Les deux dernières semaines à Bamako sont marquées par des ballets des autorités politiques et militaires françaises au nom d’une coopération bilatérale. L’engouement de Paris pour Bamako interroge davantage.
Le lundi 02 novembre 2020, qui marque la visite dite de travail au Mali de la ministre française des Armées, Florence Parly, a été le point d’orgue de ces ballets. Reçue en audience par le Chef de l’Etat, Bah N’DAW, la ministre française a réitéré l’engagement de son pays à accompagner le Mali dans la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issue du Processus d’Alger et «achever la lutte contre le terrorisme» et l’extrémisme violent.
Selon Mme Parly, les résultats opérationnels du travail militaire sur le terrain sont réels. Car « l’Armée française a neutralisé plus de 50 djihadistes, soit l’équivalent d’un katiba dans la zone de Boulkessi près de la frontière Burkinabè, et aussi récupéré une quantité importante d’armes et du matériel ».
Et Florence Parly de raisonner l’opinion publique malienne en ce que concerne la présence militaire française au Mali : « La France n’a pas d’objectifs cachés au Mali, encore moins la volonté de s’y éterniser. Nous sommes présents à la demande des autorités maliennes. Nous sommes conscients que nos deux pays ont un objectif commun. Le Mali reste un Etat souverain ».
A en croire le ministre Florence Parly, ‘’il est important pour le Mali de disposer de force en mesure de faire face aux groupes armés terroristes capable de régénérer dans le temps’’. Le retour des armées sur l’ensemble du territoire est un préalable au retour des administrations, il importe que les armées réinvestissent leurs emprises dans les régions menacées, a-t-elle laissé entendre.
Elle a aussi félicité la montée en puissance de la Force Conjointe du G5 sahel, qui a enregistré des succès opérationnels dans la zone du Liptako Gourma. Pour conclure, la ministre française des Armées a déclaré, que la lutte contre le terrorisme dans laquelle l’Opération barkhane est engagée au côté des forces armées des pays du G5 sahel continue.
Une autre visite de travail, pas des moindres, est celle du Commandant du contingent français au Sénégal à l’Etat-major de la garde nationale, le mardi 5 Novembre suivant. Le Général de Brigade Michel Delpi a évoqué avec le colonel Elysée Jeans Dao les défis sécuritaires au Mali et dans les pays du Sahel. « Au cours de cette prise de contact, le commandant du contingent français au Sénégal, le Général Delpi a défini la feuille de route en matière de partenariat entre ce contingent français au Sénégal et la Garde nationale du Mali. L’objectif final recherché c’est de progresser et avancer régulièrement de manière à contribuer à la sécurité au Mali et sur l’ensemble des pays du G5 Sahel », précise les sources sécuritaires.
Une semaine auparavant, soit le lundi 26 octobre 2020, le Secrétaire Général du Ministère de la Défense et des Anciens Combattants, le général de brigade Souleymane Doucouré, a reçu une délégation française conduite par le COMANFOR Barkhane, le général de division Marc Conruyt. Les échanges ont porté sur les opérations menées par l’Armée malienne et la Force Barkhane. Les deux parties ont par ailleurs discuté des actions de coopération qui ont lieu en ce moment et qui pourront avoir lieu dans les jours à venir entre les Forces.
Avancée politique
La ministre française des Armées a salué des avancées politiques au lendemain du coup d’Etat contre le régime démocratiquement élu du Président IBK. « La France se félicite des étapes importantes franchies sur le plan politique au Mali : à savoir, la désignation d’un Président et la formation d’un gouvernement de Transition », a-t-elle déclaré.
Quelques jours auparavant, elle a été précédée par son collègue de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian qui a apporté, à l’instar de la Communauté internationale, le soutien de la France au Mali dans le cadre du processus de Transition. « Il appartenait d’abord et avant tout aux Maliens, de trouver la solution à la crise qu’ils traversent », avait indiqué le ministre Le Drian..
Soutiens financiers
Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, M. Jean-Yves Le Drian, n’est pas venu à Bamako les valises vides. Au bénéfice de notre pays, cinq importantes conventions ont été signées pour un montant estimé près de 100 milliards de F CFA.
La première convention porte sur une ligne de crédit en faveur de la Banque nationale de Développement agricole (BNDA) sous la forme d’un prêt de 26,4 Mds de F CFA assorti d’une subvention de 1,5 milliard de F CFA. La seconde porte sur un prêt de 36,3 Md de F CFA rétrocédé à EDM.SA pour le financement de la Boucle haute tension nord de Bamako.
La troisième porte sur un prêt de 19,8 Mds de F CFA rétrocédé à la Société malienne de Gestion de l’Eau Potable (SOMAGEP) pour le financement de l’adduction d’eau potable dans plusieurs villes secondaires. La quatrième porte sur une subvention de 6,6 Mds de C CFA en faveur du Projet pour l’autonomisation des femmes et le Dividende démographique.
Quant à la dernière portant sur une subvention de 6,6 Milliards F CFA, va financer des projets de filets sociaux portés par Jigisèmè Jiri.
« Ces signatures illustrent la solidité des liens entre la France et le Mali », a déclaré le ministre Le Drian.
Cyril Adohoun
Source: L’Observatoire