En janvier 2013, les maliens sont sortis massivement pour accueillir comme des héros les soldats français qui ont fortement contribué à la libération des régions Nord du pays et à stopper l’avancée des mouvements indépendantistes et djihadistes vers le centre. Cette opération (SERVAL) plébiscitée par les maliens en 2013, a subitement changé de nom pour devenir Barkhane avec de nouvelles missions.
Lancée le 1er Aout 2014, l’opération s’est inscrite au cœur de la politique étrangère française dans le sahel avec une stratégie qui « vise à ce que les Etats partenaires acquièrent la capacité d’assurer leur sécurité de façon autonome. Elle repose sur une approche globale (politique sécuritaire et de développement) dont le volet militaire est porté par l’opération Barkhane.» (Dossier Presse opération Barkhane, décembre 2017).
Cependant, face à la montée en puissance des groupes terroristes qui opèrent facilement dans la bande sahélo-saharienne, nombreux sont ceux qui ont déploré la passivité des forces françaises dotées de moyens (opérationnels et tactiques) redoutables et dont la mission principale serait de lutter directement contre le terrorisme.
Une possible accointance entre les rebelles Touaregs et les terroristes ?
Comme dans un film hollywoodien, les maliens ont cru à une force libératrice avant de se rendre compte de l’inertie des troupes françaises sur le théâtre des opérations (quiproquos sur l’entrée des forces armées maliennes à Kidal en 2013).
Sous prétexte de protéger une certaine minorité au Nord du pays, les forces françaises sur le terrain confondent certainement, les rebelles Touaregs aux terroristes réunis dans le « Groupe de Soutien à l’islam et aux Musulmans » dirigé par Iyad Ag Ghali ou « l’Etat Islamique du Grand Sahara ». Et pourtant, dans le dernier rapport trimestriel remis au conseil de sécurité par Antonio Guterres, le Sécretaire Général des Nations-Unies laisse entendre que « la Minusma a reçu des informations selon lesquelles les deux groupes agissaient en parallèle et probablement en collaboration ».
Certaines indiscrétions font état de l’engagement des dignitaires de la CMA et le HCUA aux cotés des groupes terroristes.
Pis, un notable résidant au Nord confia « depuis le retour de la CMA des Etats-Unis, on dénote plusieurs réunions des rebelles avec leurs alliés djihadistes et qui se proposent de mener des opérations de harcèlement contre les positions des FAMAS afin d’exiger une fédération ».
La fausse neutralité de Barkhane dans la lutte contre le terrorisme (qui ne veut pas s’immiscer dans le conflit entre l’armée malienne et les groupes rebelles), est en réalité un camouflet pour les autorités et forces militaires maliennes. Ce qui justifie par ailleurs, la prise de parole d’un haut responsable du ministère de la défense malien affirmant avec certitude, que « dans la nuit du 23 au 24 octobre 2017, onze soldats maliens, otages de djihadistes, ont été tués par erreur lors d’un raid de la force Barkhane ».
Ainsi, la réaction indolente de la force Barkhane face aux attaques sporadiques des fous de Dieu contre les camps militaires des « FAMAS », intensifie les doutes sur les véritables intentions des français qui sont les premiers à dénoncer les abus des soldats maliens mais assistent inlassablement aux combats contre les forces du mal sans y intervenir.
Ceci étant, il urge pour les autorités maliennes d’appréhender sérieusement la situation de cette France à double casquette qui, d’un coté, aide « le Mali » à la formation et à l’acquisition de matériels militaires mais trainent les pattes quand il s’agit de secourir un allié stratégique.
La recrudescence des attaques terroristes notamment à Boni, SOUMPY et Ménaka entrainant plusieurs cas de pertes humaines, représente une motion de défiance contre la France et le G5 Sahel.
Comme un vœu pieux, la lutte contre le terrorisme mise en avant par les forces étrangères et particulièrement celle de la France, attise les foudres des mouvements terroristes vers les pays du Sahel plutôt que de les dissuader. Face à ces enjeux, la France à travers l’opération Barkhane, doit éclaircir sa position et agir en symbiose avec les autorités maliennes.
Au Sahel, la lutte contre le terrorisme et le fondamentalisme religieux est un combat périlleux qui nécessite une stratégie commune, des opérations convergentes et des moyens colossaux pour une victoire éclatante sans quoi, nous ne cesserons de compter les victimes.
Karim Agaly CISSE
Doctorant en Droit Privé
Sciences Criminelles
La rédaction