Depuis qu’il a quitté la Maison Blanche, il est resté discret, se gardant de critiquer frontalement Donald Trump: Barack Obama remet pour la première fois le pied dans l’arène politique américaine jeudi. L’ancien président démocrate est attendu à deux réunions de campagne, la première dans l’Etat du New Jersey, à côté de New York, la seconde 500 kilomètres plus au sud, en Virginie.
On ignore ce que va dire Barack Obama, dont le bilan de huit ans à la Maison Blanche fait l’objet d’une entreprise de démolition par son successeur. Depuis qu’il a quitté ses fonctions le 20 janvier, le premier président noir des Etats-Unis s’est tenu à l’écart du débat politique, fidèle à une tradition de réserve observée par ses prédécesseurs.
Silence rarement brisé
Après s’être offert trois mois de vacances, M. Obama s’est attelé à la rédaction de ses mémoires, n’a que peu parlé en public et n’a donné pratiquement aucune interview. Les quelques fois où il a estimé devoir briser ce silence, il l’a fait sur des sujets d’importance nationale, comme l’immigration, la couverture santé ou la lutte pour le climat. Mais en retrouvant jeudi une ambiance de meeting face à des militants démocrates auprès desquels il a conservé une excellente cote, le 44e président américain pourrait être tenté de planter quelques banderilles dans l’échine de Donald Trump, qui lui ne se prive pas d’éreinter publiquement M. Obama.
Dans le New Jersey, le poste de gouverneur semble promis au démocrate Philip Murphy, qui succéderait au républicain Chris Christie, un ancien proche de M. Trump à l’image dégradée et à l’impopularité record en fin de mandat.
“Les démocrates ont devant eux une autoroute pour remporter le New Jersey, donc seule la Virginie fait l’objet d’une lutte disputée”, confirme Larry Sabato, qui enseigne justement à l’université de Virginie. La Virginie est un Etat pivot, le seul Etat du Sud historique remporté par Hillary Clinton en 2016. Son importance est renforcée par sa proximité géographique avec la capitale fédérale, Washington.
Scrutin test
“Si le Grand Old Party perd en Virginie, Trump sera largement tenu pour responsable”, analyse M. Sabato. En revanche, “si les républicains remportent le poste de gouverneur, alors Trump ne sera pas vu comme un boulet pour le parti en 2018”.
A Richmond, capitale de la Virginie et ancienne capitale des Etats confédérés, M. Obama soutiendra jeudi soir le candidat démocrate Ralph Northam. Cet ancien médecin militaire était crédité mercredi par un sondage Quinnipiac d’une légère avance dans la course l’opposant au républicain Ed Gillespie.
La venue de M. Obama dans ce centre d’affaires dynamique de plus de 220.000 habitants a suscité mercredi des longues queues pour obtenir un billet pour le meeting public.
Bien conscient de l’importance de ce scrutin dans sa stratégie de conserver sa majorité au Congrès, le président Trump a lourdement accusé Ralph Northam de lutter pour un gang de criminels hispaniques en soutenant des villes offrant un sanctuaire aux clandestins. Quant à Ed Gillespie, un ancien conseiller de George W. Bush devenu un lobbyiste millionnaire, il a pour l’instant conservé une distance prudente avec l’imprévisible président républicain, qui lui a pourtant apporté son soutien officiel.