Ils sont femmes, enfants et vieilles personnes contraints à abandonner leur terroir à cause de la barbarie des groupes terroristes. Ces individus proviennent des villages de Garou Ley, Bodio, Ouo, Diallo, Songobia, Parou, entre autres, pour se réfugier dans la ville de Bandiagara où ils ont été accueillis par les services sociaux de l’État dans les écoles et autres camps de fortune.
En cette période hivernale, ces déplacés vivent dans des conditions qui laissent à désirer comme décrit par Amadou LOUGUE, le président de l’Association des jeunes de Bandiagara, joint par nos soins.
« Le cas de ces nouveaux déplacés est un peu délicat, puisque la ville de Bandiagara accueille déjà des centaines de déplacés depuis trois ans. Donc, ces nouveaux venus n‘étaient pas prévus dans le programme. Ce qui fait que la tâche devient difficile aux autorités sur place », a indiqué M. Amadou LOUGUE, tout en déplorant leur condition d’accueil loin d’être acceptable.
« Ils ont certes été accueillis, mais dans des conditions très difficiles. La plupart d’entre eux dorment à l’air libre affrontant les intempéries, en cette saison de pluie », s’est-il indigné.
Selon lui, ces déplacés, en plus de s’adapter à cette nouvelle vie, manquent de tout et ont besoin de moustiquaires, de couchettes, d’habits, de savons, de nourritures, entre autres.
Pour venir en aide à ces personnes vulnérables, des jeunes organisent une chaine de solidarité en les apportant souvent des appuis qui sont insuffisants pour satisfaire leur besoin à l’absence de la prise en charge de l’État.
Un déplacé sous l’anonymat interpelle les plus hautes autorités en les accusant de les avoir laissés à leur triste sort alors qu’ils éprouvent des besoins essentiels pour leur survie.
« C’est à contrecœur que nous avions quitté nos villages en cette période de culture. Nous avions quitté nos champs, parce que nous sommes tués, persécutés et dépossédés de tous nos biens par des djihadistes », a affirmé notre interlocuteur au bout du fil.
Dans leur fuite, sans assistance sécuritaire, notre interlocuteur raconte leur calvaire pour joindre la ville de Bandiagara. Tout au long du trajet, dit-il, c’était la peur de tomber sur des groupes terroristes ou d’être suivis par eux.
Ce voyage de survie a été organisé parce que c’était leur seul espoir et moyen de rester en vie, a-t-il souligné. Un choix difficile signale tout de même le déplacé. Une autre difficulté était de voir des membres de la famille se séparer pour peut-être ne jamais se revoir.
« Nous avions privilégié les femmes, les enfants et les vieilles personnes pour effectuer ce voyage », a précisé notre source.
Si le déplacement s’est déroulé dans les conditions très difficiles, l’accueil dans les camps et autres espaces publics à Bandiagara n’est pas moins satisfaisant.
« Ici les conditions sont pires », a-t-il alerté, tout en appelant les autorités de leur apporter leur soutien.
Quant au Préfet du Cercle de Bandiagara, non moins le Président du comité de pilotage d’accueil de ces déplacés, il n’a pas voulu se prononcer sur les conditions dans lesquelles se trouvent les déplacés depuis leur arrivée.
Par ailleurs, le président de l’Association des jeunes de Bandiagara a lancé un appel aux personnes physiques et morales de bonne volonté, pour venir en aide à tous les déplacés de la région de Bandiagara, qui vivent, selon lui, le calvaire au quotidien.
Il a également rassuré les autorités de la transition de leur soutien, malgré les contestations qui se sont manifestées à travers différents mouvements de protestation.
«Nous ne manifestons pas parce que nous sommes contre le gouvernement, mais pour partager nos souffrances. Les habitants du pays dogon ont presque tout perdu. Bétails, greniers, maisons, champs. Souvent, nous sommes seuls face aux terroristes qui font de nous ceux qu’ils veulent. Sinon, nous sommes dans la dynamique de la République. Qu’ils se rassurent, on est ensemble », a précisé Amadou LOUGUE.
PAR CHRISTELLE KONE