Interdite par l’autorité administrative de la ville de Bamako pour des raisons de sécurité sous cette période d’état d’urgence, la marche de protestation organisée par le président du Haut Conseil Islamique, Mahmoud Dicko avec la bénédiction du chérif de Nioro, s’est finalement tenue, dans l’après-midi du vendredi 5 avril sans incidents majeurs. Des manifestants résolus fermement de plonger la capitale malienne dans le chaos, ont voulu se jouer des nerfs des agents de forces de l’ordre et de sécurité par des actes de provocation. Mais hélas ! Ils ont eu en face d’eux, des éléments (agents de forces de l’ordre et de sécurité) professionnels, qui n’ont aucunement tombé dans leur piège.
Jets de cailloux, insultes grossières, casse des panneaux et feux de circulation, dressage de barricades avec des pneus en flamme, tentative d’attaque du domicile du Premier ministre. Tout a été tenté par une partie des marcheurs pour inciter la sécurité à troubler la quiétude publique, mais sans succès. Cela, tout simplement grâce à la retenue et au professionnalisme des agents de force de l’ordre et de sécurité, pourtant en grand nombre et bien équipés ce jour-là.
En effet, pour répondre à l’appel de l’imam Dicko les manifestants sont massivement sortis, vendredi. La plupart d’entre eux en tenue de prière, les femmes couvertes de niqab et les hommes en tunique, avec de longue barbe mouillée de sueur. Tous, sous un soleil de plomb de cette saison chaude qui sévit.
Bien conscientes de la situation sécuritaire du pays, les autorités publiques n’ont pas failli à leur rôle de garantes de la sécurité des citoyens. Malgré le sceau illicite de l’activité (non autorisée par le Gouverneur de Bamako), elles ont déployé plusieurs centaines d’agents de forces de l’ordre et de sécurité pour encadrer cette manifestation.
Ce mérite revient au ministère de la Sécurité Intérieure et de la Protection Civile, de la Direction du Service des Renseignements et du ministère de la Défense et des Anciens Combattants.
Pour faire face à la menace qui planait sur la ville de Bamako, un dispositif sécuritaire costaud et impressionnant a été mis en place par les autorités. Parmi les éléments visibles sur le terrain, il y’avait de la police, de la garde nationale, de la gendarmerie et de la protection civile.
Ce dispositif mis en place depuis le matin aux endroits indiqués, visait dans un premier temps à dissuader les manifestants. Cependant, son plan ‘’B’’, était de les encadrer en tout professionnalisme afin de limiter tout débordement. Pari gagné !
Après la prière du vendredi, les manifestants ont commencé à occuper l’esplanade de la Bourse du travail. Certains ont d’ailleurs prié sur place. Déjà, aux environs de 14h00, cette place jusqu’au monument de l’indépendance était inondée de monde. Plus de 10 000 manifestants et même plus, selon certaines statistiques.
Intelligemment, les agents de force de l’ordre et de sécurité optent à la mise en œuvre du plan ‘’B’’. C’est dans ce cadre que certains engins préalablement installés pour dissuader ont été retirés.
Au niveau du moment du carrefour des grottes (monument de l’Hippopotame) en provenance de la Bourse du Travail, des manifestants ont commencé à déchainer aux environs de 15h 00 mn. Au-delà des cris de ‘’ Allah Ahkbar’’ l’on pouvait aussi attendre des insultes grossières à l’encontre des forces de sécurité et de l’ordre.
Ces derniers, matures, responsables, professionnels, mais surtout conscients de la délicatesse de leur mission, ont fait preuve de vigilance, en restant sur leur garde. Ce comportement n’a pas été du gout de certains badauds parmi les manifestants, qui voudraient coûte que coûte en découdre avec les hommes en tenue. Objectif : leur contraindre à riposter. Sans quoi, ils seront la cible des jets de cailloux et des sachets d’eau. Comme si cela ne suffisait pas, des manifestants n’ont pas hésité à franchir le rubicond en procédant au dressage des barricades avec des pneus enflammés sur les voix et la destruction des panneaux et feux de signalisation, sur le long de la voie menant à Koulouba, à partir de l’échangeur Babemba. Mais, toujours sans succès. Cela tout simplement, en raison de la posture professionnelle des agents de sécurité en faction. Qui ont été obligés, plusieurs heures après l’évènement de disperser quelques récalcitrants, par des jets de gaz lacrymogène.
N’eut été cette réaction professionnelle des forces de l’ordre, qui aurait pu estimer les conséquences des actes prémédités de certains perturbateurs?
En tout cas, grâce à eux, la ville Bamako a été sauvée d’un autre vendredi noir.
Par Moïse Keïta
Source: Le Sursaut