La musique adoucit les mœurs, nous enseigne un proverbe populaire. Au-delà de son aspect festif, elle joue un rôle prépondérant dans la cohésion entre les enfants du pays. C’est ce qu’a compris le célèbre artiste musicien dogon, Ousmane Goro, affectueusement appelé Petit Goro qui a dédié, dans son 4ème album, un morceau : ‘’Balamba’’ à la paix et au vivre ensemble au pays dogon.’’Balamba’’ signifiant « Champion », titre attribué aux lutteurs traditionnels , c’est le titre qu’a donné Petit Goro à sa chanson pour appeler les communautés installées au pays dogon : dogon, peul, mossi, tellem et autres à la paix et à la cohésion sociale. Pour Petit Goro, ce morceau vaut son pesant d’or vu la crise que traverse la partie exondée de la région de Mopti. « Face à la situation que le Mali, le centre vit actuellement, je me suis dit qu’il faut faire une chanson pour appeler les populations dogon, peul, Mossi, Tellem, à se comprendre, à se pardonner et avancer tout en vivant dans l’harmonie comme avant », a-t-il expliqué l’objectif de sa chanson ‘’Balamba’’. Dans sa lecture des choses, ces communautés qui ont toujours su cohabiter en harmonie et dans la fraternité, doivent se parler, se pardonner et faire la paix et apprendre, à nouveau, à vivre ensemble. « Les Peuls, les Mossis, les Tellems, les Dogons…ont toujours su cohabiter malgré leurs diversités culturelles. Et s’il y a, par malheur des incompréhensions, on doit se parler, se pardonner et avancer. Voilà mon inspiration », a déclaré Ousmane Goro au micro de Delta News. Aussi, il a invité les communautés à refuser les infiltrations qui fragiliseraient davantage leurs relations. « Il faut éviter les infiltrations extérieures. Il faut que nous nous donnions la main pour montrer que nous sommes frères », a-t-il prêché.
Si la crise du Mali, particulièrement celle du centre a plusieurs causes, l’acculturation en est une. C’est en tout cas ce que pense Petit Goro. C’est d’ailleurs pourquoi, il trouve qu’il faut, au-delà des religions musulmane et chrétienne, valoriser nos cultures. « Il ne faut pas qu’on abandonne nos traditions et rites. C’est notre identité culturelle. C’est nous. Si on abandonne ces valeurs, on devient autre chose que Dogon, peul malien et on, perd », conseille le sortant de l’INA.
Qui est donc Petit Goro ?
Ousmane Goro à l’état civil, Petit Goro, originaire de Dinangourou dans le cercle de Koro, est né à Bankass. Quant à son enfance, il y a passé la moitié à Madougou dans le cercle de Koro.
Même s’il avait un grand père qui jouait la monocorde et un oncle qui dansait, Petit Goro n’est pas issu d’une famille typiquement de la musique. Guitare en main, le sortant du Conservatoire Balla Fasséké affirme avoir emprunter le chemin de la musique par hasard. « Je me suis lancé dans la musique comme par hasard. Aujourd’hui, je me demande, moi-même, à savoir qu’est ce qui m’a poussé à emprunter ce chemin », dit-il. Petit Goro a commencé la musique par le rap avant de virer dans la musique traditionnelle que beaucoup apprécient depuis le départ.
La légende de la musique dogon qui a fait son premier single en 2000, a produit son premier album « EME NA BE (nos mamans) » en 2003. Ensuite, trois autres albums : « Lahidou » ; « Sababou » ; « Tomno Ko » ont suivi.
Petit Goro révolutionne la musique dogon
Bien qu’il comprenne et parle couramment plusieurs langues nationales du Mali, Petit Goro chante uniquement en dogon, sa langue maternelle. La raison, selon lui, est simple : révolutionner la musique dogon. Partout où il a été à travers le monde, il a fait la promotion de cette culture et avec fierté. « J’ai révolutionné la musique dogon en l’amenant sur le marché international même si d’autres ont fait avant moi », a-t-il laissé entendre. Pour le jeune artiste, tout le répertoire bambara, mandingue, songhoy… est chanté. « Si moi je chante en bambara, qui va chanter en dogon ? Je ne peux pas chanter mieux que Abdoulaye diabaté, Nahawa Doumbia…en bambara. Je ne peux pas chanter mieux que Salif Keita en Mandigue. Je ne peux pas chanter mieux que Haïra Arby, Hamandoun Dicko en songhoy. ; », justifie-t-il sa volonté de toujours chanter en dogon.
Le jeune artiste se dit encore très déterminé à contribuer à la promotion de la musique dogon, à travers elle, la culture dogon.
Boureima Guindo
Source: Journal le Pays- Mali