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Bah N’Daw ne peut rester » au-dessus de la mêlée «

Depuis la Guinée Bissau où il séjournait, le président Bah N’Daw, interrogé sur les remous autour de la mise en place du Conseil national de transition (CNT) a eu la réponse suivante :  » Je suis le président d’une transition. J’essaie de me mettre au-dessus de la mêlée. Je ne suis pas un homme politique. J’ai été commis pour une mission de 18 mois. Le chrono est déjà en marche. J’ai signé un décret et je m’en tiens à l’esprit de ce décret « .

 

L’on se serait attendu à mieux de la part du président Bah N’Daw, crédité de grande sagesse de la part d’une large partie de l’opinion nationale. Dans le contexte qui prévaut au Mali, le président de transition qu’il est ne peut être  » au-dessus de la mêlée « . Et faire du pilatisme. Au contraire, il doit être au cœur de la mêlée, en étant à l’écoute des protagonistes : les militaires de Kati d’un côté, les leaders des regroupements politiques, associations de la société civile, centrales syndicales de l’autre. Et s’évertuer à rapprocher leurs points de vue divergents en vue de parvenir à un modus vivendi. Lequel consisterait en une redistribution des sièges et mode de désignation de leurs occupants qui satisfasse les deux parties.

Le M5-RFP et les autres, qui ont contribué à la chute du régime IBK, ont l’amer sentiment de s’être fait rafler la mise par les militaires qui, comme ces derniers l’ont reconnu eux-mêmes, n’ont fait que  » parachever  » leur œuvre historique. A l’instar du défunt ATT (qu’il repose en paix) et ses compagnons lorsque, le 26 mars 1991, ils ont donné un coup d’arrêt définitif à l’interminable régime du Général Moussa Traoré.

En effet, le CNSP s’est attribué jusqu’ici le beau rôle en pourvoyant, sans débat ni consultation, les postes de président, de vice-président et de Premier ministre de la Transition. Il a offert quatre postes stratégiques à certains de ses membres au sein du gouvernement mis en place. Il a également choisi, sans en référer à qui que ce soit, les membres civils de ce même gouvernement, dont beaucoup sont décrits comme des personnes qui lui sont proches. Auparavant, pour conforter son pouvoir fraichement acquis, il avait pris soin de placer ses hommes de confiance aux postes stratégiques du haut commandement militaire et sécuritaire. Depuis peu, il a étendu cette prise sous contrôle du pays au commandement territorial.

Une présence trop visible des hommes en uniforme dans un organe législatif, présidé de surcroit par un officier ayant la réputation d’avoir déjà trempé dans un coup d’Etat militaire contre la démocratie, conforterait à coup sûr le sentiment fâcheux d’une militarisation à outrance de la transition. Comme le M5 a eu à le relever, à le déplorer pour le rejeter. Suivi en cela par d’autres forces politiques et sociales qui pèsent d’un poids respectable sur l’échiquier national.

Pour éviter un blocage dans la mise en route de la transition qui serait hautement préjudiciable au pays eu égard à l’urgence des dossiers à traiter, le président Bah N’Daw n’a d’autre choix que de descendre de son piédestal, sortir de la neutralité quiète où il entend s’enfermer, aller vers tous les acteurs et les amener à s’asseoir autour d’une table pour dialoguer et trouver un terrain d’entente. C’est ce que propose Dr Oumar Mariko. Ce faisant, il montre le seul chemin à suivre.

Saouti HAIDARA

Source : l’Indépendant

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