Les dirigeants de banques et établissements de crédit d’Afrique, réunis à Bamako durant trois jours pour la 31è édition de leur Réunion annuelle, explorent les voix et moyens devant leur permettre de s’adapter aux nouvelles contraintes réglementaires imposées par les régulateurs
En se retrouvant au bord du fleuve Djoliba, les banquiers africains vont réfléchir aux mécanismes permettant de s’adapter aux nouvelles directives. C’est ainsi qu’ils échangeront sur le thème général : «Les banques africaines face aux nouvelles contraintes réglementaires».
Parlant du choix du thème de la rencontre, la présidente du Club des dirigeants de banques et établissements de crédit d’Afrique a soutenu : «Notre fonction essentielle de financier est de plus en plus limitée par le respect des règles qui nous imposent toujours plus de prudence, de ratio de solvabilité, de respect de la conformité qui évolue chaque jour». Mme Aissata Koné Sidibé, qui est aussi la directrice générale de Coris Bank Mali, a ajouté que ces nouvelles contraintes règlementaires visent à mettre de la transparence dans les actions. « Mais elles posent des problèmes de familiarisation avec les règles et leur respect, a-t-elle fait remarquer. Outre nos obligations commerciales et notre rôle dans le financement du développement, nous finançons près de 90% des entreprises africaines».
Le directeur national de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a apporté des éclairages sur les nouvelles directives en question. À ce propos, Konzo Traoré a expliqué que pour le Mali, les opérations étaient régies jusque-là par les règles de Bâle. Maintenant, ce sont celles de Bâle II et Bâle III qui régissent le secteur, précisera-t-il, ajoutant que les nouvelles contraintes réglementaires se rapportent à un peu plus d’exigence en fonds propres.
Par exemple, le ratio de solvabilité qui était à 8%, doit passer progressivement à 12,5% sur un horizon de cinq ans, à compter de 2018. «Chaque année, les banques sont obligées d’augmenter leurs fonds propres en augmentant le capital. Il y a aussi les ratio de liquidité, en plus de la division des risques. Avant, vous pouviez donner 75% de vos fonds propres à un seul client. Depuis 2018, vous ne pouvez plus donner que 25% de vos fonds propres à une seule signature. Cela vous limite dans le financement d’un gros client», a illustré M. Traoré.
Un gros client peut avoir besoin de 5 milliards de Fcfa. Si ce montant dépasse 25% des fonds propres de la banque, elle seule ne pourra pas apporter le financement, a-t-il précisé, ajoutant par ailleurs que les exigences nouvelles demandent d’éviter d’avoir trop de proximité entre le directeur général et les membres du conseil d’administration. «Ces contraintes visent à solidifier les banques. On a vu qu’il y a eu trop de laxisme. Pour nous, ces contraintes n’ont pas d’inconvénients. Il suffit juste de s’adapter», a invité Konzo Traoré.
Toutefois, le financement de l’économie nationale dans le nouveau contexte réglementaire reste une grande préoccupation des pouvoirs publics et des autorités monétaires qui, par ailleurs, œuvrent inlassablement au quotidien, pour susciter l’accroissement des financements bancaires et, par ricochet, une inclusion financière durable des populations, a indiqué le Premier ministre, en procédant à l’ouverture officielle de la rencontre. Il s’agit en particulier, des moyens d’assurer la promotion d’une épargne stable et sécurisée, le financement adéquat des besoins des agents économiques, le développement de services et produits bancaires innovants, diversifiés et adaptés aux besoins de l’économie et des populations, a insisté Dr Boubou Cissé.
En la matière, «il nous faut nous organiser autrement pour répondre aux défis importants qui se dessinent à l’horizon», a exhorté le ministre de l’Économie et des Finances qui faisait allusion à la création de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlec), en cours avec la poursuite des ratifications. Pour le chef du gouvernement, la Zlec sera décisive pour le continent africain dans le renforcement des économies, le soutien à l’innovation, la création d’emplois et plus globalement dans la réalisation d’une croissance inclusive durable. Surtout que la décision des chefs d’État et de gouvernement de créer, à l’horizon 2020, cette Zone de libre-échange continentale africaine constitue un important défi à relever ensemble, a souligné le Premier ministre Cissé. Il faut rappeler que la Zlec s’étendra sur un marché de 1,2 milliard de personnes, représentant un produit intérieur brut de 2.500 milliards de dollars pour l’ensemble des 55 États membres de l’Union africaine.
Le président de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers (APBEF), Bréhima Amadou Haïdara, directeur général de la Banque de développement du Mali (BDM SA), a témoigné que les régulateurs ont le souci de l’équilibre des activités financières.
Cheick M. TRAORÉ
Source: Essor