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Barack Obama échouera-t-il à fermer Guantanamo?

C’était une de ses promesses électorales en 2008. Barack Obama voulait fermer Guantanamo, une prison à la fois coûteuse et contraire aux droits de l’homme. Le président américain a peu de chances de réussir à mettre à exécution son plan de fermeture du 23 février dernier avant le terme de son deuxième mandat. Appels sur l’actualité revient sur l’histoire de cette prison hors norme et résume les différents scénarios qui pourraient advenir après le 20 janvier 2017.

guantanamo prison americaine

Quelles sont les positions respectives de Donald Trump et d’Hillary Clinton à ce sujet ?
En résumé, Donald Trump veut maintenir Guantanamo mais sans dépenser un centime. Hillary Clinton est sur la ligne de Barack Obama, elle veut fermer le camp de détention et transférer les prisonniers considérés comme les plus dangereux dans des prisons de haute sécurité sur le sol américain.

Quelle est la genèse de cette prison militaire de Guantanamo ?
La prison militaire de Guantanamo a été ouverte en janvier 2002 après les attentats du 11-Septembre 2001 aux Etats-Unis. C’est une création de l’ère du président George W. Bush, qui a placé dans cette base militaire américaine, sur l’île de Cuba, ce qu’il a appelé non pas des prisonniers de guerre, mais des « combattants illégaux – ou combattants ennemis », termes qui n’existent pas dans le droit international humanitaire. Ces prisonniers ont pour la plupart été transférés d’Afghanistan, mais aussi du Yémen, d’Irak et d’autres pays.

Quel a été le traitement réservé à ces prisonniers ?
Ces prisonniers ont été torturés, maltraités pendant des années, avec privation de sommeil, vexations permanentes, nourris de force lorsqu’ils étaient en grève de la faim… Des détentions indéfinies, souvent sans procès ou devant des cours militaires spéciales à huis clos. Au plus fort de l’utilisation de ces camps de détention, quelque 700 personnes y ont été enfermées. Guantanamo était devenu le symbole du trou noir juridique, du non-respect du droit international humanitaire, une tache contraire aux valeurs de l’Amérique, une honte, une « abomination morale » pour un pays qui se dit champion de la démocratie. Et aussi un outil de recrutement pour les jihadistes… Du coup, Barack Obama avait promis de fermer Guantanamo, c’était l’une de ses promesses de campagne dès 2007. Selon lui, cette prison est contraire aux valeurs américaines et constitue un outil de recrutement dans la propagande des terroristes.

Combien reste-t-il de détenus ?
Aujourd’hui, il reste 80 prisonniers à Guantanamo. La grande majorité des détenus ont été déclarés « libérables », même sous l’administration Bush. Obama a accéléré les transferts d’ex-prisonniers vers des pays qui les ont acceptés sur leur sol : Arabie saoudite, Afghanistan, Pakistan, Algérie, Yémen, Albanie, France, Uruguay… Et sur les 80 qui restent à Guantanamo, seule une dizaine a été jugée. Les autres sont en attente de procès ou de libération. Selon le secrétaire d’Etat à la Défense, la moitié d’entre eux ne peuvent pas être libérés, car trop dangereux. A la fin de l’année, il pourrait encore en rester une soixantaine. Le gouvernement cherche un lieu pour les transférer dans une prison de haute sécurité aux Etats-Unis et fermer enfin le camp de Guantanamo, mais le Congrès s’y oppose.

Hillary Clinton propose-t-elle la même chose que Barack Obama ?
La candidate à l’investiture démocrate, Hillary Clinton, assure qu’elle soutient la position de Barack Obama. Le président américain a proposé en février dernier un nouveau plan pour fermer le camp de détention de Guantanamo en transférant les prisonniers considérés à haut risque dans des prisons de haute sécurité sur le territoire américain : 13 lieux dits « super Max », à Charleston, en Caroline du Sud, dans le Kansas ou dans le Colorado… Après sa présentation, Hillary Clinton a déclaré : « Tout ce que j’espère, c’est que le Congrès travaillera avec nous dans ce sens ». Le dossier est épineux, d’autant que le Congrès ne risque pas de changer d’avis, même en ce qui concerne la détention illimitée sans procès pourtant contraire à toutes les règles de procédure. Du coup, Obama a aussi utilisé l’argument financier en février : « Nous pouvons assurer notre sécurité [en enfermant les plus dangereux dans des prisons de haute sécurité sur le sol américain], tout en faisant économiser beaucoup d’argent aux contribuables américains », a-t-il dit. En clair : cela coûtera moins cher de les enfermer sur le sol américain.

Et qu’en dit le candidat républicain Donald Trump ?
Donald Trump ne prend pas de gants. Il promet tout simplement le contraire d’Obama : conserver Guantanamo comme camp de détention pour les plus dangereux terroristes. Hors de question de les enfermer sur le sol américain, il faut les garder le plus loin possible. « Nous allons remplir le camp », a même déclaré Trump en février, juste après qu’Obama a déposé son plan de fermeture du camp. Et sur les questions d’argent, il est catégorique : « Guantanamo coûte 40 millions de dollars par mois pour moins de 100 détenus… Moi, je ne dépenserai pas 5 millions. Rien du tout ! » Pourtant, en 2007, le candidat républicain à l’élection présidentielle, John McCain, avait rejoint l’avis de Barack Obama : il fallait fermer Guantanamo. Une position qu’il avait adoptée après avoir rencontré un combattant d’al-Qaïda arrêté en Irak, qui lui avait dit que ces tortures infligées par les militaires américains avaient fourni des arguments aux jihadistes qui s’en servaient pour recruter. La torture, encouragée par les Américains à cette période, a aussi permis à d’autres pays de s’en prévaloir pour éliminer les gêneurs, notamment les opposants. Mais en février, John McCain a critiqué un plan qu’il juge trop vague, et notamment « l’absence de réponse sur où transférer les détenus, sur le coût » ; rien de concret.

Conclusion, Guantanamo a peu de chances de fermer avant le 20 janvier, lorsqu’Obama quittera la Maison Blanche.
Peu de chances, oui. Barack Obama veut croire que le Congrès, malgré cette année électorale, se penchera tout de même sur le projet de fermeture de Guantanamo qu’il a présenté en février. Que peut-il faire de plus ? Il pourrait forcer la main au Congrès en légiférant par décret. Peut-être l’annoncera-t-il juste avant de quitter la Maison Blanche.

 

Source: RFI

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