Pour le blogueur Wamseru A. Asama, malgré l’épée de Damoclès sanitaire qui plane sur le pays à cause du Covid-19 et la menace terroriste, les législatives doivent se tenir.
Le dimanche prochain, les Maliens se rendront aux urnes pour élire leurs nouveaux députés à l’Assemblée nationale. Parmi ceux qui se rendront dans les centres de vote pour accomplir leur devoir citoyen, certains auront la peur au ventre de contracter le coronavirus.
Dans les régions dites du Sud, et particulièrement dans le district de Bamako, il n’est pas sûr, avec la campagne contre le coronavirus, qu’on puisse avoir une grande affluence. Dans la mesure où, habituellement, le Bamakois moyen n’a jamais été emballé par les élections.
Promesses de sécuriser le vote
En plus du Covid-19, une autre peur vient s’ajouter pour la plupart des électeurs dans les régions de l’Est, du Septentrion et du Centre. Dans ces parties du pays, des groupes terroristes opèrent et sont source d’inquiétude pour les électeurs malgré les promesses de sécuriser les élections faites par les diverses forces de défense et de sécurité présentes sur le territoire national.
Du 1er au 5 mars, dans le seul cercle de Bankass (Mopti), plus de 11 villages ont été incendiés et détruits et plus de 35 personnes tuées dont des enfants. Des milliers de déplacés cherchent refuge dans les gros villages ou des villes. Chaque jour qui passe est un jour de deuil, singulièrement dans les cercles de Koro et Bankass.
Atmosphère d’apocalypse
La violence n’épargne pas les candidats à la députation. A Koro (Mopti), Nara (Koulikoro), Niafunké (Tombouctou) des candidats à la députation se sont fait délester de leurs véhicules et de leurs moyens de campagne. Plus au Nord, le gouvernorat de Taoudéni a été attaqué : véhicules et armes ont été emportés. Il y a moins d’une semaine, le jeudi 19 mars, les FAMa ont subi une attaque à Tarkint : bilan 30 morts du côté de l’armée malienne, véhicules et matériels emportés ou calcinés. Sans compter les victimes des Engins explosifs improvisés, les populations déplacées qui pensent plutôt à leur survie qu’à retirer une carte d’électeur dans un centre.
Dans le delta intérieur, où ils règnent en maîtres, les groupes qualifiés de terroristes ne permettent même pas qu’on parle d’élections. Dans cette atmosphère d’apocalypse, peut-on parler d’élections ? Prises en otage par les terroristes sur une bonne partie du territoire national et dans une moindre mesure par le Covid-19 sur tout le territoire national, il va de soi que de telles élections se tiendront dans les difficultés, en tout cas dans les régions doublement menacées.
« Si on a des plaies un peu partout sur le corps, on procède à un traitement généralisé… »
Même aux premières années de la démocratie, où les élections étaient à peu près correctes, le taux d’une consultation électorale, qu’elle soit de proximité, législative, présidentielle ou référendaire, n’a pas atteint les 50% des inscrits. Le meilleur taux de participation, pour toutes élections confondues depuis 1992, a été celui réalisé à la présidentielle de 2013 avec 48,98 %.
C’est dire qu’il ne faudrait pas prendre en compte dans les critères « d’élections normales » le taux de participation, en tout cas pour ces législatives 2020. Nonobstant ces déficiences, nous ne sommes pas de ceux-là qui pensent qu’il faut reporter ces élections. En effet, comme le dit si bien une sagesse de chez nous, « si on a des plaies un peu partout sur le corps, on procède à un traitement généralisé et il n’est pas toujours dit que toutes les plaies se cicatrisent en même temps. Mais, ce n’est pas pour autant qu’on remettra à plus tard le traitement à fortiori qu’on le laissera tomber. »
Source : Benbere