La fête de l’armée qui monte en puissance, la prise de Kidal, le congrès extraordinaire qui se prépare, sa succession, les mesures de réciprocité adoptées par le gouvernement malien contre la France qui commencent à affecter les binationaux… Autant de questions abordées avec Baïdy Dramé, président du Conseil supérieur de la diaspora malienne (CSDM), dans l’entretien qu’il nous a accordé le 20 janvier 2024. Interview !
–Aujourd’hui, 20 janvier 2024, l’Armée malienne célèbre ses 63 ans. Qu’est-ce que cela suscite en vous comme sentiment ?
Baïdy Dramé : Cette année, le 20 janvier marque les 63 ans de notre vaillante armée. Je profite de l’occasion pour rendre hommage à nos vaillants soldats qui se battent pour préserver l’intégrité territoriale du Mali. Nous prions pour tous ceux qui sont morts pour le pays. Mes condoléances aux familles endeuillées et prompt rétablissement aux blessés.
Quel est aujourd’hui le regard des Maliens de l’extérieur sur les Forces armées maliennes ?
S’il y a une chose qui unit les Maliens de l’extérieur au pays, ce sont les Forces armées maliennes (FAMa) et les Aigles. Notre armée est un symbole de souveraineté et la diaspora malienne se veut le premier soutien de nos forces armées et de sécurité.
–Comment avez-vous vécu la reprise de Kidal par les FAMa ?
La reprise de Kidal a été célébrée par la diaspora malienne sur les cinq continents. En France, plusieurs associations maliennes, des hommes de culture et des regroupements politiques ont fêté l’entrée des FAMa à Kidal.
-Selon nos informations, le CSDM prépare un congrès extraordinaire. Quelle date a été retenue ?
Oui ! Le bureau national du CSDM prépare effectivement un congrès extraordinaire pour le renouvellement de l’actuelle direction. Ce congrès est prévu du 28 au 29 Mai 2024, après le renouvellement des 45 bureaux sur les cinq continents. Statutairement, il faut au moins 60 jours pour convoquer le congrès et les renouvellements des bureaux peuvent prendre 2 mois. Sans compter que je prépare démocratiquement ma succession avec les membres du CSDM.
-Qu’est-ce qui motive l’organisation d’un congrès extraordinaire ?
L’organisation de ce congrès extraordinaire est liée à la fin de la bataille judiciaire qui nous opposait à notre adversaire qui réside à Bamako depuis 2015, l’année de la création de notre association. Le 13 juillet 2023, la Cour suprême du Mali a mis fin à 7 longues années d’usurpation et de bataille judiciaire qui avait désorienté tout le monde avec des versions mensongères.
-Ce congrès serait aussi électif. Êtes-vous candidat à votre succession ?
Oui, ce congrès sera électif comme toute organisation démocratique. Mais, j’ai décidé ne pas être candidat à la présidence du CSDM pour plusieurs raisons. Il y a 3 ans, j’avais accepté de briguer la présidence du Conseil parce que plusieurs démembrements m’avaient sollicité sur les cinq continents. C’est ainsi que j’ai accepté la proposition de mes camarades. Mais, je n’ai pas souhaité aller au-delà d’un mandat.
-Qu’est-ce qui vous pousse concrètement à passer aujourd’hui la main ?
Je suis habitué à passer la main. Président, j’ai réalisé l’alternance à la tête du CSDM/France, dont je suis aujourd’hui le président d’honneur. Mon combat était mené contre l’usurpation, le mensonge et surtout l’intimidation par des menaces de mort. Je suis plus que comblé aujourd’hui suite au rétablissement du droit par la plus haute juridiction de notre pays qu’est la Cour suprême du Mali. Des membres du CSDM, qui étaient pessimistes quant à l’issue du procès interminable, m’ont appelé après le verdict historique du 13 juillet 2023 de la section administrative de la Cour suprême pour me demander de ne pas démissionner. Mais, c’est simplement ma parole donnée avant le verdict car je n’avais aucun doute sur notre victoire. Et cela d’autant plus que, en République du Mali, la loi 04-038 du 5 août 2004 interdit toutes modifications d’un récépissé de déclaration d’association.
Tout comme la loi 1901 qui régit les associations interdit la modification en France. Dommage qu’un Malien installé à Bamako puisse prendre en otage une structure de la diaspora. Le statut de Malien de l’extérieur est fixé à 6 mois. Au-delà de six mois au bercail, on perd le statut de Malien établi à l’extérieur.
-Avez-vous des regrets par rapport à votre présidence ?
Non ! Pas du tout ! Bien au contraire, nous avons réussi à rassembler 45 pays dans cinq continents à Bamako. Après plusieurs batailles judiciaires, nous avons gagné le bras de fer auprès de la plus haute juridiction du pays qu’est la Cour suprême du Mali.
L’objectif de ce congrès extraordinaire est de donner une nouvelle dynamique au bureau et de fixer les axes prioritaires de notre structure mère. Et je resterais toujours militant du CSDM tout en soutenant le bureau qui sera mis en place par mes camarades.
-Depuis le 14 janvier 2024, les autorités maliennes refoulent les binationaux voyageant avec des «visa volant» (visa sur papier A4). Comment réagissez-vous à cette mesure ?
C’est vraiment dommage ! J’ai téléphoné au Consulat général du Mali pour avoir des informations précises par rapport à cette décision des autorités maliennes qui, sauf erreur de ma part, est une décision de réciprocité suite à la fermeture du service de visa du Consulat France au Mali. Nos autorités devraient prévenir via l’ambassade ou le consulat de cette décision de réciprocité tout en donnant au moins un délai de 3 mois à nos compatriotes pour se préparer à cette nouvelle situation.
Le gouvernement de transition aura tort de donner l’impression de pénaliser les binationaux après le vote du référendum qui exclut nos binationaux de la course à la présidence de la République, après l’interdiction de toute aide venant de la France (là aussi, le gouvernement parle de réciprocité) et, depuis le 14 janvier dernier, cette décision surprise de nos autorités de la transition. Ces décisions politiques affectent sérieusement les binationaux à qui on n’a même pas donné le temps de s’y préparer.
-En ce début d’année, quel message souhaiteriez-vous passer à la diaspora malienne ?
En ce début d’année 2024, je souhaite aux Maliens de l’intérieur comme de la diaspora une grande réussite dans leurs activités et une paix définitive dans notre pays ; que le pays recouvre la stabilité gage de développement. Aux autorités maliennes de la transition, je dis qu’il est urgent de donner un signal fort à nos binationaux qui sont les ambassadeurs du Mali sur leurs terres d’accueil. Au moment où elles ont besoin de la cohésion sociale et surtout de l’Union sacrée des Maliens dernière elles, nos autorités doivent éviter d’envoyer un message de rejet à la diaspora en refoulant des binationaux à l’aéroport.
Bonne année à tous. Mes vœux les meilleurs à la rédaction et aux lecteurs de l’hebdomadaire «Le Matin» !
Propos recueillis par
Moussa Bolly