La ville de Bamako croule de plus en plus sous les ordures. Il n’est plus surprenant de voir les déchets liquides et solides nagés sur les voies publiques à chaque pluie. Dans certains quartiers comme Niaréla, Bozola, Djikoroni-Para, entre autres, des familles sont fréquemment envahies par des eaux usées et celles de pluie, à cause de l’absence de caniveaux ou tout simplement parce que ces caniveaux sont inappropriés et mal curés. Pire, la ville de Bamako ne dispose pas à présent de station de traitement de boues de vidange. Une situation qui ternit sérieusement l’image de la ville à tous les niveaux.
Jadis coquette, la ville de Bamako a, aujourd’hui, tous les signes qui font d’elle une capitale sale. D’abord dans les domiciles, les déchets liquides et solides sont difficilement évacués comme il se doit. Car dans la plupart des cas, ces déchets sont transportés à l’aide de charrettes qui, à leur passage, couvrent les voies principales et secondaires de la ville, de déchets.
Si les grandes voies sont souvent balayées, il n’en est pas de même pour les voies secondaires. A ces ordures abandonnées par les collecteurs dans les rues, s’ajoutent également les eaux usées des familles, dans certains quartiers. Dans la plupart des marchés de Bamako, les tas d’ordures rivalisent avec des marchandises comme les légumes et les fruits. Une situation d’insalubrité extrême qui dépasse l’entendement.
Une fois déversés dans les décharges de transits, ces déchets peuvent passer des mois sans être acheminés vers les décharges finales. « Le mieux serait de fermer définitivement cette décharge de Lafiabougou qui se trouve désormais au centre de la ville de Bamako. Franchement, elle est devenue insupportable. Impossible de vivre à côté de ces ordures malodorantes qui polluent en permanence l’air de la zone. Ces ordures nous causent d’énormes problèmes et nuisent à notre santé », a témoigné Aboubacar Attaher Maïga, riverain de la décharge de transit de Lafiabougou en Commune IV du District de Bamako.
Selon lui, à défaut de la fermer, il faut trouver des équipements adéquats pour mieux gérer ces ordures.« Sinon à cause de ces déchets éparpillés partout, les moustiques et les mouches sont devenus nos colocataires de tous les jours », a-t- il ajouté.
Pour Dounatié Dao, président la Coalition Nationale, Campagne Internationale pour l’Eau potable et l’Assainissement (CN-CIEPA /WASH), aujourd’hui le constat est triste à Bamako. « Le constat est triste, il est amer et je vais dire qu’on n’a pas besoin d’être un spécialiste du secteur pour savoir que c’est une situation qui est assez malheureuse pour la population et l’environnement. C’est une situation qui impacte et dégrade l’environnement et la santé humaine. Des dépôts qui étaient censés être des dépôts de transit et qui devrait recevoir des ordures pour un séjour maximal de 72 heures, sont finis par devenir aujourd’hui des dépôts finaux. Vous constatez aujourd’hui avec nous que tous ces dépôts qui sont là sont destinés à être de nature des dépôts finaux et ça déborde sur les routes, ça bouche les caniveaux qui ne sont pas non plus curés. Donc, tout cela est dû à une insuffisance de planification de financement à l’endroit de l’assainissement dans ses deux volets, à savoir : l’assainissement solide et l’assainissement liquide », a-t-il expliqué.
Le Gouvernement sur le blanc des accusés !
Selon Djénéba Konaté, vendeuse au marché de Médine, cette situation est due à la mauvaise volonté politique du Gouvernement. « C’est seulement en transformant les ordures que l’on peut réussir à rendre la ville de Bamako coquette », a-t-elle souligné.
Toujours pour Dounatié Dao, dans la ville de Bamako, il n’y a pas de dépôt de transit digne du nom. « Aucun dépôt de Bamako ne répond aux normes d’un dépôt de transit et imaginez que Bamako n’a pas un dépôt final, donc c’est très difficile à comprendre. La décharge de Noubougou qui était supposée être une décharge finale ne répond pas non plus aux normes d’une décharge finale. Aujourd’hui, Bamako n’a pas encore des stations de traitement de boues de vidange. Ces déchets, on va les déverser dans la nature, ce qui contribue davantage la dégradation de l’environnement », a-t-il ajouté.
Selon lui, transporter les ordures et les déposer hors de Bamako n’est pas la solution. « Ce n’est que déplacer le problème. L’Etat doit financer le sous-secteur assainissement. Quoi qu’on dise, aussi longtemps que nous n’aurons pas un financement conséquent dans le cadre de la réalisation d’infrastructures dignes de ce nom et répondant aux normes, rien ne marchera. Après cela, il doit y avoir forcément un changement de comportement du citoyen qui doit soutenir les efforts du pouvoir public en matière de gestion de l’assainissement pour le bien de tout le monde », a-t-il déclaré.
Ozone, le problème !
Selon le président la Coalition Nationale, Campagne Internationale pour l’Eau potable et l’Assainissement (CN-CIEPA /WASH), l’entreprise Ozone dont la mission était d’aider les autorités à assainir la ville, a fini par être elle-même un problème. « Il faut appeler un chat, un chat. La manière dont Ozone est venue, n’était pas la meilleure. Les contrats ont été mal conçus et la fonctionnalité a posé problème et continue de poser problème. Le statu quo n’est plus tenable. Donc, il faut rediscuter carte sur table, pour savoir sur quel pied danser sinon la situation actuelle n’est pas tenable.»
Toutefois, Dounatié Dao estime que l’entreprise Ozone n’est pas forcément la seule responsable de la situation qui prévaut. « Elle n’est pas venue d’elle-même, elle est venue sous la responsabilité, sous l’accord de nos autorités publiques et la responsabilité se situe toujours à ce niveau. Sinon Ozone a fait ses preuves ailleurs mais pourquoi n’est-ce pas le cas ici ? C’est donc dû au fait que les choses ont été mal ficelées au départ et nous sommes en train d’être victimes de cette situation », a-t-il expliqué.
Amadou Basso et Fatoumata Dicko Diako
Source: Ziré-Hebdo