C’est une histoire sensationnelle qui était encore dans les secrets des dieux, il y a quelque temps. L’affaire se passe à Banankabougou, en Commune VI, du district de Bamako. Comme quoi l’être humain peut facilement basculer dans la connexion libidinale si sa pulsion pathologique devient débordante. Et même loin de leur amante, certaines personnes, jonchées sur d’autres stratosphères, poussent l’outrecuidance comme par télépathie, pour atteindre leur semblant de douce moitié pourtant sur son lit conjugal. Cette affaire telle un feuilleton amoureux digne de Marimar, se déroule à Bamako.
(image d’illustration)
Par un dimanche tranquille, la belle Oumou se marie à un confrère de la place. Avant le jour J, les deux tourtereaux pouvaient s’appeler 30 à 40 fois par jour et s’échanger plus de 100 SMS, comme quoi le cœur a ses raisons que la raison elle -même ignore. Nous n’avions jamais assisté à une telle furie amoureuse. Entre Ségou et Bamako, j’ai demandé à mon interlocuteur si je suis en train de rêver, tant les appels cumulés aux messages touchant aux sensibilités psychiques, sans discontinuer, se succédaient.
Les deux amoureux convolent en justes noces à la mairie de Missira peu de temps après. Et tout allait pour le mieux et notre coq était tranquille dans la basse – cour devant cette poule bien arrondie et boursouflée. Mais une nuit, vers 1 heure du matin, un appel téléphonique qu’on a pris l’habitude de présenter comme l’appel de la discorde vient gâcher la douce nuit tranquille. En effet, une voie calme et envahissante déclarait sobrement au bout de l’appareil : « Bonsoir ma chérie ». La dame soliloque. Le mari croit entendre une voie masculine, mais ne panique pas, évite de se rétracter et garde sa position tout en faisant semblant de ronfler. La femme est rassurée que l’homme se morfond dans un sommeil réparateur au Pôle Sud… La conversation se poursuit dans un calme olympien avec une telle indiscrétion et une voie à peine audible que notre Monsieur perd finalement patience lorsqu’il entend soudainement : « J’imagine dans quel maillot de bain tu te trouves… ».
L’homme sort de son silence trompeur, demande à sa femme l’origine de la voie mystérieuse. Celle-ci tente de mettre le téléphone hors de portée de son mari quand une course poursuite s’en suit. L’homme, plus agile, et plus habile, tape sur la main de sa douce moitié qui laisse échoir l’appareil vite récupérée dans une chienlit indescriptible par l’époux. Il demande ensuite à sa femme : « de qui de tels propos émanaient ». Mutisme. Il regarde le dernier appel, il est surpris. C’est le numéro de celui qui est présenté comme l’Oncle maternel de sa femme. Malgré les invectives et autres insinuations de sa femme, il garde le téléphone face aux menaces et chantages qui pleuvaient. Le lendemain, le téléphone est remis au Procureur de la Commune VI. Quelques 72 heures, plus tard, ce dernier tente l’appel à partir du dernier numéro incriminé. La réponse est sans appel : « Ah! Ma chérie… ». « Monsieur c’est la déclaration que je cherchais, c’est Untel Procureur, vous êtes en train de casser le foyer d’un couple ». Toute honte bue, l’Oncle adultérin rompt la communication, se morfond dans un regret pitoyable. Surprise encore : il s’agit bien d’un dirigeant sportif, un haut cadre d’un club régional auquel il est responsable du comité de coordination. On quitte Bamako pour Koulikoro puisque la copine a transité par ici avant d’être envoyée aux Etats – Unis. A suivre l’Oncle clochard…
L’appelant est un cadre sportif de Koulikoro
Suite à l’injonction du procureur dans le dossier, le dirigeant sportif tente d’étouffer l’affaire par le silence et l’usure du temps. Les investigations ont prouvé que lors du mariage célébré à la mairie de Missira, le cortège s’est immobilisé à l’hippodrome pour les salutations d’usage chez ce même oncle. Buffet garni, boisson qui coulait à flots, photo de famille improvisée, la liesse était au rendez vous. Personne ne pouvait imaginer que ce dirigent sportif était adultérin. Face aux preuves qui s’accumulaient, Oumou fait ses valises. On était à quelques encablures de la fête de TABASKI, la veille, j’allais dire à 24 heures de l’événement. Notre dulcinée disparait dans la nature abandonnant un mari cocufié et crucifié dans son âme et dans son cœur. Il fume, fume, fume toujours…. La cigarette était son stimulant et son seul moyen de survie. Il frôle la crise cardiaque ou d’être tombé en syncope. Quand on évince quelqu’un en amour, son émotion passionnelle peut être mortelle.
Il faut savoir que les phobies et la névrose anxieuse sont la manifestation psychique d’une accumulation de la tension génésique fruste, de l’excitation sexuelle frustrée. La libido associée aux pulsions du MOI peut être mortelle. Les spécialistes de la pulsion pathologique sexuelle synchronisée à un cœur meurtri vous diront qu’un tel état d’esprit cohabite avec SATAN et l’Ange de la mort. Et Freud le psychanalyste dresse bien un tel tableau sombre : « La libido peut se transformer en angoisse ». L’état psychologique qui se manifeste par l’envie de s’engager dans un comportement sexuel a été brutalement rompu chez notre ami. L’on comprend alors aisément l’état de dépression morale qui envahissait cet humain naturel.
Ce dirigeant sportif a scellé le divorce d’un homme honnête. Pour mieux profiter de la fille, il l’a envoyé dans le pays de l’Oncle SAM, les Etats – Unis, où elle a basculé dans la prostitution… A suivre.
Issiaka Sidibé
Le Matinal