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Balla Konaré, professeur de droit à l’Université de Bamako, sur le mandat d’arrêt lancé contre l’ex-président malien ATT

ATT AMADOU TOUMANI TOURE ANCIEN PRESIDENT MALIEN

Que pensez-vous en tant qu’homme de droit, du mandat d’arrêt lancé contre l’ex-président malien ATT ?

Balla Konaré : C’est une démarche à applaudir. L’ex- Président a causé un grand tort au pays, il y va de soi à ce qu’il soit jugé pour tout ce qu’il a commis ou ce qu’il n’a pas accompli. C’est une démarche qu’il  fallait  faire et le gouvernement malien l’a compris. Par contre, le peuple émet des réserves quant à la réelle inculpation d’ATT pour haute trahison. Le peuple doute même de la bonne foi de l’Etat malien. On se souvient encore de son prédécesseur, l’ex-président Traoré, qui était condamné à mort à deux reprises sans pour autant que la sentence soit appliquée.

Les poursuites retenues contre lui sont-elles fondées ?
Effectivement, ce sont des accusations fondées. L’ancien président ATT a violé son serment de protéger l’intégrité du territoire malien et bannir toute ingérence étrangère. En facilitant la pénétration et l’installation des forces étrangères sur le territoire national, en ne leur opposant aucune résistance, il a laissé le pays en proie aux terroristes dans le Nord. Les Touareg qui combattaient en Libye sont entrés dans cette région sans que ATT ne leur demande de laisser leurs armes aux frontières.

Ce qui a permis au Mouvement national de libération d’Azawed (MNLA) et des groupes djihadistes à l’instar d’Ançar Eddine à se rebeller contre Bamako. Conséquence : plus de 70 soldats maliens ont été exécutés froidement par les séparatistes du Nord. Il est accusé d’avoir détruit l’outil de défense et a participé à la démoralisation de l’armée malienne.

Il faut également souligner que le fondement des accusations est juste, mais assisterons-nous à un procès équitable et juste ? C’est ça la question qui se pose. Je me base dans mon interrogation sur des faits. La justice a quand  même amnistié des gens qui ont perpétré des crimes contre l’humanité au Mali. Les assassins des soldats maliens sont en liberté aujourd’hui.

Mais aucune demande d’extradition officielle d’ATT n’a été faite…
C’est vrai que jusqu’à aujourd’hui, la Haute cour de justice malienne n’a pas saisi officiellement le ministère de la Justice sénégalais pour l’extradition d’ATT. Mais cela ne risque pas de tarder. Les procédures qui suivent un mandat d’arrêt sont longues à entreprendre. C’est pour cette raison que le gouvernement a commencé par l’annonce de ce mandat d’amener et les démarches suivront auprès des autorités sénégalaises. Je tiens à préciser que l’ex-président malien, déchu suite au putsch militaire mené par le capitaine Sanogo, est depuis avril 2012 exilé à Abidjan.

Abidjan va-t-elle l’extrader ?
Il existe des accords et conventions dans le cadre juridique ratifiés entre Bamako et Abidjan. La justice sénégalaise tranchera dans son extradition après qu’elle ne reçoive une demande officielle de la Haute cour de justice malienne.

Qu’en est-il de l’affaire Sanogo ?
L’ex-commanditaire du putsch contre ATT, le capitaine songions, a été interpellé par la justice malienne. L’affaire de Sanogo est beaucoup plus politique que juridique. J’explique cela par le fait que les membres de la junte ont été tous libérés, à part leur capitaine.

En réalité, on reproche à cette junte d’être plus nationaliste et n’avoir jamais accepté ni autorisé la présence de forces militaires française sur le sol malien. Cela n’exclut pas que ces putschistes ont, notamment, commis des crimes et doivent être punis en conséquence.

-Croyez-vous que l’arrestation de Sanogo a été commanditée de l’extérieur du pays ?
Il est sans nul doute que la France a les grands rôles dans cette affaire et dans plusieurs autres. Il est sans oublier qu’IBK (Ibrahim Boubakar Kaita), l’actuel président, a signé des accords avec la France, sans que le peuple malien sache le contenu de cet accord. Ce pacte indiquerait aux autorités maliennes l’arrestation de Sanogo, considéré comme persona non grata par les Français. Cette même France qui subventionne militairement le MNLA. On a vu que depuis l’opération Serval dans le Nord, ce mouvement a cessé d’exister.

Samedi, Kidal a marché pour son indépendance
Au nord du Mali, la situation est dans le flou total. Avec les protestations pour recouvrir son intégralité territoriale, les manifestations de Kidal de samedi étaient essentiellement pour dénoncer la présence militaire française qui s’interpose entre le gouvernement et le MNLA. La situation au Nord est vraiment inquiétante et c’est au gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour parer à cette situation.

La France clamée auparavant est-elle aujourd’hui honnie par les Maliens ?
Il est vrai que la population malienne a tardé à comprendre que la France n’est point une amie, mais qu’elle est présente au Nord juste pour les richesses de cette région. J’ai le sentiment que les gens prendront les armes pour faire sortir la France du Mali. Par ailleurs, nous saluons la position de l’Algérie qui n’a pas changé depuis le putsch et l’opération Serval. Elle n’a jamais adhéré au projet impérialiste franco-américain dans la région.

 

Source : le temps d’algerie

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