, une opération à vocation régionale forte de 3.000 soldats français au Sahel. Ils seront jusqu’ ‘à 5.100 éléments.
En mai-juin 2015, l’accord de paix dit d’Alger est signé entre le gouvernement et l’ex-rébellion touareg. Jamais appliqué, cet accord reste la référence pour une sortie de crise. Pour la première fois, le 11 février 2021, une réunion du Comité de suivi de l’accord d’Alger de 2015 a eu lieu à Kidal, ville du nord du Mali tenue par des ex-rebelles indépendantistes.
Depuis 2015, les violences se sont propagées vers le sud, puis le Burkina Faso et le Niger voisins. En février 2021, Bernard Emié, patron du renseignement extérieur français, confirme que les pays du golfe de Guinée, notamment le Bénin et la Côte d’Ivoire, sont eux aussi devenus des cibles d’Al-Qaïda.
À partir de 2015 les attaques avec des engins explosifs contre les forces sahéliennes ou étrangères se multiplient. Des lieux fréquentés par des étrangers sont aussi touchés par des attentats.
5100 soldats français sur le terrain contre 3100 en 2014
Au sommet de Pau le 14 janvier 2020, face à la pression djihadiste dans la région de la zone dite des « trois frontières » (Niger, Mali, Burkina), la France décide de passer son dispositif militaire de 4500 à 5100 hommes. C’est le plus grand déploiement de l’armée française à l’étranger depuis la première guerre du Golfe (août 1990-février 1991) avec l’opération Daguet. Outre l’accent mis sur l’EIGS, Barkhane poursuit en 2020 sa politique de “neutralisation” des cadres djihadistes. Le 4 juin, le chef d’Aqmi, l’Algérien Abdelmalek Droukdel, est tué par Barkhane au Mali. Un succès symbolique majeur. En novembre 2020, c’est au tour de Bah Ag Moussa, “chef militaire” du GSIM, d’être abattu. Sur le terrain, notamment dans la zone « des trois frontières », l’armée française a multiplié les opérations coup de poing contre les forces djihadistes avec la participation de plusieurs milliers d’hommes. Ce fut le cas avec l’opération “Bourrasque” en novembre 2020. Durant plus d’un mois, 3 000 soldats de la force Barkhane, des forces armées maliennes et nigériennes, ont mené ensemble une opération d’ampleur dans le Liptako-Gourma, faisant une centaine de morts chez les djihadistes. Du 2 au 21 janvier 2021, plus de 1 500 soldats français ont été mobilisés dans l’opération “Eclipse” dans le centre du Mali. Là aussi, une centaine d’insurgés ont trouvé la mort.
Mais les djihadistes ne laissent pas de répit à l’opération “Barkhane”. L’EIGS tue six humanitaires français en août 2020 au Niger. Et Al-Qaïda poursuit ses attaques : ses hommes tuent cinq soldats français en moins d’une semaine entre fin décembre 2020 et début janvier 2021, et attaquent en février un poste militaire malien, faisant dix morts parmi les soldats…
Suite au changement de régime au Mali en août 2020, la tension ne cesse de monter entre Paris et Bamako. Finalement, le 17 février 2022, la France et ses alliés annoncent le retrait de barkhane et takuba.
TAKUBA, une force morte née !
Le 27 mars 2020, les gouvernements de la Belgique, de la République tchèque, du Danemark, de l’Estonie, de la France, de l’Allemagne, du Mali, du Niger, des Pays-Bas, de la Norvège, du Portugal, de la Suède et du Royaume-Uni publient une déclaration politique exprimant leur soutien à la création d’un groupe de travail intégré au commandement de l’opération Barkhane (menée par la France au Sahel et au Sahara) et visant à lutter contre les groupes terroristes dans la région du Liptako (une vaste région historique située aux frontières entre le Burkina Faso, le Niger et le Mali). La task force est constituée et prend le nom de Takuba ; signifiant sabre en tamasheq, une langue touarègue ; elle a pour buts de conseiller, assister et former les forces armées maliennes.
Le 17 février 2022, les alliés européens annoncent un retrait coordonné du Mali. Ce retrait fait suite, à la demande le 24 janvier 2022 du gouvernement malien au Danemark de retirer ses 90 soldats. Le gouvernement malien indique que ce déploiement est intervenu sans son consentement et sans considération du protocole additionnel applicable aux partenaires d’opérations européens devant intervenir au Mali, dans le cadre de la Force Takuba, lequel prévoit la conclusion d’un accord bilatéral entre la République du Mali et les pays partenaires.
G5 Sahel, une force non opérationnelle
Le Mali a annoncé, dimanche 15 mai 2022, se retirer du G5 Sahel et de sa force militaire anti-djihadiste, formée avec la Mauritanie, le Tchad, le Burkina Faso et le Niger. Huit ans après sa création, l’avenir de cette organisation régionale, lancée pour tenter d’endiguer la menace terroriste qui ne cesse de gagner du terrain au Sahel, semble remise en cause.
Force est de constater que cette force n’a jamais semblé être en capacité de jouer son rôle : lutter contre le terrorisme
En effet. Le G5 sahel créé lors d’un sommet du 15 au 17 février 2014 par cinq États du Sahel : Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad n’a jamais trouvé sa place dans le dispositif de lutte contre le terrorisme.
Cette force a été dès le départ handicapé par des difficultés majeures. Au nombre desquels les difficultés financières. Les multiples financements a annoncés par l’Union européenne, les États-Unis et les 5 pays du G5 Sahel afin de renforcer la force armée africaine au Sahel et d’intensifier la lutte contre le terrorisme dans la région n’ont jamais vues le jour où ont été au compte goute. Et la force du G5 Sahel n’a jamais été réellement opérationnelle. Les premiers éléments ont participé à quelques opérations avec Barkane, mais leur présence n’était pas significative. Il faut enfin que le G5 était soutenu par la France.
Mémé Sanogo
Source: L’Aube