Le triumvirat chargé de faciliter le dialogue politique inclusif a dévoilé les grands axes de sa mission. « Ce dialogue ne se fera pas dans la cacophonie, il sera cadré et régulé, d’où le comité d’organisation », a rassuré le Médiateur de la République Baba Akhib Haïdara.
Installés le 25 juin dernier par le président de la République Ibrahim Boubacar Kéita, les facilitateurs du dialogue politique inclusif, le Médiateur de la République Baba Akhib HAIDARA, l’ancien premier ministre Ousmane Issoufi Maïga et l’ancienne ministre Aminata Dramane Traoré, accompagnés du président du comité d’organisation, l’ambassadeur Cheick Sidi Diarra, étaient face à la presse le 03 juillet 2019 dans la salle de conférence du Médiateur de la République.
«Nous sommes des facilitateurs », a précisé le principal conférencier professeur Baba Akhib Haïdara.
Dans son exposé, le chef de file des facilitateurs dira que l’initiative de décrispation par le Président IBK vient du fait que le pays est assailli par des querelles politiques, syndicales qui se sont ajoutées à la forte recrudescence de l’insécurité. « Il faut qu’on aille vers une décrispation, il faut que les Maliens se parlent pour qu’on puisse arrêter la dégringolade », a-t-il insisté.
Selon le premier responsable du triumvirat, la réalité du dialogue va au-delà de la politique, elle s’étendra à tous les pans de la société, à toutes les forces vives de la nation.
« Il s’agira d’aller vers tous pour leur demander leurs attentes. C’est une nation plurielle, ce n’est pas une seule composante, a précisé monsieur Haïdara. Avant de rassurer : Ce dialogue ne se fera pas dans la cacophonie, il sera cadré et régulé, d’où le comité d’organisation dont la cheville ouvrière est l’Ambassadeur Cheick Sidi Diarra et son comité ».
La vision de l’Etat
A en croire le doyen Haïdara, il s’agira de s’entendre et de se comprendre sur les maux dont souffre le pays, singulièrement le terrorisme, la vision de l’Etat malien notamment la démocratie, de convenir sur certains nombres de valeurs de la Nation malienne qui est plurielle, et des valeurs sociétales traditionnelles (justice…), mais aussi modernes (famille, la République). « Dans cette affaire, c’est l’égalité qui prime », a-t-il précisé.
Missions des facilitateurs
Aux dires du responsable du triumvirat, il s’agira de ‘’veiller à ce que l’inclusivité du dialogue politique soit assurée avec toutes forces vives de la Nation, assurer la plus grande adhésion de l’ensemble de tous les acteurs’’, y compris les anciens Présidents de la République du Mali.
A certains acteurs politiques et de la société civile qui annoncent leur non-participation au dialogue politique, Baba Akhib Haïdara a rassuré que ces derniers seront écoutés. « Cependant, les facilitateurs n’ont pas pour tâche d’ouvrir un dialogue » avec ceux-ci.
Répondant à une inquiétude sur la place réservée aux Maliens du Mali profond et de la diaspora, le président du comité d’organisation dudit dialogue, l’ambassadeur Cheick Sidi Diarra, révèlera qu’un avant-projet de consultation est élaboré à cet effet, permettant de consulter la base, de créer un cadre afin de prendre leurs préoccupations et leurs propositions de sortie de crise. « La diaspora sera consultée », a-t-il martelé.
Sur la question de la durée du dialogue, Monsieur Diarra a fait savoir que les propositions recueillies jusque-là, vont de trois jours à 18 mois.
« On ne peut pas faire le dialogue en 3 jours, les attentes ne peuvent pas attendre 18 moins non plus. Une durée de trois mois serait raisonnable pour mener ce dialogue jusqu’aux conclusions », a-t-il indiqué.
Dialoguer avec les terroristes ?
Pour sa part, l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga a déclaré que les problèmes connus sont partis du septentrion au centre et qu’il faut dialoguer avec tout le monde pour trouver une solution au mal dont souffre le Mali.
« Est-ce possible de dialoguer avec les gens qu’on ne voit pas ? », a-t-il interrogé, faisant allusion aux groupes terroristes qui sévissent dans le pays. Et l’ancien PM de rassurer : « Tous les Maliens disponibles, participeront aux débats. Toutes les communautés sont concernées. Il faut aller rapidement soigner le Mali, les défis sont énormes ».
«Tout Malien qui vient dans le cadre de la République est accueilli au dialogue », a renchéri le Médiateur de la République, Baba Akhib Haïdara.
Crédibilité du triumvirat?
Aux dires de l’ancienne ministre Aminata Dramé Traoré, toute la crédibilité du processus dépendra de leurs activités, leurs compétences. « Nous sommes conscients de cette responsabilité. Le Malien lambda a des choses à dire. On ne peut pas faire le procès en disant que des gens seront exclus. Tout le monde est soucieux de sortir de l’impasse, donc c’est une question de volonté et de foi. La méthode doit être participative. Au-delà de la perche politique tendue, il s’agit de résoudre les questions économiques, sociales,… », a cadré la dame de fer dub triumvirat.
Cette conférence de presse marque le début du processus du dialogue inclusif. Le triumvirat est désormais face aux défis d’adhésion et de participation des acteurs.
Aucun sujet ne passera inaperçu : les réformes politiques et institutionnelles, l’organisation des élections législatives.
Cyril ADOHOUN
Source: L’Observatoire