Reportes sans frontières (RSF) dresse un bilan qu’il juge “historiquement bas”, à propos des journalistes tués à travers le monde dans l’exercice de leur fonction. Les chiffres avancés par l’ONG française concernent surtout les journalistes tués en zone de conflit, qui ne manque de préciser que le métier de journaliste reste dangereux.
Si l’on en croit RSF, le nombre de journalistes tués dans le monde en 2016 est de 49, dont trois femmes. Mais en 2018, ce nombre est presque passé du simple au double. RSF parle de 80 journalistes tués, toujours dans le cadre de leur travail.
En 2019, ce sont 36 de nos confrères professionnels qui ont trouvé la mort sur le chemin de leur fonction. 10 non-professionnels et 3 collaborateurs de médias ont subi le même sort, toujours cette année. Parmi ces victimes, 29 ont été tuées en zone dite de paix, plus de 60% d’entre elles étant systématiquement ciblées par leurs assassins. Précision de taille, tous ces journalistes tués l’ont été dans leur propre pays d’origine.
Le Mexique compte le même nombre de (journalistes) tués que l’année précédente, à savoir 10.
Reporters sans frontières laisse entendre qu’‘‘Il faut remonter à l’année 2003 pour avoir un nombre de journalistes tués aussi peu élevé. Globalement, le nombre de morts dans les pays dits en paix reste aussi élevé d’une année sur l’autre : le Mexique compte le même nombre de tués que l’année précédente, à savoir 10”.
Contre toute attente, les conflits armés qui frappent l’Irak, le Yémen et la Syrie enregistrent un nombre moins élevé de journalistes tués, comparativement aux années précédentes.
Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, cité dans un communiqué : “Pour les journalistes, la frontière entre les pays en guerre et en paix est en train de disparaître.”
Les deux pays les plus dangereux au monde pour les journalistes
A ce propos, le Mexique et la Syrie ont la triste réputation d‘être les nations les plus dangereuses au monde pour les journalistes. Ces deux pays occupent cette place ex-aequo. RSF affirme même que l’Amérique latine, avec 14 journalistes tués, a fini par gagner la triste réputation de zone aussi meurtrière pour les journalistes que le Moyen-Orient, déchiré par d’interminables conflits fratricides.
L’enquête de RSF touche aussi les confrères détenus dans le monde pour avoir fait leur travail. Et là, les choses se corsent, contrairement au nombre de morts en baisse : 389 journalistes emprisonnés en 2019, ce qui fait une hausse de 12%, comparativement à 2018. Dans ce contexte, le nombre de femmes journalistes est de 8%, soit le même pourcentage que celui de l’année dernière.
RSF s’empresse de souligner que le nombre de nos confrères emprisonnés cette année est “d’autant plus préoccupant qu’il ne comprend pas les journalistes interpellés arbitrairement pendant quelques heures, quelques jours, voire plusieurs semaines”.
L’ONG française affirme avoir enregistré “une multiplication de ce type d’interpellation au cours de l’année écoulée, en raison des manifestations et des mouvements de contestation qui éclatent un peu partout dans le monde, notamment en Algérie, à Hong Kong, où les agressions de journalistes se multiplient, tout comme au Chili et en Bolivie”.
Les trois pays qui détiennent le plus de journalistes en prison
Trois pays détiennent à eux seuls le record de journalistes emprisonnés dans le monde : la Chine, l’Egypte et l’Arabie Saoudite. Au total, 186 journalistes sur les 389 recensés dans les prisons du monde en 2019 se trouvent dans les geôles des trois pays cités. Ce qui fait donc près de la moitié des journalistes emprisonnés sur la planète. La Chine vient en tête de ce triste trio, avec le tiers de nos confrères jetés derrière les barreaux.
Autre cas, les journalistes pris en otage. Au moins 57 d’entre aux sont entre les mains de ravisseurs cette année, un nombre identique à celui de l’année dernière, selon Reporters sans frontières.
A ce sujet, des noms de pays reviennent, tels que la Syrie, le Yémen et l’Irak. A ces trois, s’ajoute l’Ukraine, pays en guerre depuis 2014. Aucun d’entre les journalistes pris en otage dans ces pays n’a été libéré jusqu‘à ce jour.
En ce qui concerne les journalistes portés disparus, l’année 2019 n’en a enregistré aucun, contrairement à 2018, année au cours de laquelle 3 d’entre eux se sont ‘‘volatilisés’‘.
RSF dresse chaque année le bilan des journalistes tués dans l’exercice de leur fonction, et ce, depuis 1995.